Cernes et fatigue se lisaient sur certains visages creusés des festivaliers au lendemain d’une nuit électro qui s’est soldée par un franc succès. Au troisième jour des Ardentes, samedi donc, on ne prend pas de risque en écrivant que la deuxième édition du festival est un succès.
Le site est franchement accueillant et convivial et, sans faire un marathon effréné, il y a moyen de voir pratiquement tous les concerts. L’affiche, ensuite, a tout pour séduire. L’organisation, enfin, a soigneusement bichonné tous ces petits détails qui font d’un événement comme celui-ci une réussite. Des bénévoles armés de sacs poubelle sillonnent régulièrement le site afin de le garder propre. La nourriture, composante majeure pour alimenter les troupes est, elle aussi soignée, diversifiée et plutôt riche. On est loin des hamburgers dégoulinant de graisse qu’on s’envoie à d’autres festivals. Tout ça pour dire que si plus de 30.000 personnes ont rallié le Parc Astrid depuis jeudi, c’est tout sauf le fruit du hasard. Bien sûr, c’est le lot de ce genre de manifestation, certains viennent aussi pour se retrouver entre ami(e)s, sans se soucier vraiment de qui se trouve sur scène mais c’est aussi le métissage de sa population qui rend Les Ardentes extrêmement sympathique.
Samedi soir, le public était venu en masse pour applaudir un Joey Starr qui a littéralement tout retourné dans les Halles. Survolté, déchaîné et toujours aussi animal, l’ex-NTM qui s’entoure d’une formation métal bien sauvage, aura proposé un concert coup de poing qui doit autant à un show traditionnel qu’à un meeting politique. Engagé, Joey Starr n’hésite pas à brocarder son nouveau président pour sa politique envers les sans papiers. Mais plus que ça, nous retiendrons de ce concert une énergie incroyable et communicative.
Dans l’allée qui conduit vers la scène principale, au cœur du parc, on marche un peu plus vite. « Si on veut être bien placé au concert de Ghinzu, autant y aller tout de suite », entendons nous derrière. Quelques minutes avant que Greg, Mika, John, Antoine et Kris montent sur scène, une électricité est palpable sur la plaine. Après presque deux ans d’absence en live et en plein milieu de la réalisation d’un nouvel album (sortie fin 2007), la formation emmenée par John Stargasm a travaillé d’arrache-pied afin d’être prête pour cet unique concert avant l’Ancienne Belgique le 7 novembre prochain. Dès que l’intro de la musique de « La guerre des Etoiles » résonne dans les enceintes, un frisson parcourt le public. Et lorsque les Jedi déboulent sur scène entamant leur set par « Dead », un nouveau morceau au titre provisoire, ça commence à sautiller dans tous les sens. C’est bon signe alors que personne n’a entendu cette composition axée autour du piano et qui comprend, c’était déjà le cas par le passé, une petite couleur progressive, sans que cela soit péjoratif. Ghinzu a toujours eu depuis ses débuts deux facettes. Une de facture plus classique, au sens noble du terme, et une autre méchamment plus rock’n’roll. Les nouvelles compositions montrent un groupe présentant ces deux axes mais de manière encore plus complexe. C’est le cas de « Carmina Buranus » (titre provisoire, of course), longue plage qui en a dérouté certains mais qui garde une tension permanente.
On a surtout vu, c’est loin d’être une surprise, un excellent groupe de scène. Avec Antoine aux fûts, on découvre un nouveau batteur à la frappe sèche et précise, comme le petit-fils de Charlie Watts. Avec Mika ou Greg à la basse, Ghinzu s’appuie sur une section rythmique foudroyante. Kris Dane, à droite de la scène, s’amuse énormément à la guitare ou derrière ses machines en envoyant des petits sons ou des lignes de guitares incendiaires. Et John, en bête de scène qu’il est, se balade devant les premiers rangs, prend un bain de foule et termine debout sur son clavier avec un « Mine » sauvage et vicieux. C’est le chanteur du groupe, c’est lui l’entertainer et il le fait avec autant de plaisir que de dérision ou de second degré.
On peut aussi ajouter que les nouveaux morceaux s’articulent déjà bien avec l’ancien répertoire qui voit Ghinzu piocher dans son premier album pour deux des meilleurs morceaux d’Electronic Jacuzzi. A savoir « Dragon », exécuté comme à la parade et un « Dracula cowboy » du feu de Dieu. Les « Blow » et autre « Do you read me ? » sont accueillis comme il se doit.
Lorsqu’aux rappels, Ghinzu attaque « Twist », une nouvelle composition très immédiate, rock, carrée et au final assez pop, dans l’esprit en tout cas (le premier single de l’album ?), on sent le plaisir qu’ont les musiciens à présenter leur travail futur. « Mine », disions-nous, ne manque pas de panache avec ses passages très urbains comme le Velvet ou les Stooges. On se réjouit déjà de revoir Ghinzu lors de la nouvelle tournée sachant que la formation belge ne se ménage pas pour offrir le meilleur d’elle-même. Sachant aussi que ce concert des Ardentes aura vraisemblablement insufflé une nouvelle énergie à des Ghinzu déjà bien affûtés.
PHILIPPE MANCHE
Véronique
9 juillet 2007 à 8 h 47 min
J. Stargasm a enflammé le Parc Astrid, c’est vrai…Il est talentueux, communicatif, a de la planche ! Pourtant, le concert n’avait pas très bien débuté niveau “son”. Ce n’est qu’après avoir changé de place et m’être retrouvée très loin de la scène que j’ai pu différencier les instruments dans un brouhaha sonore.
Je trouve qu’on sentait que c’était une “première” et même si le public était tout acquis à sa cause, ce concert me laisse un petit goût de déception.
Julien
9 juillet 2007 à 15 h 14 min
Aucun problème de son pour moi, mais j’étais assez loin. J’ai trouvé ce concert tout simplement splendide. Une excellente intro avec une longue ligne de basse en crescendo, des nouvelles chansons alléchantes, l’interprétation brillante des morceaux connus, John Stargasm fantastique showman comme d’habitude,et surtout ce final! “Mine” absolument dantesque. Mon meilleur concert du festival, et sans doute de l’année.