Alamo Race Track, country style

En prélude au Brussels Summer Festival, les Hollandais réexplorent au ukulélé les deux morceaux clefs de leur superbe deuxième disque « Black Cat John Brown ». Dans l’étroitesse d’une loge du Botanique et une atmosphère feu de camp qui conviennent plutôt pas mal à leurs morceaux.

On en a tellement peu l’habitude, cela étonne toujours : des groupes de rock hollandais, il faut s’appliquer pour pouvoir en trouver cinq de mémoire. On risquera les Nits, Within Temptation ou, en s’ébrouant dans les archives, Golden Earring.

Alamo Race Track apparaîtra juste avant, ou juste après, c’est selon. Selon qu’on ait vu passer « Birds at Home » son premier album, aux influences parfois trop évidentes (de Radiohead aux Strokes). Selon encore qu’on ait pu se pencher sur « Black Cat John Brown », le second opus du groupe mené par Ralph Mulder. Un disque qui, sans être voué aux superlatifs, fait partie de ce que la production musicale de 2006 comportait de meilleur, et d’entêtant, à l’image de « Northern Territory » ou de « Don’t Bite This Dog ». Au vrai, il n’y a pas un morceau de ce deuxième essai des Bataves qui ne soit une réussite, usant de recettes éprouvées pour les magnifier.

Anecdotiquement, mais pas seulement, la chanson éponymé « Black Cat John Brown » a été reprise dans la série américaine à succès « Grey’s Anatomy ».

Alamo Race Track, à propos desquels les « Inrocks » notaient que le nom en abrégé donnait ART, et que cela voulait probablement tout dire, a mis les pieds en Belgique aux Nuits Botanique, en mai dernier. Les Amstellodamois sont encore revenus au Dour Festival, en juillet. Jamais deux sans trois : on aura encore la chance de croiser leur route sinueuse au Brussels Summer Festival, le 11 août prochain.

Quand on se propose de leur mettre un ukulélé entre les mains, c’est comme si l’évidence de la chose s’imposait. Non qu’un seul des quatre membres du groupe ait quelque affinité avec l’instrument. Mais « Black Cat John Brown », avec ses airs de vieux standard country, qui ramène au temps des Crosby Stills Nash & Young, paraît pouvoir se prêter à toutes les gymnastiques musicales possibles.

C’est dans leur loge, au Botanique, que les Bataves reçoivent, immédiatement joviaux. Comme une bande de scouts déserteurs qui auraient allumé un brasero en bordure de route, et sorti ses guitares, les quatre « Alamo » n’ont aucune peine à ouvrir le cercle, et inviter à se joindre à leurs voix.

« ART » croit en sa musique, et ça s’entend. En acoustique avec un ukulélé, ou peu après, en version électrique. Dans l’étroitesse de la loge du Botanique, elle nous fait surtout penser aux Sixteen Horsepower, et à ce qu’aurait pu donner une session avec David Eugene Edwards, dans les mêmes conditions. On y repensera, et très sérieusement, pour son passage au Pukkelpop avec Woven Hand.

D’ici là, les raisons de se perdre dans ce « Northern Territory » frontalier ne manquent pas.

CÉDRIC PETIT


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