Jeudi soir, au même moment à Bruxelles, deux artistes diamétralement opposés ravissaient leurs fans. Avec des moyens eux aussi aux antipodes. D’un côté, à Forest-National, vous aviez un rappeur musclé américain du nom de 50 Cent, qui a impressionné par sa générosité (il s’est carrément désapé pour tout lancer au public), un répertoire « best of », des explosions et d’excellentes vibrations (c’est du moins ce qu’a bien voulu nous raconter le fiston). Pendant ce temps-là, de l’autre côté de la ville et de la chanson…
Dans la salle qui a la plus belle âme de la capitale, Thomas Fersen et son complice Pierre Sangra proposaient un duo d’ukulélés on ne peut plus dépouillé. Comme quoi, peu suffit pour faire passer l’émotion. Une belle personnalité, de l’humour, des chansons aux mots bellement ciselés, un univers frappadingue où une chauve-souris tombe amoureuse d’un parapluie, où un fossoyeur mange sa côtelette et ses paupiettes (« Croque »), un chien qui pète et qui pue (« Zaza »)
… Georges, Louise, Hyacinthe… Autant de personnages attachants que Thomas rend à merveille avec cet air de ne pas y toucher, ce petit sourire en coin presque moqueur…
L’exercice prolongé de l’ukulélé soprano est douloureux. Thomas doit se reposer la main mais aussi la fesse, quand ce n’est pas l’harmonica ou la flûte sopranino qu’il empoigne (ou alors il raconte une histoire de bleu au mollet pour terminer par une imitation de Michel Simon), alors que le gros du boulot manuel revient au remarquable ami Sangra qui, lui, n’a que sa mandoline pour se reposer de son ukulélé baryton.
Il ne fallait pas le dire à Thomas car cela l’aurait déconcentré – au point qu’il a fallu masquer les voyants lumineux rouges – mais un autre duo d’artistes (l’immense Dominique Duchesnes et le fort prometteur Cédric Petit) filmaient les trois premiers titres pour une session ukulélé exceptionnelle du soir.be. Et ils remettent ça ce soir au Théâtre royal de Namur. On attend le résultat avec impatience.
Car qui dit petits moyens et minimalisme ne dit pas absence de visuel pour autant. Les éclairages soulignaient finement ce qui était malgré tout bien mis en scène. Les chemises à jabot rappellent les goûts vestimentaires délicieusement douteux de sieur Thomas. Celui-ci n’oublie pas non plus « Bella ciao » quoi était sur son deuxième album. En fait, il s’est surtout fait plaisir depuis une quinzaine de mois, en se promenant sur les routes avec son pote Sangra et d’anciennes chansons qu’il n’avait plus reprises depuis longtemps.
Ce bonheur, on peut le prolonger avec le disque Gratte-moi la puce qui contient, dans le livret, les accords pour ceux qui auraient la velléité de se lancer dans la pratique de l’ukulélé. En attendant de retrouver Thomas et Pierre sur lesoir.be.
Thomas Fersen et Pierre Sangra sont ce vendredi soir au Théâtre royal de Namur. C’est bien évidemment complet.
Thierry Coljon
arthur
14 décembre 2007 à 9 h 53 min
tout à fait d’accord avec Coljon, chouette concert et belle personnalité que ce Fersen. Duchesnes est de fait immense quand il est debout: heureusement, c’est pas lui qui était devant mais bien l’autre, le “prometteur” Cédric qui ne nous a toujours pas dit pour quand il nous la promettait son ukulélé session de Fersen.
Faut vraiment être malade pour aimer jouer de l’ukulélé. N’empêche, le baryton de Sangra et le soprano de Thomas avaient quand même une sacrée belle gueule.
Et la session avec Zach Condon (Beirut), il nous la promet pour quand le prometteur Cédric ?
Cédric
14 décembre 2007 à 10 h 15 min
Merci Arthur.
Pourquoi “prometteur” (?), voilà encore une chose qu’il nous faudra éclaircir.
La session de Thomas Fersen (enregistrée live ces jeudis et vendredis, merci Thomas pour la fleur) sera en ligne vendredi prochain. Le temps que l’immense Duchesnes peaufine le montage. Patience, donc.
Celle de Zach Condon, de Beirut, dès que possible, évidemment, dès qu’il revient par ici. Pour tout dire, on attend que ça. Et celle de Yael Naim, ou celle d’Alela Diane (demande est faite), ou la mise en ligne de la session des Great Lake Swimmers, ou encore celle de Menomena, ou d’Ours, ou encore de Brisa Roché.
Arthur, tu vois que ce ne sont pas les promesses qui manquent.
Alexandre
17 décembre 2007 à 16 h 38 min
Bonjour Cédric,
Je ne dois pas être le seul à me régaler tout les vendredis avec vos sessions Ukulélé, en témoigne les luthiers Bruxellois qui ont vu leur vente de ces instruments exploser cet été.
Merci donc de nous faire (re)découvrir ces artistes de manière dépouillée.
C’est chouette quoi 😉
Le Soir
18 décembre 2007 à 15 h 59 min
Merci Alexandre! Notre premier fan, ça fait toujours plaisir. 😉
Comme il y en a plus dans plusieurs têtes que dans une, on est ouvert à toute suggestion pour les mois à venir. Avec deux ou trois trucs en réserve. A ton écoute, donc, il y a tant à faire…
nicolas
18 décembre 2007 à 18 h 29 min
Moi j’y étais aussi, et oui, le concert était très bon… mais!
Un jeu de lumière foireux à mort (éclairage dans les yeux du public pour le faire aplaudir, genre “a contresens sur l’autoroute”)
Un ingé son qui râle ouvertement quand thomas réclame plus de retour
Un tarif surfait surtout vu le taux de remplissage de la salle
Un public digne de patrik bruel (genre limite standing ovation avant la première note) j’ai eu l’impression que les gens n’ont pas écouté le concert, ils ont “vu thomas fersen”. L’ambiance de la salle ne “collait” pas à une ukulele session.
Mais sinon, j’ai beaucoup aimé!
Jared
19 décembre 2007 à 5 h 26 min
Cher Soir,
Fifty Cent est souvent sous-estimé, et il est bon de le voir une fois apprécié à sa juste valeur.
Devant son premier album, je n’ai pu que m’incliner. Quelle magnifique gamme ce garçon a trouvé. Toujours si douce et mélancolique. En fait, il me semble un direct héritier du blues de John Lee Hooker. Cela peut sembler un rapprochement un peu exagéré et pourtant…
Le même calme triste ou dangereux, les intonnations caressantes et mielleuses, les histoires d’hommes tragiques. Entre “many men” et “hobbo blues”, il y a quelque chose qui me semble se répondre.
En tous cas, cela fait plaisir de ne pas avoir droit à la ritournelle “fifty cent est mauvais regardez ses vilains clips”!
W.L.Jared
Lionel Hubert
25 février 2008 à 18 h 53 min
Bonjour, Cédric
Je vous contact pour vous annoncer que les 30 et 31 mai prochain aura lieu le premier festival de Ukulele parisien au Divan Du Monde.
Je connais votre passion pour le “p’tit gars à 4 cordes” et je pense que cette nouvelle pourra vous intéresser.
Je sais que les km nous séparent, malgré notre cher Thalys !
Mais peut-être pourriez vous parler de notre festival dans les pages du Soir.
En espérant avoir de vos nouvelles.Très Cordialement
Lionel HUBERT
PS : je suis relativement souvent à Bruxelles, notamment du 4 au 6 mars.
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