Sébastien, fou à Tellier ?

Son troisième album, réalisé avec une moitié de Daft Punk, est une vraie merveille. Et Sébastien Tellier est adorable.

Sur les photos promotionnelles, Sébastien Tellier, grand barbu adorant les lunettes de soleil, a une allure à faire peur. Genre gourou pédophile imbu de lui-même et de son statut de star française de l’underground anglais. Et puis, vous rencontrez un type adorable, drôle et finalement très simple. Ce qui ne fait pas moins de lui un obsédé sexuel. « J’aime toujours parler, dans mes disques, du sujet dominant, celui qui contrôle les autres. Ce fut d’abord la famille, puis la politique. Je me suis rendu compte, pour ce troisième album, que le sexe est encore plus puissant que la politique. C’est lui qui guide le monde. Le sexe est tout ce qui compte, finalement, dans la vie. Les gens mettent une vie à avoir du bon sexe. En plus, ça tombe bien. On se rend compte aujourd’hui que Sarkozy pense avec sa bite. C’est en tout cas la vision qu’on a de lui en France. »

L’artiste aussi passe son temps à séduire. Ce n’est pas pour rien que Sébastien est fan de Christophe – dont il a d’ailleurs repris « La dolce vita », sur l’album Sessions paru en 2006. « C’est mon chanteur préféré. Depuis une interview croisée, on se voit de temps en temps. On refait le monde. Il a une voix magnétique. C’est trop facile d’être excentrique. Lui fait des choses différentes tout en étant normal. Sans contraintes. Il fait une pop qui n’est pas à la portée de n’importe quel artiste. Moi, avec “La ritournelle”, j’ai presque réussi ça. Ce qui compte, c’est de placer l’auditeur au centre de la création. Quand je chante, on ne comprend pas bien ce que je dis, pour que chacun puisse imaginer ses propres paroles. Comme le monolithe de Kubrick dans 2001, l’odyssée de l’espace. Ou le langage imaginaire de Magma. J’aime le mystère, et je veux aussi chanter des choses sensées, que tout le monde peut s’approprier. Il y a trop d’artistes qui manquent de mystère, dans la variété. »

Après des Sessions dépouillées, où Sébastien reprenait ses chansons accompagné d’un seul piano, l’envie lui a pris de faire appel aux volutes électroniques de Guy-Manuel de Homen-Christo, la moitié de Daft Punk : « Je trouvais plus de chaleur dans l’électro, qui laisse plus de place au rêve. Et que je trouve plus moite. L’électronique n’a pas de vrai univers, ce n’est pas analysable. Ça contraste bien avec le côté naturel et organique du sexe. »

Publié sur le label de Air, avec lequel il a tourné dans le monde entier (aux Halles de Schaerbeek le soir d’un certain 11.9.2001), Tellier a préféré Daft Punk : « Guy-Manuel est plus le papillon du duo. Mes maquettes sont toujours dans un sale état. Je n’ai pas la patience pour soigner ça. C’est pour ça que j’ai besoin d’un bon producteur. »

On se souvient de prestations assez destroy de Sébastien. Notamment au Printemps de Bourges, par terre sur scène avec une bouteille de gros rouge. « Oui, j’aurais mieux fait de rester chez moi ces jours-là. C’était des erreurs de jeunesse dues à ma stupidité, dirons-nous. Mon esprit ne fonctionnait pas bien, et avec l’alcool, ma misérable personne était au centre de tout. Je me recroquevillais sur moi. Les concerts dépendaient trop de mon humeur du jour. J’ai mis du temps à me rendre compte qu’il s’agissait d’un manque de respect pour le public. J’ai maintenant envie de montrer que je suis quelqu’un de bien et que j’ai replacé le public au centre de mon art. »

Aux Nuits Botanique le 13 mai. Infos : 02-218.37.32, www.botanique.be.

nouveau

Sexuality

Une presse française crie au génie tout en citant Gainsbourg. Mais le fait est là : ce disque-concept tournant autour de la sexualité est réellement craquant. La chaleur de la voix et des mélodies très romantiques qui nous ramènent au meilleur Christophe, voire à la variété italienne 70’s de qualité, se marient parfaitement aux arrangements électroniques du demi-Daft Punk. Les chansons sont tellement belles, d’une écriture à la fois élégante et sobre, qu’on ne peut que se repasser inlassablement ce disque moite et sensuel.

Record Makers – Bang !

COLJON,THIERRY

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