Tindersticks (pré-)ouvrent les Nuits en beauté

tindersticks2.jpgCinq jours avant le véritable lancement des Nuits Botanique cuvée 2008, les Tindersticks investissaient ce vendredi la scène du Cirque Royal, parfait écrin pour leur musique classe et profonde. Un coup de semonce qui n’avait rien d’un faux départ tant Stuart Staples et les siens ont conservé finesse et pertinence au fil des ans.

Ca commence avec l’« Introduction » de « The Hungry Saw », septième album studio du groupe sorti trois jours plus tôt. Un clavier nu égrène une mélodie crève-cœur cousine des comptines d’un Yann Tiersen période « Rue des cascades ». Peu à peu, l’instrumental prend de l’ampleur, au fil de l’arrivée des musiciens sur scène : là une ligne de basse, ici un xylophone discret rejoints par un ensemble de cordes puis de cuivres. Amputé de moitié suite au triple départ qui a affecté le groupe en 2006, les Tindersticks aujourd’hui ne sont plus officiellement que trois. Mais on en compte, sur nos doigts, pas moins de douze sur scène quand Stuart Staples entonne les premières lignes de « Yesterdays Tomorrows », deuxième plage de « The Hungry Saw ». En fait, la formation enchaînera, et dans l’ordre, les sept premiers morceaux de ce nouvel album ! De quoi décontenancer les malheureux qui n’auraient pas eu le temps de se plonger dans cette dernière livraison au fil de laquelle, à défaut de surprendre, le groupe originaire de Nottingham, pas loin de son meilleur niveau, déroule à nouveau les atmosphères délicieusement raffinées qu’on lui connaît.

On commence tout doucement à se demander si Staples et sa bande ne seraient pas, des fois, juste venus jouer d’un bloc l’intégralité de « The Hungry Saw » quand ils se décident enfin à sortir d’un chemin certes fort joli mais un brin trop balisé par les enregistrements studio (difficile d’être plus fidèles aux versions de l’album), pour emprunter des sentiers plus sinueux grimpant vers leurs débuts discographiques. Et là, pardon, mais de « Dying Slowly » (sur « Can Our Love… » – 2001) à « If You’re Looking For A Way Out » (« Simple Pleasure » – 1999) en passant par « Travelling Light » et « Sleepy Song » (« Tindersticks » – 1995), le fan de la première heure a toutes les raisons de se régaler ; l’interprétation, entre trompette hispanisante et chant habité, se faisant à l’occasion tortueuse voire torturée.

« Désolé, on n’avait plus tourné depuis un moment et je crois que j’ai fumé trop de clopes », s’excuse Staples comme pour justifier des imprécisions de voix que l’on ne décèlera pourtant jamais. Une voix somptueuse, peut-être la plus belle entendue ces quinze dernières années, qui se délie justement de plus en plus, à l’image d’une formation qui multiplie les décharges de frissons sur l’échine. C’est le moment choisi pour balancer d’un bloc et à nouveau dans l’ordre tous les morceaux restants de « The Hungry Saw ». Mais cette fois, il se passe quelque chose, vraiment. Et c’est d’ailleurs sur « Boobar Come Back To Me » – sa montée finale, ses chœurs renversants – que le concert connaît son plus grand moment.

Des deux rappels qui suivent on retiendra surtout deux perles pêchées à nouveau dans le deuxième album éponyme de 95 (« My Sister » et « She’s Gone »). Du groupe de Stuart Staples on retiendra qu’en ce printemps 2008 il nous a rappelé à quel point il demeure essentiel… sur disque comme sur scène.

Nicolas Clément


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2 Comments

  1. balthus

    4 mai 2008 à 7 h 34 min

    Sobre, pas pute pour un sous, le parcours ideal en soi.

    Et quelle voix!

  2. grospooh

    4 mai 2008 à 16 h 33 min

    Très bon compte rendu. Tout y est, presque … Il vous manquait juste de mentionner la bonne forme mentale de Stuart Staples. Il nous a même offert quelques sourires. Un de leurs meilleurs concerts à ce jour et un retour discographique tout simplement excellent.

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