Un Cirque royal péniblement rempli (certains tickets étaient bradés à l’entrée, un gratuit pour un acheté); il en faut plus qu’Etienne Daho pour rameuter les foules aux Nuits Botanique. Logique, aussi, alors que son dernier passage par le Cirque royal date d’il y a deux mois à peine, dans la foulée de la sortie de son dernier essai “L’invitation”.
Il y a des choix qui pèsent lourd. Celui de prendre la direction du Cirque royal ce mardi, aux dépens du Botanique, où les prétextes à s’éclater ne manquaient pas – de Sébastien Tellier à Yelle, en passant par Rogue Wave, en était un. Pour répondre à un ami pas trop branché zique, il y a dix jours, sur la programmation des Nuits, on avait cité la soirée Daho comme un point fort du festival. Pour rester en terrain connu. “Ah, Etienne Daho“, avait opiné notre interlocuteur, pas plus transporté que ça par l’évocation du bel Etienne.
Un moment clef, donc. Sur le papier du moins.
Reconnaissons aussi qu’on avait été titillé par la venue des Ukulélé Girls, en ouverture de soirée. On suit de loin les jeunes filles originaires de Paris depuis un petit temps, depuis que le projet Ukulélé Session est lancé. Logique, en somme; là où nous diffusons chaque semaine des sessions avec le petit instrument, ces quatre demoiselles l’ont choisi pour livrer des reprises de morceaux pop, resservis dans des versions à quatre ukulélés. Pari culotté et décalé, dont on a plusieurs fois déjà eu l’opportunité de suivre la déclinaison sur le web. Aurait-on suivi une fausse piste? Sur la petite dizaine de chansons que les quatre belles plantes ont servies, on a guetté le moment où l’on ressentirait une vibration, un moment de grâce, voire de drôlerie. Un instant qui n’est jamais venu, ni sur “Killing In The Name”, ni sur “Back In Black”. Non que cela soit mal joué, ou que cela manque d’originalité; simplement, les Uku Girls ne semblaient pas être là, fantômatiques et transparentes, incapables d’assurer une transition digne de ce nom.
Plus consistante est apparue Daphné, qu’on a encore guère eu l’occasion d’entendre dans nos salles, et qui n’en a pas moins remporté, l’année dernière, le Prix Constantin, qui distingue chaque année en France des jeunes talents musicaux. Si elle s’inscrit dans la catégorie “jeune pousse/belle plante”, aux côtés de Berry, Verluca ou autres Pauline Croze, qu’on verra ces jours-ci aux Nuits, l’univers de la demoiselle, sur une jambe pour ce concert, n’a guère en commun avec celui des précitées. Plus proche ici de celui d’un Hooverphonic en français ou, à l’occasion (on pense à Big Daddy Boy), d’une PJ Harvey francophone, avec un timbre assez classique à la Barbara. Une musique qui enveloppe, souvent lancinante, servie avec violoncelle, synthés, guitare et batterie, qui multiplie les fausses pistes (“Déclaration à celui”) et fuit les facilités stylistiques. On ne sait si on se précipitera au prochain concert de Daphné, ni pour se procurer son disque “Carmin”; mais elle gardera sans doute une place bien au chaud dans les coeurs.
Les coeurs, ils ne battaient pourtant hier que pour Etienne Daho, qui n’a plus guère besoin de savoir chanter pour enchanter son public. Un peu comme un Renaud, sa seule présence suffit à donner du bonheur, et trois mesures de ses tubes pour déclencher une douce ferveur. Il ne tient pas en haleine vocalement? “Pas grave, on n’est pas venu pour ça“, nous rétorque-t-on. Pas non plus pour écouter les morceaux de “L’invitation”, l’intérêt est dans le back-catalogue: “Jungle Pulse”, en ouverture du concert, à laquelle répond “Air étrange”, puis “Rendez-vous à Vedra”, comme pour installer la mécanique qui sera celle du concert dans son ensemble. Un morceau ancien, une chanson extraite de son dernier disque. Une pour s’emballer, une pour reprendre son souffle. Le parterre du Cirque royal, en configuration assise, en tremblait de bonheur. Pas les nombreux photographes amateurs qui auraient adoré capturer quelques clichés de la soirée. Mais qui s’exposaient à l’arrivée simultanée d’un cerbère. Qu’en retenir alors? “Il a coupé ses cheveux, ça lui va pas mal“, essaye notre voisine de droite, qui n’aura pas attendu la fin du concert pour plier bagages. Ah bon…(C.Pt)
(Photo Sylvain Piraux-Le Soir)
perlinpinpin
14 mai 2008 à 21 h 53 min
cher cépépté,
Bien vu. et 100% d’accord à propos des uku girls, insipide.
Je vous ai vu pourtant, accompagné de votre “réalisateur” en train de capter leur “performance” . Une session en perspective?
Par contre à propos d ‘Etienne, votre jugement me semble sévère, c’est vrai qu’il n’a jamais eu une grande voix, mais le comparer à Renaud….?!
Peu d’artistes se remettent en question comme il le fait. A chaque tournée il propose des versions différentes de ses chansons. Cette fois-ci, il réussi à intégrer dans ses morceaux une section de cordes à faire pâlir les meilleurs ensemble de musique de chambre. Il chante bas mais juste, comme vous le soulignez, il s’est coupé les cheveux, bref, un concert quand même distrayant. On en attend plus, d ‘accord encore une fois!
Comme vous, mon voisin de gauche a quitté le concert précipitamment,… Peut -être un train à prendre? En tous cas bonne rigolade, il s’était trompé de porte !
baobab
14 mai 2008 à 21 h 56 min
Dans ma petite académie de musique il y a des génies cachés et en écoutant les Ukele girls je suis triste qu’aussi mausaise, elles puissent être sur scène Franchement insuportable du début à la fin pas de voix , ne savent pas jouer d’un instrument c’est une honte de voir des gens aussi peu doué musicalement sur scène
Sof
19 mai 2008 à 22 h 00 min
Tous les goûts sont dans la nature. Pour ma part j’ai trouvé Daphné gonflante, pédante et sur-“joueuse”. Mais apparemment elle vous a marqué… Je ne retiendrai d’elle que son arrivée de princesse, et le semi-endormissement dans lequel elle m’a plongée ainsi que mes voisins de droite… et de gauche… C’est peut-être cette deuxième partie insipide qui a provoqué cette difficulté à vendre les places de concert… Heureusement qu’Etienne Daho est enfin arrivé, et nous a offert, comme à son habitude, un concert généreux, énergique et de qualité! Oui je suis fan, oui je l’adore, et oui, j’étais prête à supporter Daphné (péniblement) pour assister à son show :-))