Soko Express

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Ce jeudi, l’Orangerie n’a eu d’yeux que pour elles: Louise Peterhoff, la chanteuse gracieuse de The Ideal Husband, et Soko, qui a tenu le crachoir pendant deux heures de pur bonheur. Une musique simple, d’instinct, sans chichi. De l’autre côté du Botanique, Daniel Darc a sorti l’artillerie lourde.

Soko, Ideal Husband, Brisa Roché,…les filles n’avaient peut-être pas à s’en mêler ce jeudi, elles étaient reines de la place, au Bota comme au Cirque Royal. Arrivé sur le tard au Bota, on prend une grande bouffée d’air avant de s’immerger dans cette nouvelle soirée festivalière. Pas sûr que ce soit entièrement de notre responsabilité, mais les feux s’étaient déjà rallumés sur Noah and The Whale et Marie-France quand on débarque au Botanique. A la même heure, c’est aussi la cohue aux alentours de la Rotonde; la pluie a commencé à tomber dru et, surtout, les Girls In Hawaii sont annoncés. A se demander si, plus tard dans la soirée, on peut escompter y trouver 20 cm pour se poser.

Les travées ne sont pas moins garnies côté Orangerie, où était attendu The Ideal Husband, le projet de Sandrine Collard, arrivé à maturation, et dont la première production atterrira dans les meilleurs magasins de disques fin mai, le référencé “No Bye No Aloha”, titre emprunté aux Breeders, et présenté comme un disque de “pop hawaïenne”. On y retrouve notre instrument de prédilection, en de bonnes mains dans celles de Benjamin Clement. On y découvre surtout une chanteuse saisissante en la personne de Louise Peterhoff, danseuse suédoise et meneuse du groupe, et des chansons au charme instantané, insulaires sur le papier, mais parfois aussi tournées vers l’Arizona d’un Calexico, trompettes en moins. Plus clairement que sur “Lullabie for a betrayer”, “The ritornelo” assume sa part d’enfance; et tout le long du concert, ce mari idéal assume vaillamment ses excentricités sonores , tandis que sa chanteuse prend sur elle la part de séduction.

On se réjouissait aussi d’entendre Daniel Darc et ses compositions tourmentées au Chapiteau; “Crevecoeur” n’a pas trouvé son égal en “Amours suprêmes” et l’on sait que les prestations se jouent à quitte ou double. C’est plutôt sur le mode “quitte” que les hostilités s’ouvrent, avec un Darc chancelant, qu’on craint à tout moment de voir trébucher, et sous “Haute surveillance” de ses gardes du corps, un groupe qui offre un son rock carré aux compos de Darc. La première demi-heure laisse ainsi craindre le pire. Le mieux en sortira à mesure que défilent ces hymnes sublimes écrits par Darc et composé par Frédéric Lô (“La pluie qui tombe”, “Un peu c’est tout”), ainsi qu’une pièce d’archéologie, le troublant “Nijinsky”, ici livré dans sa version la plus carrée, sans retenue ni concession.

Il nous restait à épuiser un quota de joliesses sonores. C’est en compagnie de Soko qu’on l’aura dépensé. On triche un peu. Jeudi après-midi, nous avions fixé rendez-vous à Soko, alias Stéphanie Sokolinski, pour une session; comme beaucoup de monde, on n’a pas loupé le bruissement en provenance de la blogosphère, et qui a depuis lors trouvé des prolongements multiples en festivals (à Bourges, en Allemagne). Il nous tardait de découvrir l’art de la chanson directe de ce jeune bout de femme de 22 ans, qui n’a encore à cette date aucun disque à son actif, mais qui écrit des chansons par dizaines depuis quelques mois. La découvrir avec l’ukulélé qu’elle promène sur scène, au même titre, hier que Ideal Husband et Noah and The Whale (décidément !).

Puis plus tard, la retrouver, sur scène, entourée de ses musiciens, présence gentiment décalée, avec “I think I’m Pregnant” ou le succès “I’ll Kill Her”, autant de chansons qui semblent sortis tout droits de la plume emportée d’une adolescente; SoKo y décrit les palpitations de son coeur. C’est instinctif, comme sa musique, elle qui confesse avoir découvert la guitare il y a une semaine (on y croit qu’à moitié). Brut et beau. On ne dira pas qu’un talent est né, il est déjà en train d’exploser.

En attendant la mise en ligne ‘officielle’ de la session, un extrait ‘making-of’ de cette session ukulélé. Ce sont les Ukulélé Session Express: en noir et blanc, un aperçu depuis les coulisses d’un enregistrement.


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6 Comments

  1. misterdum

    16 mai 2008 à 17 h 10 min

    …euh franchement, j’étais là pour voir Soko hier et j’ai trouvé ca assez faible, voir ennuyeux à la fin. Excepté quelques bons morceaux qui me faisaient penser aux premiers albums de PJ Harvey, le reste était d’un mielleux affligeant. Et que dire de ces rires nerveux emprunt de timidité: touchant au début; fatigant à la fin. Au final donc, je n’était plus du tout touché par ce p’tit bout de femme. Dommage.

  2. Jeannot

    16 mai 2008 à 19 h 30 min

    Vrai qu’elle en fait peut-être un poil trop. Vingt minutes en moins, un set plus resserré m’auraient plus séduit.
    Mais super, et Ideal Husband pareil.

  3. chris

    16 mai 2008 à 21 h 01 min

    moi j’y crois tout a fait au fait qu’elle a appris la guitare il y a un mois… pouaaah
    Le joli minois et la voix craquante c’est bien mais tout tabler la dessus en oubliant d’accorder ne fusse qu’un chouia sa guitare, c’est un peu trop compter sur ses points forts en oubliant que qd c’est faux on oublie tout le reste !
    j’ADOOOORE les 5 chansons de l’EP mais franchement ce concert… c’était très très décevant.

  4. me

    16 mai 2008 à 22 h 14 min

    mm, moi j’ai vu soko à l’ab après Jeffrey Lewis (qui reprenait Crass, magnifique) et c’était faible et le mot est…faible. Elle s’agitait, minaudait, plaisantait, mais bon, la musique était nulle. N’est pas Kimya Dawson qui veut, m’est avis.

    bref, moi je me demande, c’est normal que vous ayez RIEN dit sur les Two Gallants ????? c’était génial! c’était…whaou alchimique entre eux, et…allez, je n’ai plus de mots, mais bon, les Two Gallants vendredi passé c’était démentiel, Adam et Tyson ont donné tout ce qu’ils avaient et leurs compos sont tellement exquises et…enfin, bref, c’était génial. Pourquoi ne pas en avoir parlé? Vous les avez raté?

    C’est autre chose que la ptite Soko qui joue sur son côté mignon (enfin, je la trouve pas mignonne, mais c’est ce qui se dit, lol) c’est un tout grand groupe, les Two Gllants. (ça n’engage que moi, of course ;))

  5. lio

    17 mai 2008 à 10 h 17 min

    pas vu soko au nuits mais à l’ab c’etait de fait catastrophique.. elle n’a toujours pas appris la guitare depuis son set du mois d’avril ! ! et la batterie??? et chanter.. bon j’suis mechant mais faut dire qu’on se moque un peu du public qui paie son ticket ! !
    ma review de l’époque sur: http://concerts-review.over-blog.com/article-18850366.html

  6. chloé louise

    10 octobre 2008 à 13 h 54 min

    Soko j’adore!!! arretez de la fustiger, elle est nouvelle, elle apprend et elle a une voix du tonerre, tout simplement féérique, un brin rauque parfois….c’est un de mes récents coups de coeur…elle n’est pas parfaite, mais ce n’est pas la vocation d’un artiste à mes yeux, il s’agit beaucoup plus de livrer à travers son art sa vision du monde et si ça passe, ok sinon on continue….le talent n’est pas uniforme…bref, vive Soko la belle au ukulélé et merci pour cette belle chronique, je crois que je vais souvent venir…..biiiiz à tous…

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