Au nom du Kris

Kris Dane, l’étalon noir de Ghinzu, revient
avec le deuxième volet de sa trilogie. Avant de distiller son country-rock à la Nuit du Soir.

On oublie souvent que l’Anversois avait déjà publié trois albums, entre 1997 et 2002, avant d’être sollicité par Ghinzu. Le groupe bruxellois étant plutôt du genre à prendre son temps, cela laissera toute liberté à Kris Dane pour travailler à sa trilogie, dont le premier tome, l’excellent Songs of crime and passion, a paru en 2007.

Le deuxième volet, Rise & down of the black stallion, confirme sa passion pour les grands espaces américains et les œuvres complètes de Cash, Waits, Dylan, Cohen, Cave… On connaît pires références : « Ce n’est que ces dernières années que je suis allé souvent à New York, nous a raconté Kris à une terrasse derrière l’AB, le quartier bruxellois où il vit. Mais New York n’est pas vraiment l’Amérique, où j’aimerais aller en famille. Je n’ai jamais parcouru la Route 66, mais je sais que je le ferai un jour. Le concept de cette trilogie n’est pas l’Amérique en soi, mais surtout l’envie de raconter une histoire. Après avoir beaucoup tourné avec Ghinzu, j’ai ressenti le besoin de soigner le songwriting, de dire quelque chose. À 20 ans, tu n’es pas doué pour ça ; maintenant, j’en ai 35. La sonorité américaine est comme une graine, ça reste très personnel. Je suis conscient de l’influence des Waits, Cohen, Cash, même si ça se développe dans ma musique sans que je m’en rende compte. Lorsque j’écoute un Johnny Cash, j’entends un frère d’âme. Il me rappelle mon grand-père. Ce sont des artistes que j’écoutais à 17 ans, avant qu’ils ne redeviennent à la mode. Je me souviens qu’on écoutait ça avec Tom [Barman] quand je jouais dans dEUS. »

« Merci Bon Dieu »

Kris a aussi une passion pour les chevaux, comme le rappelle le titre de son album : « Je ne monte que depuis cinq ans. Les chevaux me fascinent depuis que je suis gosse, mais mes parents ne voulaient pas m’inscrire dans un club car, pour eux, c’était un sport de riche. Aujourd’hui, je me rattrape en travaillant avec les chevaux où que je sois, dès que j’ai cinq minutes. C’est pour ça que les Ghinzu m’ont surnommé l’étalon noir, vu que je m’habille toujours en noir. Peut-être que dans une autre vie, j’étais un cow-boy. »

Le nouvel album de Kris s’ouvre par « Merci Bon Dieu ». Pas étonnant quand on connaît la foi des artistes précités qu’il apprécie tant : « Je ne suis pas très mystique. J’ai d’ailleurs eu une éducation athéiste, je ne suis jamais allé à la messe, et tout ça. Je lis un peu la Bible et je trouve ça intéressant. J’ai un rapport direct et libre avec la religion. J’ai donné, cet hiver, deux concerts en prison. J’étais plus à l’aise que mes musiciens. J’ai tenu à parler aux taulards, à leur poser des questions, sans porter de jugement sur ce qu’ils avaient fait pour être là. Etonnamment, j’ai ressenti plus d’agressivité dans la prison des femmes. Mais tout s’est finalement bien passé. C’est bien, parfois, d’être mis face aux réalités de la vie. »

Ghinzu a pris beaucoup de retard avec un album déjà plusieurs fois reporté. Kris n’est pas encore sûr de faire la prochaine tournée : « Je ne sais pas où en est le disque. Je passe parfois au studio pour faire une prise ou l’autre. J’ai toujours été franc avec Joh : je continue avec Ghinzu si cela ne compromet pas mes trucs à moi. Je compte tourner avec mon groupe et donc, pour Ghinzu, cela dépendra de l’agenda. Heureusement, on a le même manager. »

Kris va donc partir d’abord sur les routes avec The Banned, son groupe, qui a perdu Mélanie De Biasio au passage mais sera rejoint par Sandra, la claviériste extravertie des Anges. Et Kris pense déjà à la suite : « J’ai encore beaucoup de chansons. Et j’ai gardé les meilleures pour le dernier volet de la trilogie. Ce sera comme une apothéose. »

Au Plazey Festival de Koekelberg le 29 juin, à la Nuit du Soir, au Cirque royal, le 26 septembre (02-218.37.32, www.botanique.be, www.ticketnet.be).

Rise & down of the black stallion

Kris nous plonge une nouvelle fois, avec son groupe The Banned, dans le meilleur d’un univers américain fantasmagorique. Enregistré à l’ICP, par Christine Verschorren, dans les conditions du live, ce disque est un bonheur sonore qui nous transporte en Alabama (« Missy »), où l’on croise Tom Waits et Johnny Cash. Autant de références familières que Kris transcende de sa voix grave. Un « western » fascinant !

Bang !

COLJON,THIERRY


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