Quelle place peuvent encore espérer sur la scène rock mondiale des groupes qui s’accommodent mal du tapage et des raccourcis souvent empruntés par foule de bands anglais en quête d’une gloire facile? La trajectoire d’Elbow n’a en tout cas rien à envier à celle de pas mal de ses coreligionnaires. Le groupe de Manchester était mardi au Botanique.
On a fait l’exercice en rentrant du concert d’Elbow, mardi soir : se repasser les trois premiers albums du groupe. Puis le dernier en date, “The Seldom Seen Kid”, dans la foulée. Pour le plaisir, essentiellement, de se replonger dans l’atmosphère des morceaux sensibles et expérimentaux du concert. Et pour comptabiliser le nombre de joyaux composés par le groupe depuis ses débuts avec “Asleep In The Back”, qu’il a pu enfiler pendant l’heure vingt de concert dispensée hier.
Facile, en somme, de venir occuper la scène de l’Orangerie quand on peut proposer dans les mêmes septantes minutes d’un spectacle “Switching Off”, “Leaders Of The Free World”, “Newborn”, ou les nouveaux “Grounds For Divorce” et “One Day Like This”, autant de morceaux parfaits et justement calibrés entre tentation pop et goût des expérimentations légères. Reste qu’on ne peut s’empêcher de penser, à l’instant où le groupe débarque sur scène, toutes trompettes devant, pour “Starlings”, qu’Elbow est décidément très fort quand il s’agit de suspendre le cours du temps et de tout centrer, dans cette parenthèse, sur la musique. Très fort aussi pour façonner un écrin mélodique lancinant sur lequel le chanteur Guy Garvey peut venir déposer les inflexions magnifiques de sa voix.
On s’est surpris, pour être de bon compte, à penser à autre chose, à un moment où l’autre du concert. Avant d’être happé par ce chant habité (réminiscences de Peter Gabriel), qui jaillit de la carcasse de Garvey pour “The Loneliness of A Tower Crane Driver”). A se dire que, pour quelqu’un qui n’avait jamais pris de cours de chant, voilà peu, certains naissent décidément vernis.
Elbow convaincant, toujours aussi parfait dans ses performances. Elbow, dont le nom a beau signifier “coude” et qui n’en joue jamais, gardant une attitude humble et décontractée sur scène (avec un chanteur qui salue les plus jeunes de l’assemblée, qui s’arrête pour souhaiter bon anniversaire à un autre, qui remercie d’être venus, à l’ère où il est si aisé de rester chez soi pour télécharger le musique, ou la regarder via Youtube). Ce groupe est une bulle d’oxygène tombée du ciel au moment où on étouffait. On se réjouit déjà de les retrouver au Pukkelpop fin août. Grand.
C.Pt
N.B. : hasard ou oubli, le groupe ne proposait pas de CD dans son merchandising (mais bien une fiole de whisky…). Il y a des outsiders heureux.
nix
26 juin 2008 à 15 h 17 min
Magnifique concert d’Elbow! Quelle chance de pouvoir assister à un concert d’un groupe si talentueux à l’Orangerie. J’étais à 2 mètres, super son, super groupe, vraiment réjouissant. Humain. Beau. Simplement beau.
ps : moi aussi j’ai réécouté tous les albums le lendemain : vraiment la classe folle, rien à jeter!
Longue vie à Elbow, s’ils pouvaient grossir ma discothèque d’encore vingt albums, je suis demandeur!
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