Le Cool Art Café, qui accueille depuis onze ans, une exposition thématique en plein cœur de Couleur Café, est traditionnellement un havre de paix et de fraîcheur. Avant de passer d’un chapiteau à l’autre, d’un concert à une petite session électro, du Café dansant à la Rue du bien manger, rien de tel qu’un petit moment de spiritualité de bon aloi.
Cette année, le thème retenu par le commissaire Herman Hertiau est le sexe et l’amour. Tout un programme ! Destiné à fêter comme il se doit les quarante ans de Mai 68 et son désir impulsif de liberté sexuelle.
Qu’en reste-t-il aujourd’hui dans le monde ? Le Cool Art Café propose, dans un hangar, un dialogue atypique entre l’art contemporain et l’art traditionnel, une confrontation entre artistes méconnus et grands noms habitués des galeries.
Volupté et sensualité
Toute la difficulté de la démarche consistait à ne pas tomber dans le graveleux, de parler volupté et sensualité sans ravaler le spectateur au rang de voyeur.
Mission accomplie dès l’entrée avec un espace enfants, trop heureux de s’égayer (habillés) dans un jeu de ballons entre les « cœurs » gonflés à l’hélium et les « cerveaux » qui ne peuvent s’envoler. Waw…
La galerie Lumières d’Afrique rappelle que le sexe reste un commerce, avec les peintures brutes des prostituées du Belgo-congolais Mufuki Mukuna. Les scènes érotiques d’Ange Kumbi (Congo) et de Camara Gueye (Sénégal), à la fois fauves et naïves, sont criantes de vérité et de sincérité.
Le sexe peut faire mal, sans exciter. Les peintures électriques de la Française Hélène Launois rappellent les néons des bordels alors que les casques bleus de Mo Ramakers (Belgique) sont autant de tétons dégoulinants sur un mur blanc. Glaçant…
Fred Martin (France) met un peu d’amour dans toutes ces violences guerrières, avec L’échange, deux sculptures monumentales qui se font face, en terre cuite qui s’effrite comme… la passion.
Les désordres amoureux
La sensualité des corps d’Herman Bertiau (et les femmes voilées et dénudées de Trouble(s) tellement pudiques) répond à l’humour coquin d’Alain Moreau qui nous propose Les mémoires d’un trou de serrure : un espace secret contenant de petites scènes érotiques en trois dimensions. Absolument charmant !
Le film en boucle de la Française Laetitia Bourget s’adresse davantage à un public averti avec ses portraits de sexe en mouvement, dans tous les sens du terme. Les estampes de Sandra Cabezuelo et les désordres amoureux de Mélanie Rutten proposent leur univers décalé à la fois tendre et amusé.
On est là pour s’amuser de tant de fraîcheur, sans une once de vulgarité. L’amour et le sexe font bon ménage quand on y met du cœur, du talent et de l’imagination. L’univers burlesque de Carine Altermatt (France) et les Love stories faites de punkitude de pop art de Pascal Bernier se répondent dans une harmonie parfaite qui se retrouve dans tous les couples vivement sainement leur sexualité.
Pour ceux qui n’y arrivent pas, une librairie spécialisée est là pour les aider. Love & Sex, c’est un instant tendre et drôle, léger et dérisoire, grave et douloureux, à l’image de la société qu’on côtoie dans tout le festival qui n’oublie jamais de faire réfléchir en musique et en rythme.
Tout le week-end, à Tour & Taxis !
THIERRY COLJON