Les coups de coeur de Couleur Café

Erykah Badu, la diva extraterrestre

Vendredi, celle qui a réussi le plus joli coup, c’est Erykah Badu. Pas parce que la diva américaine s’est amenée avec une demi-heure de retard, trop occupée à construire son impressionnante pyramide capillaire. Mais simplement parce qu’elle a livré une des prestations les plus audacieuses du festival.
Si son groupe n’avait rien de particulier pour lui, avec des sonorités très américaines (on s’en est rendu compte dès la longue intro destinée à faire patienter le public), la plus africaine des chanteuses de l’oncle Sam, habillée dans une combinaison d’extraterrestre argentée, a emporté le morceau avec un set tortueux, d’un funk syncopé savamment arrangé.

Il fallait la suivre dans ses circonvolutions, ses cassures de mélodies et de rythmes, ses diversions et ses voyages psychédéliques, mais le groove, chaque fois, était au rendez-vous. New AmErykah était impressionnant. Ce ne l’est pas moins sur scène. Le public a tenu jusqu’au bout, fasciné par cette déesse nu-soul d’une autre galaxie.

Body, Mind & Soul, carrefour austral

Body, Mind & Soul, le projet du Malawien Street Rat, n’était pas gâté, samedi : il a dû se produire en même temps que Raul Paz et Tiken Jah Fakoly. Mais le groupe vainqueur du Music Crossroads Southern Africa Festival (concours pour artistes d’Afrique australe) a réussi à attirer le public au fil de son set. Il faut dire que Street Rat a une personnalité talentueuse très attachante. Il vit véritablement sa musique, croisement de traditions rurales et de sonorités urbaines. Entouré d’un solide groupe électrique, il impose une voix forte et des textes engagés qu’il défend avec une belle énergie.

Couleur Café a bien fait de choisir de programmer tous les ans le vainqueur de ce concours qui, pour cette région du monde, est très important. Cette invitation s’accompagne d’un atelier que Manou Gallo animera au Malawi avec Body, Mind & Soul. Ou comment faire en sorte que se professionnalisent de jeunes artistes africains à qui l’on donne ensuite la possibilité de monter une vraie tournée en Occident.

L’électro duo dansant de Bumcello

A côté des trois chapiteaux bien installés côte à côte, la scène électro world, dans un des hangars, a trouvé sa place. Samedi, on était tout content d’y retrouver Bumcello, alias le violoncelliste Vincent Segal et le batteur Cyril Atef. Les musiciens de M viennent de publier leur sixième album, Lychee Queen, dont on a dit le plus grand bien dans notre dernier Mad. Mais sur scène, c’est encore autre chose.

Pas d’invité, un violoncelle électrique, des boucles enregistreuses et la batterie de percus. Et c’est parti pour un voyage qui ressemble à une improvisation, tant tout cela semble naturel, inné. Segal sait tout faire, et son violoncelle devient guitare électrique dès qu’il le veut. Ses sonorités sont aussi bien arabisantes qu’électro. Tout dépend de l’inspiration.

Space rock, jazz fusion, world électro, musique contemporaine ? La liberté qu’ils prennent avec les musiques est telle qu’on ne pense qu’à danser sur ces rythmes endiablés. Comme quoi, deux suffisent parfois pour dessiner le monde.

Les bonnes ondes de Superamazoo

Bien qu’il soit toujours ingrat d’ouvrir les festivités un troisième jour de Couleur Café, les six Louviérois de Superamazoo ne se sont pas démontés dimanche, dès 16h30 sur les planches de la Fiesta.

Ces protégés de Gambeat (bassiste de Radio Bemba) ont de l’énergie à revendre et un cœur gros comme ça. Avec deux chanteurs, deux cuivres (un sax et une trompette), un guitariste et un claviériste – Et oui, pas de basse ni de batterie- Superamazoo étonne et détonne par la mosaïque musicale proposée. Reggae, drum’n’bass, électro, rock, tout est brassé, mixé, trituré et décortiqué pour un résultat radical et sans concession.

On aime aussi énormément le travail sur les voix lorsque les cuivres et le claviériste assurent les chœurs derrière les deux (charismatiques) chanteurs apportant une dynamique supplémentaire à un groupe qui n’en manque pas. Allez vous rincer les oreilles sur myspace.com/superamazoo

La folie Psy 4 de la Rime

C’était prévisible et écrit, même, que les Marseillais de Psy 4 de la Rime allaient mettre une ambiance du feu de Dieu, dimanche, dès 17h00 à l’Univers. C’est ce qui s’est passé et de manière quasi indescriptible. On a rarement vu une communion aussi forte entre un groupe et son public. La clique à Soprano s’est offerte de manière magistrale à la « jeunesse belge faite comme la jeunesse française de beurs, de blacks et blancs ».

Dans la plus pure tradition hip-hop -3 MC’s et un dj- les Psy 4 ont proposé quelques extraits d’un dernier album Les cités d’or mixés avec d’anciens titres. Plus sec que sur disque et plus tendu aussi, le groupe a déclenché une marée humaine qui a sauté les bras en l’air et repris en chœur les hymnes des rappeurs. Il se dégage d’Alonzo, de Vincenzo et de Soprano un tel amour de l’autre et une telle envie d’apporter du bonheur que le concert en devient très touchant. Sûr qu’il y aura du monde le 17 décembre prochain à l’Ancienne Belgique…

PHILIPPE MANCHE et THIERRY COLJON


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4 Comments

  1. François H

    30 juin 2008 à 19 h 03 min

    …Sans oublier les sud-africains de Tumi & volume (un mélange explosif de Hip-Hop, Rock, Jazz,…) qui ont vraiment assuré entre 23h et minuit ce dimanche !

  2. Hims Lapin

    1 juillet 2008 à 10 h 02 min

    Rien sur Kery James?

  3. Cédric P.

    2 juillet 2008 à 14 h 51 min

    Et que dire de Ricardo Lemvo le venredi soir … et le superbe Säo Salvador ou encore de Kassav qui a fait bouger le derrière de tout le chapiteau !

    J’en redemande …

  4. jean-luc

    2 juillet 2008 à 19 h 25 min

    Et n’oubliez pas le concert de Raul Paz. Comme il y a 4 ans c’était super … une musique et une ambiance d’enfer. Quel présence en scène! Des concerts festifs comme on en redemande. Espérons qu’il ne faudra pas attendre 4 ans pour le revoir!

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