Ce week-end sera Vampire

Ezra Koenig (chant et guitare) et Christopher Tomson (batterie), rencontrés avant leur concert des Nuits Botanique au printemps, ont encore l’air d’étudiants en goguette sortis de la série Gossip Girl. Ce qui n’est pas étonnant vu que tous les quatre étaient encore il y a peu étudiants à la Columbia University de New York. C’est là qu’ils se sont rencontrés et qu’ils ont formé, il y a deux ans, Vampire Weekend. Un groupe pop typiquement new-yorkais puisqu’il mélange la new-wave d’un Talking Heads aux velléités mondialistes d’un Paul Simon.

« Notre idée était juste d’éviter les clichés du rock. Je ne sais pas si cet album est typiquement new-yorkais. Je pense qu’il y a beaucoup de grandes villes américaines avec de nombreuses cultures. Mais c’est vrai qu’à NYC, on est gâtés, avec des concerts, des cinémas, des magasins de disques qui nous permettent d’entendre un tas de choses. Le fait d’être étudiants, avec beaucoup de temps libre, n’est pas non plus étranger à tout ça. Et puis, l’internet t’ouvre également sur le monde et ses musiques, où que tu sois. On est plus ancrés dans une tradition pop que rock, en fait. Le rock est plus anglo-saxon que la pop, plus universelle. »

Il ne faut pas être New-Yorkais pour se rencontrer à la Columbia University, même si tous semblent appartenir à la middle class très East Coast : « Aucun d’entre nous n’a grandi à New York, pour être franc. Trois d’entre nous viennent du New Jersey et Rostam, de Washington DC. On est quand même plus ou moins du même coin. Le genre à passer nos vacances à Cape Cod. Ma famille y avait une maison, on y a passé quelques étés. Beaucoup d’Américains vont là-bas, sans pour autant être des milliardaires. La chanson critique un peu cette image associée à l’argent. Ce n’est sûrement pas une célébration des yachts. »

Ezra écrit les textes : il est gradué en littérature anglaise, alors que les autres ont plutôt étudié la musicologie. Rostam Batmanglij (claviériste, arrangeur, producteur et mixeur du disque) est leur aîné de quelques mois et s’y connaît en musique classique. Ce qui s’entend, tout comme l’humour présent dans plusieurs chansons. « On aime glisser de l’humour dans certaines de nos chansons, sans chercher à être drôles. On pense qu’il existe un vrai danger à être trop sérieux. Surtout si vous utilisez une musique inspirée d’endroits du monde dont vous n’êtes pas originaire. Ce serait prétentieux de notre part, et on courrait le risque d’être rejetés par ces artistes du monde. Ce n’est pas parce qu’on utilise des rythmes africains que nous sommes des spécialistes en la matière. On peut aimer la musique classique et la musique africaine sans pour autant en faire tout un plat. »

De Talking Heads à Beirut

Il est amusant de voir que la première célébrité à avoir fait leur pub est justement celui auquel on les compare le plus : David Byrne. « On aime beaucoup Talking Heads, même si on n’y a pas pensé en commençant Vampire Weekend. Mais je comprends cette comparaison. Ils ont été les premiers à tenter ces expériences de métissage. Ce côté pop et new-wave mêlé à la world. Le côté catchy pop, avec des textes et des sons expérimentaux. Je ne sais pas s’ils sont plus intellectuels que nous. C’est difficile à dire. Nous, on a toujours dit que nous étions à la fois intellectuels et stupides. Avec des textes à la fois prétentieux et tout à fait insensés. On assume tout. Sans doute qu’on a la même approche que Talking Heads. Je ne suis pas non plus d’accord avec ceux qui pensent que pour faire du Stockhausen, il faut être très intelligent, tandis que ceux qui font de la dance ou de la pop sont stupides. »

Vampire Weekend nous rappelle également que Beirut, basé à Brooklyn, est un autre groupe US intéressé par les musiques d’ailleurs : « Ce qu’il fait est aussi unique. Zach est venu à un de nos concerts, on a un peu parlé. On est sur le même label. Sans bien le connaître, on aime beaucoup ses disques. Vivre à New York, ça aide pour trouver un label. Il y en a tant. Plusieurs sont venus nous voir en concert. Notre audience est mixte, en termes d’âge surtout. Ce ne sont pas que des étudiants ni des hipsters. »

Le groupe tourne sans arrêt depuis un an. On a pu les voir, en octobre, en première partie de Los Campesinos au Bota. Ils sont déjà occupés à travailler sur de nouveaux titres. « On a encore plein d’idées. On a envie de sortir assez vite notre deuxième album. »

Mais d’où vient leur nom ? « J’ai commencé à faire un film d’horreur avec des amis, ça s’appelait Vampire Weekend. Je ne l’ai jamais terminé. Ça se déroulait à Cape Cod. Quand il nous a fallu trouver un nom pour honorer quelques shows, on n’a rien trouvé de mieux que Vampire Weekend. Il serait temps que je songe à terminer ce film. Le cinéma m’a toujours intéressé. On est déjà très impliqués dans nos vidéos. »

Avant tout ça, Ezra a été en Inde : « J’avais une petite amie indienne qui m’a fait découvrir le pays, pour rencontrer sa famille et se balader. Ça m’a permis de mieux appréhender la culture indienne, sans trop jouer au touriste. »

Ce jeudi à Werchter (17 h 35 – 18 h 25), Pyramid Marquee. Album XL – V2.

THIERRY COLJON


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