Il faut un fameux culot pour ouvrir sur une grande scène et sous la pluie quatre jours de musique. Et de culot, la jeune artiste belge Auryn n’en manque point. Plus d’un an après son premier concert, c’est entourée de quatre musiciens qu’Auryn a ouvert l’édition 2008 des Ardentes dans une formule chatoyante puisque entourée d’une violoncelliste, une violoniste et multi-instrumentiste, un bassiste (ex-Venus) et un batteur.
C’est derrière son piano et son micro qu’elle propose des chansons majoritairement en anglais avec une voix avec un grand V. Difficile d’y ajouter des comparaisons vocales parce que la miss a un timbre propre à elle qu’elle n’hésite pas à pousser ou à suspendre quand c’est nécessaire. Musicalement, les cordes et le piano ajoutent une connotation classique qui colle bien avec des mélodies aventureuses. Et d’achever les quarante minutes par une reprise de Mika. Chapeau.
Après un saut chez l’explosive et punkoïde Victoria Tibblin, avec Didier Odieu au piano, le temps d’un concert coup de poing dans le hall des Foires, le chemin du retour nous donne l’occasion de constater de visu les aménagements du site autour de la route des saveurs qui est effectivement élargie. On se balade donc le long de la Meuse en testant un bon Mojito même si on le préfère au Havana qu’au Bacardi. On a également goûté le fameux hamburger estampillé 150 g de bonheur au fromage de chèvre, tomates séchées, roquette et vinaigre balsamique pendant que certains s’arsouillent déjà au stand Ricard où on trouve le Tomate (Ricard + grenadine) à 2 euros. Jus de fruits, tartiflette, poêlée savoyarde, crêpes, thaï…
Une pluie d’onomatopées
On croise également Fred et son pote Max, deux campeurs bruxellois chauds comme de la braise avant le concert festif des Flogging Molly. Pendant ce temps-là et à sept sur scène, ils nous rappellent les meilleures heures des Pogues ou des Dropick Murphy. Que dire de Brisa Roché sans être désagréable? Qu’elle est jolie? Qu’elle chante dans des tonalités proches de Bjork? Qu’un sentiment d’uniformité s’installe assez rapidement? Il y a de cela, en effet.
On attendait beaucoup du duo branché The Do (avec une diagonale dans le o) et manifestement, le public aussi, de plus en plus présent devant la scène principale. Mis à part le tubesque et, c’est vrai, extrêmement bien foutu «On my shoulders», on n’a pas vu grand-chose. Bien sûr, le couple est charmant et généreux mais à part ça, c’est un peu toujours la même chanson.
S’ensuit le sourire de Yael Naim, généreux avant la tornade Camille. Exceptionnelle, décalée, incroyable, géante dans sa combinaison «petit chaperon orange», la chanteuse française est la seule depuis le début des festivités à réécrire un nouveau langage autant corporel que sonore. Bien qu’un peu dérouté au début de concert, le public, nombreux, se laisse prendre au jeu de cette pluie de rythme et d’onomatopées quasi hypnotique et envoûtante comme une assemblée de tambours africains et célèbre cette artiste hors norme. Mince, elle nous laisse sur le cul, Camille.
PHILIPPE MANCHE