Mi-avril, Thomas Dutronc enregistrait le clip de “Jeune, je ne savais rien”, dans un studio de la Plaine-Saint-Denis. Le Soir avait convié deux lectrices à se joindre à l’aventure du tournage, et à y participer comme figurantes. Récit de la journée.
Regardez le film tourné en coulisses et la version finale du clip.
Alice Goffaux, Namuroise qui aime répéter qu’elle a fait « 10 ans de guitare, et 5 ans dans la housse ». Malika, la Montoise qui collectionne les participations à des émissions télé, en Belgique et en France, et qui traque les invitations aux concerts privés. Une sorte de bête de concours qui, pour se faire inviter au tournage du clip de « Jeune je ne sais rien », avait choisi de réécrire à sa manière un morceau du chanteur, avec une belle spontanéité qui a touché au cœur le manouche.
Le 19 avril dernier, Le Soir et Universal Music les ont emmenées à Paris, dans un studio de la Plaine-Saint-Denis. Une équipe de la société de production d’Emilie Chedid, la Bohême, s’y activait depuis tôt le matin. Entre une prestation au Printemps de Bourges, la veille, et quelques jours de repos, les musiciens mènent le bal, en coulisses. Tous déguisés « Belle Epoque », avec des touches sixties chez certains, comme le fanfaron Raphaël, guitariste à la scène. Cette débauche de couleurs et de styles tranchent net avec la virginité d’un décor qui, pour l’heure, n’accueille qu’une guitare manouche.
Qu’est-ce que deux figurantes belges peuvent avoir à faire dans cette aventure ? Une intervention sommaire, qui devait les voir venir déposer un objet sur le plateau. Réflexion faite, le réalisateur Yann Orhan optera pour un rôle de circonstance : celui de groupies munies d’appareils photos qui viennent mitrailler leur idole.
De circonstance ? Si elles confessent un faible pour Thomas Dutronc, Alice, étudiante en romanes, et Malika, future institutrice, sont plutôt venues pour « explorer l’envers du décor » et, pour la seconde, vérifier que la rumeur n’est pas tout-à-fait infondée sur la sympathie de l’équipe de Thomas Dutronc.
Elles se sont équipées, pour la forme, de leur appareil photo et de leur exemplaire du disque « Comme un manouche sans guitare », pour les dédicaces. Mais la tête reste bien vissée à leurs épaules ; elles n’iront pas jusqu’à se confondre en pâmoison devant le fiston à Jacques.
Costume noir sur chemise noir, la démarche élégante, il est au centre de la scène, où il passera le plus gros de la journée, sans jamais se départir d’un calme très pro. En mode « lipping » durant toute la séance d’enregistrement. « Je me suis réveillé …. », bombardé une fois, dix foix, vingt fois, pour chaque nouvelle prise. Thomas les fait toutes fondre, la maquilleuse aussi bien que la comédienne qui, dans le script, a pour mission de lui tendre une chemise à pois. Un facteur à bicyclette pour la touche Tati, des meubles élimés, des choristes portant robes à paillettes, les réminiscences sixties ne doivent ici rien au hasard.
Tout à l’ascendance ? On nous jure qu’il en a assez de la référence à père et mère.
Sur l’heure de midi, passée de 120 minutes, pause déjeuner. L’accueil est naturellement chaleureux pour les deux jeunes Belges, invitées à la table présidentielle. Où ça cause, de tout, sauf de Thomas. A peine le temps d’engloutir un magret de canard que le signal est donné. « Tout le monde au studio. Pour le café, vous en trouverez du délicieux en bas ». Un ordre qui ne se discute pas, pas plus que ceux de l’assistant réalisateur. On aura compté une petite demi-heure de pause ; c’est qu’il ne s’agit pas de traîner, le tournage devant s’achever avec la journée. « Et on est en retard » en rajoute le garde-chiourme.
Emilie Chedid a rejoint les lieux, qu’elle inspecte d’un regard bienveillant. Candide presque. Thomas a troqué guitare manouche contre une Fender. Et l’agitation autour de sa personne, qui joue pour lui tout seul entre les prises, imperturbable, ne faiblit pas. Les deux groupies attitrées, elles, trépignent.
Ce sera Alice qui, la première, aura l’occasion d’intégrer le casting du clip. Porteuse d’une stratosphère, on pouvait faire plus mal lotie. 17 heures. La libération, enfin. « Pour vous, c’est maintenant », leur souffle l’assist-réa. Un bref aller-retour, « vous jouez les groupies qui photographient Thomas, et se photographient en sa compagnie ». Elles le feront avec un naturel confondant.
On les avait prévenues : au final, leur intervention ne durerait sans doute qu’une poignée de secondes à l’écran. Dans la version finale du clip, c’est même plutôt en dixièmes de seconde qu’on comptera. Mais elles sont nombreuses qui auraient voulu être à la place, ce samedi-là, d’Alice et Malika. (C.Pt)
http://www.myspace.com/thomasdutronc
http://www.myspace.com/yannorhan
Thomas Dutronc sera aux Francofolies le 18 juillet et le 18 octobre à l’Ancienne Belgique de Bruxelles
Album “Comme un manouche sans guitare” Universal