Les Francos sont entrées dans le vif du sujet avec Thomas Dutronc et Vanessa Paradis, Michel Fugain et Machiavel. Le premier constat se confirme : le public des Francos a rajeuni et c’est tout profit pour l’affiche plus rock’n’roll du Village. Malgré la météo.
On pensait que le Casino, à l’abri de la pluie incessante jeudi, allait être pris d’assaut. On peut donc s’étonner que les concerts de Machiavel et Fugain n’aient pas fait le plein. C’était pourtant sympa de retrouver les auteurs de « Rope dancer » en version acoustique : jamais on ne les a vus si détendus et blagueurs, même si Mario n’a pas encore retrouvé ses marques vocales. Ce sera sans doute chose faite pour la date du Bota reportée au 24 septembre.
Michel Fugain n’attire peut-être plus les foules mais son concert en forme de medley parvient encore à nous bluffer par son énergie. L’homme n’a rien perdu de sa générosité de comédien aguerri. Il est un exemple pour tous les gamins se produisant au festival.
Thomas Dutronc, que nous avons croisé avant sa prestation avant Vanessa Paradis, vendredi soir tient en tout cas la forme. Lui qu’on dit timide, à l’aise dans des salles jazzy intimistes, prouve que sa personnalité et son répertoire sont faits pour toutes les surfaces. Il est sur les routes jusqu’à la mi-2009 – il remplace AaRON sur certaines dates – et compte bien ensuite prendre son temps pour le deuxième album. Très sollicité de toute part, il ne prend même pas le temps de voir son pote Matthieu Chedid, sur scène avec Vanessa. Préférant honorer un repas entre Belges. Très au fait et soucieux de notre situation politique, il donne sa vision des choses et pas qu’en chantant « Des frites, bordel ! »
Pendant qu’on parlait, tranquilles, sur la terrasse de l’hôtel où sont attendues toutes les vedettes, la traditionnelle haie de fans attendait l’arrivée de Vanessa au bras de son chéri Depp (présence que le directeur Jean Steffens avait eu le culot d’annoncer dans la journée, propos repris dans le journal Franco’scoop). Car si les Francos attirent de plus en plus un public proche de celui de Dour ou des Ardentes, il reste malgré tout le grand rendez-vous des stars de la chanson française. Comme Calogero, samedi, très attendu par les fans.
Pendant ce temps, tout le monde guette le ciel, s’attendant à ce qu’il nous tombe, forcément sur la tête. Ça n’empêche pas le public d’être là, devant toutes les scènes en plein air, comme a pu s’en rendre compte BJ Scott. La chanteuse US a eu le temps, au sec, de livrer un large spectre de son talent, aussi bien en français qu’en anglais, ou en reprenant « Le sud » de Nino Ferrer.
Il y a ceux qui se produisent dans le tout petit Salon Bleu. Comme Guillaume Ledent très content de le remplir avec un public attentif à sa douce poésie. Sans charisme particulier, il parvient à distiller son monde qui baigne dans un océan de gentillesse.
Et puis, il y a tous ceux dont on ne parle pas parce qu’on l’a fait lors de leur passage à Couleur Café, aux Ardentes ou même à Dour. Les Legoparty, Diplomat, Superlux, Hollywood Porn Stars, Girls In Hawaii. Tous embrasent ici un public qui n’en a rien à cirer de ne pas les entendre chanter en français. Tous ont dorénavant leur place dans un Village Francofou qui a pris le pouvoir.
Thierry Coljon