La pop, ce n’est pas du chinois

Trois quarts d’heure un samedi matin au Pukkelpop, c’est peu. Lykke Li n’a pas eu besoin de plus pour séduire, gamine et sensible à la fois.

Il n’y a pas vraiment d’histoire à raconter à propos de ces « Youth novels », premier album studio et premier album tout court de la jeune Suédoise. « J’imagine que j’y ai mis toutes les idées que je rassemblais depuis longtemps. C’est en même temps toute ma vie et un instantané. Des chansons qui parlent de mon enfance, de ma vie, de mes incertitudes… »

Lykke Li n’aurait peut-être pas rencontré le même écho s’il n’y avait eu internet. Nombre de blogs musicaux ont hébergé quelques-unes de ses chansons avant que ne sorte ce disque. Elle le reconnaît : « Internet m’a vraiment été bénéfique. Comme mon style et mon son ne collent probablement pas à ce que les médias et le public main-stream recherchent, j’ai de cette façon pu bénéficier d’une connexion directe avec des auditeurs. Et j’ai l’impression qu’ils ont apprécié mon honnêteté, le fait que je ne sois pas parfaite, que j’ai grandi depuis nulle part avec eux en quelque sorte. » Et de poursuivre en précisant qu’elle n’a rien d’une Net-addict. Elle se contente la plupart du temps de vérifier son courrier : « Je vais parfois aussi sur YouTube, regarder des vieux clips de gens comme Prince. Et je lis mon horoscope, aussi. » Ce qu’elle n’a pas fait en ce jour au Pukkelpop : « Ah non, aujourd’hui, c’est moi qui décide ! »

Investie d’une mission

À l’heure où vous lirez ces lignes, Lykke Li aura été chanter à Amsterdam et Los Angeles, s’apprêtant à faire de même à New York. Des tournées, une européenne et une anglaise, suivront encore, l’occupant sur les routes jusqu’à la mi-février. « Le plus dur pour moi, c’est que j’ai toujours eu le temps d’écrire. Cette fois, ce n’est plus possible, je n’ai plus de temps libre, je n’ai même pas accès à un piano quelque part. J’ai un peu l’impression de… m’encrasser. » En même temps, elle se sent investie d’une mission. Le terme est le sien : « Je me dois de propager l’expérience du live. Comme on ne vend plus de disques de nos jours, il faut devenir un bon artiste de live, et ça me passionne. Je sais que je peux très bien y arriver. C’est ça, ma mission : faire en sorte que le spectacle continue. » Elle n’ira cependant pas jusqu’à dire qu’elle a grandi sur scène. Grandir, c’est dans sa tête que ça se passe : « Je suis une vraie rêveuse éveillée. J’ai déjà passé beaucoup de temps sur scène, mais c’est vraiment dans ma tête que j’ai grandi. En regardant, en étant obsédée, que ce soit par Edith Piaf, Madonna, certains films… En me faisant des plans dans la tête et en me disant qu’un jour… » Lykke Li ferait comme elles ? Pas Madonna en tout cas : « Quand j’étais petite fille, elle était complètement différente et m’inspirait vraiment. Aujourd’hui, je n’ai plus rien à en dire. » Par contre, Edith Piaf… « Elle m’inspire vraiment beaucoup. J’ai encore revu le film il n’y a pas très longtemps. J’ai lu des livres à son propos aussi. »

Sous la fraîcheur des 14 chansons que compte son premier album, produit, coécrit et en partie joué par Björn Yttling du groupe Peter Björn & John, on décèle aussi une certaine fragilité. Qui en dit long sur son interprète. D’ailleurs, ne se décrit-elle pas comme une chanteuse (en français dans le texte) qui a une âme fragile et beaucoup à donner ? « L’homme est une espèce sensible, mais les gens évitent plutôt de le montrer. Pas moi. » Ne vous fiez cela dit pas trop aux apparences. Quand on ouvre sur une des scènes du Pukkelpop et qu’il n’est pas encore midi, quelques aménagements s’imposent : « C’est vrai que ma musique n’est pas forcément conçue pour être jouée en festival. Quand j’y suis sur scène, j’ai aussi tendance à faire ma Tina Turner, je danse dans tous les sens. Il est plus question de performance que de chansons. Donc, le meilleur endroit, c’est en club. » Très tard.

Lykke Li en concert, lundi 22 septembre à 20 h à l’Ancienne Belgique. Infos : 02/548.24.24, www.abconcerts.be et www.myspace.com/lykkeli.

DIDIER STIERS

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Youth novels

Lykke Li, c’est une gamine qui se glisse dans l’oreille. Où tourne la mélodie de I’m good I’m gone. Percussions minimalistes et claviers vintage apportent à ce disque une touche décalée. Pas autant que Björk, à qui on la comparait déjà, mais la Suédoise chante loin des productions pop du genre. Un saxo pleure sur Dance dance dance, une guitare hispanique se glisse sur This trumpet in my head, l’électro assombrit Complaint department : ça bouge, organique. Et simple, comme ses textes : les critiques anglo-saxonnes ont adoré « for you I keep my legs apart and forget about my tainted heart. » Délicate et jouette à la fois…

LL Recordings – Warner Music.


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  1. Pingback: Bon Iver danse avec Lykke Li | frontstage

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