Conor Oberst, l’oeil pétillant

« Conor connaît des problèmes de sommeil », nous explique-t-on au téléphone ce mercredi au moment de décaler notre interview. « On va le laisser siester une heure de plus ». On s’attendait donc à rencontrer un type à demi réveillé et le regard hagard, mais c’est face à un jeune homme passionné et à l’œil pétillant que l’on se trouve dans le bar de son hôtel, à deux pas du Botanique.

Quoi de plus normal quand il s’agit du leader d’un groupe nommé Bright Eyes, formation américaine active depuis plus de dix ans qui, à défaut de connaître le même rayonnement que dans son pays, fait l’objet par chez nous d’un petit culte mérité auprès des aficionados d’indie folk rock?

Pourtant, c’est pour défendre son premier disque sous l’incarnation Conor Oberst and The Mystic Valley Band que ce natif du Nebraska est présent ce mercredi à Bruxelles :
« Ces dernières années, Bright Eyes est devenu un véritable groupe, articulé autour de trois personnes : moi-même, Nate Walcott et Mike Mogis qui est aussi le producteur du groupe. Mike, c’est un peu comme une maman, on peut toujours compter sur lui. On va bien sûr refaire un disque ensemble sous le nom de Bright Eyes mais c’était une bonne chose pour moi d’en faire un sans lui pour voir comment je me débrouille quand il n’est pas là. »

Un disque enregistré au Mexique entre copains et sans chichis – sur un 16 pistes et sans ordinateur. Et ça se sent : il se dégage de ce « Conor Oberst » un je ne sais quoi de relax et délié qui sied à merveille à la musique de l’intéressé. Égrenant notamment des noms de localités dans le titre de ses chansons, cet album a également des allures de carnet de voyages : « Il faut dire que j’ai énormément voyagé depuis que j’ai 19 ans. J’en ai 28 à présent. J’ai beaucoup bougé pour la musique bien sûr mais j’ai vraiment adopté ce mode de vie. C’est naturel pour moi d’être toujours en mouvement, de passer sans arrêt d’un endroit à l’autre. En fait, c’est plutôt quand je me pose que je trouve ça étrange. »

Ce qui ne l’empêche pas de développer une réelle conscience citoyenne. En 2004, il participe en compagnie de R.E.M. et Springsteen à la tournée Vote for Change, initiative partisane (entendez par là : pro-Kerry) destinée à encourager les gens à voter. Aujourd’hui, il clame ouvertement son support à Obama : « On a donné des concerts pour lui durant les Primaires au Nebraska. Ce qu’il y a de fascinant avec lui c’est cette capacité à mobiliser des gens qui jusqu’ici ne se sentaient pas concernés par la chose politique. Obama se pose vraiment comme le candidat de tous, pas seulement des nantis et de leurs amis. Il se passe réellement quelque chose d’important avec lui. »

En attendant, c’est pour le public belge que, bien entouré, il monte dans la soirée sur la scène de l’Orangerie du Botanique. Le regard plus volontaire et habité encore, il fait l’impasse sur la discographie de Bright Eyes pour se concentrer sur ses nouveaux titres. Entre tradition et forte personnalité, délicatesse et élans rageurs, Conor Oberst au fil des ans nous rappelle au fond de plus en plus Jeff Tweedy de Wilco. Pas le moindre des compliments. Une grosse heure et demie plus loin, c’est un public largement conquis qui filtre du Bota… l’œil pétillant d’émotion. Forcément.

Nicolas Clément


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2 Comments

  1. Lucy

    22 septembre 2008 à 18 h 26 min

    Nous avons chroniqué son magnifique album ici > http://youcanroll.blogspot.com

    Bonne continuation!

  2. Angie

    13 novembre 2008 à 18 h 31 min

    Je traduis ses chansons ici ! >>> http://conor-online.new.fr

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