Jeronimo, à toute allure

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Parc royal de Bruxelles, jeudi. Deux amoureux passent près du kiosque « où on joue Mozart ». Ils s’asseyent et écoutent ce chanteur qui leur parle de Nord, de Sud et d’Ostende. Cela fait deux jours qu’ils sont ensemble. Sûr que Jeronimo va leur porter chance. S’ils regardent notre session ukulélé, ils pourront la garder comme souvenir de leur rencontre.

L’album de Jérôme Mardaga est fait pour ça. C’est qu’il nous rend très romantique. Comme sa pochette, d’ailleurs : une photo de Françoise Sagan prise en 1956, sur la plage de Saint-Tropez, par Jean-Loup Sieff. « C’était pour illustrer la chanson “Rendez-vous dans ma loge” où je parle de Françoise, nous a-t-il raconté. J’ai toujours aimé ce qu’elle a écrit. J’ai lu plusieurs fois Bonjour tristesse, et sa bio, À toute allure, est passionnante. Je n’ai pas encore vu le film. Pour moi, Sagan est une figure héroïque du XXe siècle. »

Sagan n’est pas la seule lecture de Jeronimo puisque « Mélodie démolie » est le titre d’un poème de Jacques Prévert : « Cela fait longtemps que je l’avais repéré. Je l’ai simplement mis au pluriel. Non seulement, c’est une anagramme, mais avec Jeronimo, cela fait les mêmes voyelles dans le même ordre. C’est comme 12h33 : je trouve ça joli et marquant. Ça fait un petit clin d’œil à mes deux monstres. »

L’autre clin d’œil est destiné à la situation politico-communautaire que vit le pays depuis plus d’un an, à travers deux chansons (reprises d’ailleurs dans notre session ukulélé).

« “Irons-nous voir Ostende ?” est un SMS que j’ai envoyé un jour à mon amoureuse. J’ai écrit la chanson sur cette base. On a vraiment été à Ostende, passer une journée. Je me suis rendu compte que je parlais souvent de stations balnéaires dans mes chansons. Sans doute parce que quand j’étais enfant, on n’allait jamais à la mer. L’E40 est devenue la grande obsession de ma vie. Pour en revenir à Sagan, qui a dit “La vitesse est un grand élan de bonheur”, j’aime rouler vite, et comme elle, je suis passionné par les courses automobiles. Mon frère est mécano, et avec mon père, on est toujours devant la télé pour les Grands Prix de Formule 1. »

« “Le nord, le sud et le grand mur”, poursuit l’artiste, est plus clairement une chanson sur la Belgique, avec ses drapeaux tricolores aux balcons. C’est une vieille idée que j’avais de parler des relations Nord-Sud en général, et puis, je l’ai située plus précisément en Belgique. Ça me tenait à cœur de parler de cette situation qui m’inquiète, comme tout le monde, et qu’en même temps, je ne comprends plus très bien. Surtout quand je dois l’expliquer à l’étranger. Je me sens complètement largué. »

Jeronimo a enregistré ce troisième album en Italie, à Gattatico, près de Vérone. Avec son groupe de scène, qui n’inclut plus les boucles synthétiques : « C’est en tournant avec Mark Gardener, de Ride, que j’ai découvert ce vieux studio. C’est ce dont j’avais besoin pour m’isoler. C’est à la fois la dolce vita, et puis, tu es loin d’éventuels problèmes, des factures et du téléphone. J’ai tourné aussi en Allemagne avec Mark, avant d’être appelé à la rescousse par Jean-Charles, de Saint-André. En fait, j’adore jouer de la guitare pour d’autres. Comme je l’ai fait par le passé pour Miam Monster Miam ou Marc Morgan. Là, je vais peut-être bosser sur le prochain album de Mark. »

« On va passer une chouette soirée »

Une autre chanson va faire dresser de nombreux poils : « Maman si tu savais… », distillée d’une voix qui appelle à l’aide : « C’est une espèce de SOS, oui. Je n’ai jamais pris un ton aussi plaintif et écorché. J’ai prévenu ma maman que c’était assez dramatique. De toute façon, je lui fais toujours écouter mes maquettes. Elle écoute et me donne son avis. Elle est toujours de bon conseil, même sur le choix des chansons à mettre ou non sur le disque. »

Jeronimo n’a pas oublié cette Nuit Botanique de mai 2005 qu’il avait – fait tout à fait exceptionnel – assurée seul : « C’est un tout bon souvenir, car c’était la première fois que je me retrouvais seul dans cette salle, où je suis retourné avec Saint-André, avant Renan Luce. Je sais qu’on va passer une chouette soirée… »


Mélodies démolies

Fini, l’électronique et la mélancolie de 12h33. Voici un troisième disque très solaire. Très électrique et familier puisqu’on retrouve Sarah (braqueuse dans « Tout sera comme avant »). C’est un vrai groupe – avec des sonorités très riches – qui entoure le Liégeois, qui émeut toujours autant tant par ses textes, parlant le langage du cœur, que par ses mélodies vibrantes. Une vraie réussite.  Anorak Supersport – PiaS.

COLJON,THIERRY


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