Après la pluie, le beau temps

01_travis.jpgTravis a pavé la voie des derniers groupes pop britanniques mélancoliques.

Pourquoi me pleut-il toujours dessus ? », chantait Travis il y a dix ans sur The Man who, son deuxième album. Beaucoup de critiques, à l’époque, blâmaient les Ecossais pour leur virage mélancolique.

Qu’on aime ou pas, avec un peu de recul, il est aujourd’hui aisé de constater que Fran Healy et ses petits camarades ont ouvert la porte à tout un pan de la pop anglaise. Déroulant le tapis rouge à la tristesse de Keane, Starsailor… « C’est Travis qui a inventé Coldplay », va jusqu’à déclarer Chris Martin.

La consécration du groupe de Glasgow remonte à Glastonburry, en 1999. Quand Travis entame le premier couplet du fameux « Why does it always rain on me ? », il commence miraculeusement à pleuvoir après sept heures de soleil ininterrompues. L’anecdote est devenue mythique. La chanson, un hymne.

Pourtant, alors que leurs suiveurs ont bénéficié de l’appui aveugle des médias, les Ecossais ont peiné. « Quand je raconte notre histoire, je ne peux m’empêcher de penser au film There will be blood, confie le chanteur, Fran Healy. Daniel Day Lewis cherche du pétrole, et lorsque sa carrière débute, lorsqu’il trouve son premier gisement, tout le monde rapplique. The Man who ne devait pas rencontrer de succès. Les USA ne voulaient pas en entendre parler. Ils n’aimaient pas. Ne l’estimaient guère assez vendeur. Même les critiques étaient épouvantables. Cinq millions de disques plus tard, tout le monde a planté sa tente dans ton camping. »

Travis a alors décidé de déménager. Et il en a payé les frais. « Après The invisible band, nous avons décidé de changer de cap. Tout le monde sonnait comme nous. Proposait le même type de musique. Nous devions nous renouveler. Nous avons enregistré 12 Memories, et le public n’a pas aimé. Ironiquement, c’est aujourd’hui l’un des disques préférés de nos fans. Mais quand tu sors un album, tu veux que les gens l’apprécient. On a eu du mal à faire face. »

Comme ils ont eu du mal à se faire au milieu. « On ne s’est jamais senti à l’aise dans l’industrie du disque, avoue le guitariste, Andy Dunlop. Si tu fais de la musique pour gagner du pognon, tu es corrompu d’emblée. Quand tu paies pour ton album, tu veux avant tout que celui-ci soit réussi. Si quelqu’un d’autre le finance, il entend récupérer sa mise et aller chercher une plus-value. L’industrie veut un bon disque, mais elle juge de sa qualité sur ce qui rentre dans ses caisses. »

« Nous avons quitté le Titanic »

Loquace, Fran aime les images. C’est tout en métaphores qu’il résume la carrière de Travis et ses derniers soubresauts : « Quand nous nous sommes lancés, nous étions quatre potes sur un petit bateau et nous avons croisé un immense yacht. On nous a invités à monter à bord, mais il était tellement grand que nous nous sommes perdus. Sur ce genre d’engin, tu mets deux semaines pour manœuvrer quand tu es dans la mauvaise direction. Nous avons quitté le Titanic. Récupéré notre petite embarcation modeste. J’ai appris que tu n’as pas besoin d’un mastodonte pour écrire de bonnes chansons, pour enregistrer un bon album et toucher les gens. »

La rapidité avec laquelle les Britanniques ont sorti Ode to J. Smith traduit une renaissance. La confiance est réapparue sur la route. « Alors que nous défendions The Boy with no name, nous avons retrouvé la magie. Moins de neuf mois après sa sortie, nous avons décidé de nous y remettre. Notre bassiste était sur le point de devenir papa. Le temps pressait. Tous nos disques naissent avec un événement, une chanson. “Chinese Blues” et “J. Smith” ont donné le ton plus rock de ce nouvel album. Même ses morceaux les plus calmes ont été écrits à la guitare électrique. »

Paul McCartney aurait apprécié. « Le dernier jour de notre session, il est passé au studio. Pas pour nous dire bonjour, mais parce qu’il habite dans le coin et voulait voir qui bossait. Pour passer le temps, nous avions inscrit sur une page une interminable liste de mots grossiers. On a vu son regard changer. » Comme le vôtre sur Travis ?

JULIEN BROQUET


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3 Comments

  1. saint Sylvestre

    4 octobre 2008 à 17 h 06 min

    Merci pour le biklet ! 🙂 et désolée d’être un peu hors suje mais j’aime beaucoup le design dev ton blog 😉 a+

  2. saint Sylvestre

    4 octobre 2008 à 17 h 17 min

    Bjr 🙂 merci pour ce billet firt intéresant 🙂 il y a cependant quelques points obsurs : “nous avions inscrit sur une page une interminable liste de mots grossiers” … qu’entends tu par là ? bonnne continuation 🙂

  3. saint Sylvestre

    4 octobre 2008 à 17 h 30 min

    Wow très joli ce desifn ! merci pour ce billet intérssant, je dois dire 🙂 j’apprécie le blog, bonne continuatoon !

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