Bloc Party envers et contre tout

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La formation anglaise sort un troisième album, l’aventureux « Intimacy ». Rencontre avec son chanteur, Kele Okereke, plus de trois mois avant les deux concerts sold out de l’AB.

L’histoire de Bloc Party, ou en tout cas sa phénoménale trajectoire qui le conduit jusqu’aux plus hautes cimes du succès, a tout du conte de fées. Il aura finalement suffi de trois singles (« She’s hearing voices », « Banquet » et surtout « Helicopter ») pour que ce quartet à forte tendance new-wave, fasse parler de lui. Le très mélancolique Silent alarm, sorti en 2005, placera Kele Okereke, Russell Lissack, Gordon Moakes et Matt Tong parmi les chouchous de la presse britannique. Critiques justifiées par un univers froid et cinématographique, porté par des guitares cinglantes et une section rythmique rappelant les pionniers de Killing Joke ou même de P.I.L.

Ceci sans aucune insinuation par rapport à l’incident qui a éclaté entre Kele Okereke et John Lyndon, lorsque cet été, le chanteur des Sex Pistols s’est battu avec le chanteur de Bloc Party quand celui-ci lui a demandé s’il comptait reformer Public Image Limited. La maison de disques nous a interdit de commenter l’incident, l’action étant désormais sur le terrain judiciaire.

Si la réputation discographique des Anglais n’est plus à faire, leurs concerts fiévreux et tendus confirment que Bloc Party n’est pas un groupe sans lendemain. « Si j’avais un conseil à donner à de jeunes mecs qui souhaitent former un groupe, nous confiait le ténébreux chanteur et parolier, ce serait d’être original. Seule l’originalité permet de faire la différence aujourd’hui, tellement il y a de bons groupes. Une bonne chanson ne suffit plus. » Dit comme ça, on pourrait croire que le charismatique chanteur black d’origine nigériane « se la pète ». Kele Okereke, s’il doute comme chaque artiste, est surtout confiant du potentiel de sa formation. Ajoutant que seule l’originalité a permis à Bloc Party de se démarquer des groupes à guitares aux riffs saccadés et hachés ayant déferlé sur l’Angleterre ces cinq dernières années.

Mais pour l’heure, on arrache Kele les doigts vissés à son Blackberry pour lui demander si le moteur créatif de sa formation consiste à « casser le jouet » après chaque album, afin de proposer, à chaque fois, quelque chose de différent. Et pour reprendre une métaphore cinématographique, si l’avant-dernier album Silent Weekend pouvait être la bande originale de Children of Men, Intimacy, le petit nouveau pourrait, selon le chanteur, illustrer, par la sensualité qui s’en dégage, Le dernier tango à Paris.

« Je pense qu’en tant que groupe, on s’ennuierait assez vite si nous n’avions pas de défis à accomplir. On ne s’imagine pas être quatre musiciens à enregistrer le même disque six fois d’affilée. On écoute tellement de musique entre nous, nous sommes tellement différents et nous évoluons d’année en année. Nous avons une approche enjouée de notre musique, c’est sans doute pour ça que chaque disque est différent. Le successeur d’Intimacy le sera également. » Au risque de perdre les fans de la première heure ? « Je ne pense pas, affirme Kele Okereke. Le succès de notre premier album nous a donné confiance et, avec le second, nous nous sommes dit que nous devions fonctionner de la sorte. Après tout, nous sommes un groupe ambitieux. »

Bloc Party, « Intimacy »

Le morceau d’ouverture « Ares », avec son beat emprunté aux Chemical Brothers ou à Prodigy, indique que ce disque, dont les textes évoquent la récente rupture amoureuse de son chanteur, va encore plus loin que le plus sombre Weekend in the city. Les neuf autres compositions, à forte influence new-wave/post-punk années 80, évoquent Cure « Mercury » ou même Mike Oldfield (le tapis de claviers de « Signs »). Reste à savoir ce que penseront les fans de la première heure, persuadés que Bloc Party ne fera jamais plus aussi bien que leur impeccable premier album Silent alarm…

Intimacy, Wichita ; distr. V2
MANCHE,PHILIPPE

Bloc Party en concert les 12 et 13 février 2009 à l’Ancienne Belgique. Complet.


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