Lady Marianne en son royaume

Marianne Faithfull publie un album de dix-huit reprises, produites par Hal Willner. Avant de remonter sur scène avec elles.

Marianne était de passage en Belgique récemment, pour remettre un prix, à Angelo Badalamenti, dans le cadre du Festival de cinéma de Gand. Elle en a profité pour nous parler de son nouvel album.

Tant la pochette que le sous-titre « 18 songs for music lovers » fait référence à Frank Sinatra…

Ce n’est pas un hasard. Frankie était un tel chanteur qui a choisi de très bonnes chansons. C’était mon idée ici. J’aime écrire mes propres chansons, je ne m’en sors pas trop mal mais pour le moment, je ne me sens pas l’envie d’écrire. Je suis aussi un peu fatiguée par mon propre répertoire. Je me suis rendu compte que je pouvais retrouver ce plaisir au travers des chansons des autres. Je réécrirai plus tard. C’est passager.

Vous devez déjà choisir avec les nombreuses propositions provenant du cinéma…

Je ne veux pas choisir, j’aime les deux. J’aime faire plein de choses. Pour le moment, c’est vrai que je ne cherche pas à jouer dans un film. Je veux me concentrer sur ce disque.

Pour lequel, vingt ans après « Strange weather », vous retrouvez le producteur Hal Willner…

Cela fait longtemps qu’on voulait refaire un album studio ensemble mais on préférait attendre le bon moment. On ne voulait pas d’un Strange weather II. Ce que ce nouvel album n’est pas. C’est très différent.

Dix-huit chansons, c’est beaucoup !

Oui, je sais. Ça montre à quel point les choses se sont bien passées. On en a enregistré beaucoup plus encore mais elles n’étaient pas assez bonnes.

Comment s’est fait le choix des chansons ?

Ce sont mes chansons préférées. C’est très intuitif, instinctif. Certains pourront y trouver des parallèles entre certaines chansons et des épisodes de ma vie. Et c’est bien. Mais je ne sais pas aller plus loin dans l’explication.

Vous avez volontairement réalisé un album à la fois jazz, rock, soul, country, blues…

Oui, c’est voulu. Mais elles vont bien ensemble, je trouve. J’ai une grande collection de disques. Certaines chansons sont liées à des souvenirs. « Solitude » est ma chanson préférée d’entre toutes. « Black coffee » aussi. J’écoute encore beaucoup de musique, même si j’apprécie de plus en plus le silence.

Vous n’avez pas hésité à vous réapproprier ces chansons…

L’idée était de donner ma version. C’est pour ça que c’est un album très important pour moi. C’est toute ma vie. Ce n’est pas un simple disque de reprises.

Comment s’est fait le choix des musiciens ? Nick Cave, Keith Richards, Jarvis Cocker, Rufus Wainwright, Sean Lennon, Chan Marshall…

On a d’abord choisi les chansons, avec Hal. Puis les musiciens. Et enfin, ceux qui chanteraient avec moi. Beaucoup sont des amis, comme Keith, Nick, Rufus ou Jarvis… Sean aussi. Antony, je suis content de son succès. Il est si talentueux. Avec Keith, j’ai une très belle relation. J’aime beaucoup sa femme Patti aussi. C’est lui qui m’a parlé dans les années 60, de cette chanson de Merle Haggard, « Sing me back home ». Il l’a chantée avec Graham Parsons. Il était évident qu’il devait aujourd’hui la chanter avec moi.

Y en a-t-il qui ont dit non ?

Non, ils ont tous accepté. Ce n’est pas que pour moi, mais aussi pour Hal qui est ami avec tous ces gens. Je n’avais pas réalisé à quel point autant d’artistes avaient envie de chanter avec moi. C’est pour ça que c’est une bonne idée de Hal d’avoir mis des duos.

Comment s’est fait l’enregistrement ?

Je me suis impliquée dans ce projet, de a à z. Tous les arrangements étaient écrits avant d’entrer en studio. Du coup, tout a pu se faire plus vite et plus facilement. On l’a enregistré à New York, en analogique, en huit jours, à l’ancienne. C’est pour ça qu’on a appelé le disque Easy come, easy go. Ce titre a aussi un sens sexuel, qui remonte à Bessie Smith. Il y a aussi le sens lié à l’argent. J’aime le double sens. Ça exprime bien mon humeur aussi.

Où vivez-vous en ce moment ?

Je suis toujours partagée entre mon appartement parisien et ma maison de Dublin. J’aime le contraste entre les deux. Je commence à me débrouiller un peu en français. Je comprends mieux que je ne m’exprime.

Je vais souvent à Londres aussi, où vivent mon fils et de nombreux amis. Mais j’ai une meilleure vie à Paris et en Irlande. Quand mes amis passent par Paris, je vais les voir en concert.

Vous avez l’air en forme…

Je fume encore mais je ne bois plus. Je me sens bien comme ça. Il était temps que je me prenne en main. La prochaine étape sera la cigarette. Mais ça me fait peur… Je suis plus heureuse aujourd’hui que jamais. Je n’avais jamais imaginé dans mes rêves les plus fous que je pourrais un jour être aussi heureuse.

Concerts à Paris, du 12 au 18 juin, puis festivals de jazz en été.

COLJON,THIERRY

Easy come, easy go
Toute l’originalité de ce disque de reprises se trouve dans l’envie de mêler les genres musicaux, la voix unique de lady Marianne étant le lien entre chaque chanson. Duke Ellington croise Brian Eno, Morrissey, Smokey Robinson, Randy Newman, Merle Haggard, Bernstein & Sondheim, Dolly Parton. Un éclectisme rendu encore plus poignant par les arrangements old fashion d’Hal Willner. Un classique, déjà !

Naïve-PiaS.


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