Dans le genre écolo, les Trans, c’est pas mal. Tout le monde déjà y va en navette. Le meilleur moyen d’éviter les mauvaises surprises. Communément appelées contrôles. A l’aller, les flics cherchent l’herbe et autres substances festives. Au retour, ils traquent les amateurs de picole (pas compliqué à trouver). « Par ici la sortie. On bloque les accès aux parkings. Contrôle systématique… » On se croirait à I Love Techno.
Ecolo aussi grâce à l’utilisation de gobelets réutilisables. Comme à l’Ancienne Belgique. Sauf qu’ici on garde son verre avec toute la soirée. Peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. En tout cas, il fait clean dans les halls du Parc Expo.
Nous, on commence avec Success. Désireux comme beaucoup de réconcilier rockers et clubbers, les Frenchies (des membres de Percubaba et Strup X) ont sacrément la gnac. Le set est carré mais finit par tourner en rond. On n’a pas vraiment envie de s’en plaindre. L’égalité des chances… Aux Trans, tous les groupes ou presque ont le droit à une heure de scène.
Cette heure, Miss Platnum va la mettre brillamment à profit. Miss Platnum, c’est un peu le R&B des Balkans. Une jeune Roumaine de 27 ans installée à Berlin. Baronne-tzigane, diva soul, rappeuse bling-bling ? Biffez les mentions inutiles. On verra sur disque mais « on stage », la donzelle assure. Soutenue par des cuivres pétaradants. Le but de Ruth Maria Renner, c’est de rendre les gens heureux. A voir les sourires conquis, c’est réussi pour aujourd’hui. Tout le monde ne peut en dire autant.
Rendez-vous manqué. Présentés comme les cousins east coast des bouillonnants Cold War Kids (il y a un peu de ça, c’est vrai), les White Rabbits nous ont posé un lapin. Musicalement bien foutu (même si on a parfois l’impression que les deux batteurs c’est pour l’esbroufe), les New-Yorkais ennuient dès que leurs chanteurs ouvrent la bouche. Ce n’est pas de leur faute. Plutôt celle des excès. Mais des gens roupillent partout. Par terre, assis, debout. Collés, enlacés, entassés. La nuit sera longue.
Il portent sans doute le nom le plus familier de ces 30es Transmusicales. Dans le hall 9, de loin le plus imposant, les Birdy Nam Nam ont attiré la grande foule. Champions du monde de DJ’s par équipe en 2002, les Français ont tiré leur nom du film The Party avec Peter Sellers. Ca tombe bien. C’est la fête. Plus percutant qu’un shot de Chouchenn. Prévu pour novembre, leur deuxième album devrait voir le jour en janvier et s’intituler : Manual for a successful rioting.
La soirée est résolument placée sous le signe de l’électro mais chacun peut trouver chaussure à son pied. Avec The Shoes par exemple. Un duo de Reims qui fait un boucan du méchant. Noisy et dansant. Quelque part entre le DJ set et le concert énervé. Tokyo, New York, Moscou, Barcelone… Les Français ont la cote. Ils ont traîné leurs lacets aux quatre coins du globe cette année. Remixé Santogold. Puis les groupes hype pour ados qui excitent le NME. Late of the Pier et Hadouken en tête.
Nous, on attend El Guincho. Sorte de Panda Bear espagnol. Originaire des Canaries (il a aussi des racines cubaines), Pablo Diaz Reixa joue de 4 à 5 heures du mat. Accompagné d’un percussionniste, il balance les beats tropicaux et répétitifs de son album Allegranza. Le public se décoince au fur et à mesure. Idéal comme B.O. ensoleillée d’une longue nuit de fiesta. On se barre un peu avant la fin. Histoire de ne pas passer des heures à attendre une navette et on termine sur le marché dans le centre ville pour se plier aux coutumes locales. On zappe les huîtres et le vin blanc mais on n’échappera pas à la galette saucisse. Ben oui, on est au pays de la crêpe. On va aller la faire dans son lit.
Julien Broquet