Les Black Angels chasseurs de fantômes

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Le groupe d’Austin a signé avec « Directions to see a ghost », un disque de rock psyché et noisy irréprochable.

Quand on les cuisine sur les pièces maîtresses du psychédélisme, les Black Angels évoquent volontiers les 13th Floor Elevators, le Forever Changes de Love ou le Piper at the gates of dawn de Pink Floyd. Ils s’enhardissent encore quand on cite le Cold Fact de l’Américain Sixto Rodriguez, réédité cette année.

« C’est un peu le Bob Dylan d’Afrique du Sud. Vous connaissez l’histoire de son album ? questionne le chanteur des Anges Noirs, Alex Maas, souriant, loquace, pendant les Transmusicales de Rennes. Personne n’y a prêté attention au début des années 70 à part les Sud-Africains, des civils aux soldats, qui l’écoutaient en boucle sous le manteau pendant l’apartheid. »

Pas toujours facile de se montrer ponctuel. D’ailleurs, on n’avait pas non plus fait la connaissance des Black Angels du temps de leur premier album Passover. Les Black Angels viennent du Texas. Plus précisément d’Austin. Le théâtre du festival South by Southwest. S’ils font comme tous les artistes cités jusqu’ici dans le psyché, ils sonnent avant tout comme les Dandy Warhols (à leurs débuts), le Brian Jonestown Massacre (quand il fait grimper les décibels) et les Warlocks (qu’ils admirent).

Fertile Austin : les salles de concerts y pullulent

Les Black Angels, dont le nom est tiré d’une chanson du Velvet Underground : The Black Angel’s death song, se sont formés en 2004. En gros grâce à l’université du Texas. L’un (Christian Bland) y suivait des cours de publicité et de design graphique. L’autre (Stéphanie Bailey) y étudiait l’anglais rêvant d’une carrière dans la littérature. « Moi, je voulais devenir champion de base-ball quand j’étais gamin, se souvient Alex Maas. Je n’avais pas d’assez bonnes cotes pour rentrer à UT. Donc, je me suis inscrit dans une autre école. À une demi-heure d’Austin. »

Austin. Une terre à la fois aride et fertile. Les salles de concerts y pullulent. Les groupes y font leur chemin. Davantage, à entendre les Black Angels, mus par la solidarité que par de quelconques et malsaines rivalités.

« On peut vous recommander Til We’re blue or destroy, le garage rock sixties des Strange Boys, le son plus bluesy de White Denim. Ou encore Shapes have fangs et The Ugly Beats qui semblent tout droit sortis du coffret Nuggets. Quant aux Ghostland Observatory, ils évoquent un mélange de Daft Punk et de Freddie Mercury. En fait, tous nos amis jouent dans des groupes. On pourrait vous dresser une liste d’au moins cinquante artistes à écouter d’urgence. On essaie de se soutenir mutuellement même si nous ne proposons pas le même genre de musique. »

De toute façon, les Black Angels refusent d’enfermer le psychédélisme dans une vision trop étriquée. Réductrice. « Quand on parle de musique psychédélique, les gens pensent directement au Jefferson Airplane, déplore Christian Bland. Mais le psychédélisme représente bien plus que ça. Pour moi, il est synonyme d’expérimentation. Il consiste à transformer les bruits quels qu’ils soient nous trottant dans la tête en une forme musicale ou plus généralement artistique. »

« Le psychédélisme existe depuis la nuit des temps. Depuis la création de la musique, achève Maas. Les groupes de primitifs qui à l’époque jouaient dans leurs forêts faisaient déjà dans le psychédélique. » Si vous aimez vous promener dans les bois, on vous recommande dimanche soir une petite expédition au Bota.

Album : « Directions to see a ghost » (Pias).

En concert au Botanique le 14/12.

www.myspace.com/theblackangels

JULIEN BROQUET


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