Elle est sympa Emiliana Torrini. Le genre de fille pleine de mimiques qui raconte des blagues. Enchaîne les grimaces. Et qu’on suivrait à peu près partout sauf pour aller voir un film au cinéma. La ravissante Islandaise cause autant qu’un Fabrice Lucchini. Au point qu’on s’est demandé parfois, dimanche, à l’Ancienne Belgique si on assistait à un concert ou à un One Woman Show.
Torrini était déjà passée par le Club le 13 octobre dernier. A une époque où elle rodait sa nouvelle tournée dans de petites jauges. Même si plus de la moitié des spectateurs sont assis, la grande salle est encore remplie à craquer. La petite entreprise bruxelloise ne connaît pas la crise. Triggerfinger avec The Experimental Tropic Blues Band, Ayo, Seasick Steve ou encore (plus prévisible) Bloc Party… Dans les prochaines semaines, l’AB va plus souvent qu’à son tour jouer à guichets fermés.
Ce week-end, comme pour refroidir voire dissuader les vendeurs du marché noir (vu qu’il faut pas trop compter sur les flics…), la Belle a emmené de la neige dans sa valises. On boit quelques bières pour se réchauffer. Son folk s’écoute idéalement près de l’âtre.
« Nous sommes vraiment heureux de tourner avec Emiliana Torrini. On en est fan et là on peut assister gratuitement à 17 concerts en suivant, » glisse sa deuxième… première partie. Originaire de Reykjavik, Lay Low est une espèce de Mariee Sioux. En moins bien. Talentueuse mais un rien neurasthénique.
Quelques lampadaires décorent la scène et sur le coup de 21 heures on aperçoit la lumière. Un petit bout de femme avec un accent à couper au couteau et, selon un spectateur, de jolies chaussures. « J’ai de l’argent à dépenser dans les pompes vu que je porte un uniforme bon marché… Je m’étais enfin décidée à acheter quelques robes mais un jour je suis devenue comme folle et je les ai toutes liquidées. Aujourd’hui, je ne sais pas où elles sont. Sans doute enterrées au fond d’un jardin… »
Entourée de musicos bien fringués (guitare, basse, batterie, clavier) qui ressemblent tantôt à Danger Mouse tantôt à un vieux Ricky Wilson (Kaiser Chiefs), Emiliana pêche la plupart de ses chansons dans ses deux derniers albums : le délicat « Fisherman’s Woman » et le plus pop (et récent) « Me and Armini ». Les titres sont peu retravaillés mais il se dégage du personnage et de ses morceaux un charme ahurissant. Un charme distillé dans la douceur des “Sunny Road”, “Heartstopper” et “Lifesaver” comme dans l’entrain des « Me and Armini », « Heard it all before » et autre « Big Jumps ».
« Jungle Drum » est tellement efficace que la petite fée du grand nord, généreuse, repassera les plats pour un inattendu dernier rappel. Emiliana a fait le grand saut. Haussé le tempo. Et mérite plus que jamais de flirter avec les radios. « C’est ma tournée des stades, » commente-t-elle d’ailleurs avec un sourire jusqu’aux oreilles. Le plaisir est partagé.
Julien Broquet
zaza
2 février 2009 à 15 h 11 min
“Le genre de fille pleine de mimiques qui raconte des blagues.” : j’ai malheureusement raté ce concert. Mais est-ce vrai qu’elle a raconté la blague des deux PD dans l’ascenseur ?