Ladyhawke, fan des années 80

ladyhawkecover.jpgDébarquée à Londres depuis le fin fond de sa Nouvelle-Zélande natale après un détour par l’Australie (elle est signée sur le prestigieux label Modular), Pip Brown, alias Ladyhawke, entendait bien y vivre à fond sa passion pour la musique. Mission accomplie : son premier album solo, carambolage hédoniste d’influences eighties, est une belle réussite et la verra concourir le 25 février prochain pour un NME Award. Récit de son tout premier passage à Bruxelles.

Femme des années 80 (de naissance en tout cas puisqu’elle est née en 1981), la jeune Pip Brown est surtout et avant tout une fan des années 80. En témoigne abondamment son concert de lundi soir dans un AB Club complet depuis longtemps. Avec ses nippes de garçon manqué et sa longue tignasse cerclée d’un bandana elle évoque par son allure ces joueurs de tennis surdoués qui, de Guillermo Vilas à Björn Borg, enthousiasmaient les foules au sortir des années 70. Un style ou plutôt une absence de style carrément étonnante en ces temps de tout-marketing où l’emballage fait vendre autant que le produit mais qui ne manque pas de la relier, d’une bien étrange façon il est vrai, à une époque qu’elle affectionne par-dessus tout. Pas la seule connexion, loin s’en faut. Empruntant son nom de scène à la femme de la nuit interprétée par Michelle Pfeiffer dans le film fantastique, eighties jusqu’au bout des serres, du même nom, Ladyhawke affiche sans réserve son versant nerd et un amour pour les jeux vidéos à l’ancienne. Avant même son arrivée sur scène, un alignement de Game Boys première génération griffés « Ladyhawke » trône sur la toile tendue en arrière-plan. Faisant bientôt place à des extraits de jeux d’arcade du genre Pac-Man ou Space invaders (dont une version dérivée est d’ailleurs jouable sur son site officiel).

Musicalement, sa passion outrancière pour les eighties éclate au visage avec le naturel d’un fruit mûr gonflé par le soleil. Ouvert en mode mineur avec Professional Suicide et Manipulating Woman, le concert prend son envol dès Dusk Till Dawn et surtout un Magic rappelant furieusement Depeche Mode période Music for the Masses. Plus loin, les premières mesures de Better Than Sunday évoquent la Goldfrapp se rêvant Madone de Black Cherry. Tandis que l’intro de Back of the Van semble un temps se confondre avec celle du Girls Just Wanna Have Fun de Cyndi Lauper. So eighties, on vous dit. Sans oublier de sonner actuel à coup de beats montés sur ressorts et de teintes électro. Au final, et exception faite d’une face B étonnamment revigorante (Danny and Jenny), c’est pour ainsi dire tout son premier album éponyme qui y passe, avec ses pics de forme (Paris Is Burning, irrésistible hymne composé d’une traite au retour d’une virée parisienne en compagnie de Soko) et ses inévitables baisses de régime (Another Runaway, Love Don’t Live Here). Un album, le détail a son importance, cornaqué par le belge Pascal Gabriel, ancien producteur de S’Express. La boucle est bouclée.

Debbie Harry, Kim Wilde, Stevie Nicks, les filles de Bananarama : elles finissent toutes dans le shaker Ladyhawke. Qui s’empresse de régurgiter l’ensemble sous forme de cocktail aussi épais que saturé en saccharine. Si les premières gorgées rafraîchissent comme jamais, le risque de l’écœurement guette dangereusement au fond du verre. Ca tombe bien : trois quarts d’heure, le concert de ce lundi n’aura pas duré une minute de plus. Roboratif juste ce qu’il faut.

Nicolas CLÉMENT

http://www.myspace.com/ladyhawkerock

Didier Stiers

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