Bloc Party était jeudi et vendredi à l’Ancienne Belgique. Critique du concert et photos, avant une nouvelle salve, ce vendredi.
critique
Trois semaines après les deux concerts complets de Kaiser Chiefs à l’Ancienne Belgique, c’est une autre formation anglaise qui s’installait autant de soirs au même endroit ces jeudi et vendredi. Avec un Pukkelpop en août dernier (sur la scène principale), deux AB et une prochaine participation (pour la troisième fois) à Rock Werchter, les quatre Bloc Party ne passent pas l’essentiel de leur temps à siroter des cocktails, les doigts de pied en éventail au bord d’une piscine d’un palace de Beverly Hills.
Trois albums en cinq ans (dont le dernier Intimacy), des concerts en veux-tu en voilà et voici le groupe emmené par le charismatique chanteur d’origine nigériane Kele Okereke s’installer comme un des valeurs sûres de la scène indépendante.
Fort d’un public fidèle (on croisait certaines têtes présentes lors du premier concert belge de Bloc Party le 7 mars 2005 au Botanique) mélangeant jeunes gens et jeunes filles et fringants quadragénaires, les quatre Londoniens étaient sur du velours lors de leur entrée en scène à 20h50 jeudi soir.
Si Bloc Party évolue dans un univers plus retenu et tout en tension, à l’inverse des festifs Kaiser Chiefs, il reste grisant de constater que les deux groupes partagent un enthousiasme et une foi communicatives à déplacer les montagnes. Voir la majorité du public qui connaît tous les textes de chaque chanson chanter avec ferveur en totale communion avec Kele pendant presque 100 minutes a quelque chose de sympathique.
Dans un joli t-shirt rose à l’effigie de Grace Jones, l’âme torturée de Bloc Party a emmené ses troupes comme à la parade même si, sporadiquement, Kele avait l’air de s’excuser de ne pas être à fond sur son sujet. Et pourtant, sortant d’une tournée anglaise et d’un Olympia parisien, le quatuor s’est montré extrêmement en place.
Sur fond d’éclairages blancs, crus et froids et cliniques, Bloc Party remet au goût du jour la new wave des Gang of Four ou The Cure. S’appuyant sur une rythmique en béton (le bassiste Gordon Moakes est l’assise du groupe), Okereke est sur un tapis rouge pour chanter ses tourments amoureux ou angoisses existentielles. « Halo », « Mercury » ou l’infernal « Hunting for the witches » sont quelques-unes des salves d’un concert en crescendo traversé par des éclairs de tension et des secousses sismiques où le guitariste Russell Lissack s’est avéré fin, subtil et foutrement inspiré.
Bien sûr, on n’assiste pas à quelque chose de foncièrement révolutionnaire musicalement mais l’efficacité et la force de frappe déployées ne sont pas les seuls atouts de Bloc Party. Leur talent intrinsèque, inné et quasi génétique y est pour l’essentiel.
Bloc Party sera le vendredi 3 juillet 2009 à Rock Werchter sur la scène principale.
PHILIPPE MANCHE
omer de.
14 février 2009 à 1 h 17 min
quasi-génétique ???
que voulez-vous dire ?
the chroniqueur est le biographe musical belge de carla bruni
celui qui voit un point commun avec ceci a gagné une glace :
A faire circuler !
À la suite du licenciement arbitraire de quatre journalistes, dont la rédactrice en chef, du principal hebdomadaire belge francophone d’actualité, Le Vif-L’Express (groupe Roularta), une « carte blanche » (texte ci-dessous) a été rédigée par l’Association des journalistes professionnels et par des enseignants universitaires responsables des principales écoles de journalisme à Bruxelles et en Wallonie.
La publication de ce texte a été refusée par les rédacteurs en chef des deux quotidiens de référence en Belgique francophone, Le Soir et La Libre Belgique , deux organes de presse qui, par ailleurs, se posent en promoteurs du dialogue et du débat au sein d’une société ouverte. Le motif invoqué était que certains des constats mentionnées dans le texte pourraient s’appliquer à ces quotidiens eux-mêmes. Telle n’était pas l’intention des auteurs de la « carte blanche », mais il est révélateur que des rédacteurs en chef renommés croient déceler des mises en cause dans toute réflexion sur la gestion actuelle des médias d’information. Comme d’autres avant elles, les directions de ces médias, pourtant promptes à porter des jugements sur les attitudes des autres détenteurs de pouvoirs, se refusent à tout questionnement public sur leurs propres pratiques et préfèrent l’autocensure voire la censure. Ce faisant, loin de conjurer la crise structurelle qui frappe leurs entreprises, elles démontrent à quel point leur conception managériale de l’information en est l’un des éléments-clés.
Les auteurs de ce texte sont tout aussi consternés par cette dérobade que par les faits qui ont motivé la rédaction de cette « carte blanche ». Contournant ce refus d’ouvrir – à peine ouvrir ! – une confrontation d’idées sur des questions essentielles, nous avons entrepris de faire circuler cette « carte blanche » par tous les moyens disponibles. Nous vous invitons à diffuser largement ce texte. Sa circulation démontrera la vanité de toute tentative d’étouffer le débat sur l’avenir du journalisme dans notre société.
Jean-Jacques Jespers
École universitaire de journalisme de Bruxelles
ULB CP 123
Avenue F.D. Roosevelt 50
B-1050 Brussels
Mailto : Jean-Jacques.Jespers@ulb.ac.be
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Un journalisme mis au pas
Le brutal licenciement signifié sans motif, le jeudi 22 janvier, à quatre journalistes chevronnées de l’hebdomadaire Le Vif /L’Express n’est pas qu’une péripétie douloureuse au sein d’une grande entreprise, comme il s’en déroule hélas chaque jour dans le pays. La mise à l’écart de collaboratrices qui comptent jusqu’à vingt ans d’ancienneté au sein du magazine, et qui en ont forgé les valeurs autant que la réputation, relève en l’occurrence d’une épuration dont les intentions manifestes sont inquiétantes pour la liberté rédactionnelle du Vif en particulier et pour le journalisme en général.
Le directeur du Vif/L’Express, qui s’était déjà signalé antérieurement à Trends/Tendances par une propension à distribuer des C4, et qui en est, au Vif, à 6 licenciements, 2 départs et 2 déplacements imposés, l’a précisé lui-même : aucune raison économique ne l’a poussé à congédier la rédactrice en chef et 3 rédactrices spécialisées l’une en politique intérieure, l’autre en sciences, la troisième en culture. Invoquant des relations dégradées entre l’équipe de rédaction et la rédactrice en chef, la direction – qui n’a pas réussi à résoudre ces problèmes – a choisi la manière la plus radicale d’y mettre fin. Le prétexte est non seulement léger mais, en outre, il ne concerne pas toutes les journalistes concernées.
La valse des licenciements, entamée au Vif voici bientôt trois ans, traduit en réalité une obsession constante : mettre au pas la rédaction du premier magazine d’information générale de la Communauté française, qui avait précisément fondé sa crédibilité sur une totale indépendance d’analyse et de jugement, tant à l’ égard de ses propres actionnaires – le groupe flamand Roularta– que vis-à-vis des différents pouvoirs, politiques comme économiques, de la société belge.
Durant plus de deux décennies, Le Vif/L’Express a pu défendre un journalisme exigeant, soucieux d’abord de la pertinence et de l’utilité, pour ses lecteurs, des sujets qu’il abordait. Au nom de cette éthique, il pouvait parfois estimer nécessaire de fâcher un annonceur, de heurter un ministre ou de consacrer une couverture à un thème moins vendeur.
Tout cela n’est plus allé de soi dès l’instant où, inquiétée par une légère érosion des ventes, la haute direction de Roularta s’est laissée convaincre qu’il fallait remplacer les journalistes expérimentés, couper les têtes qui dépassent, et faire de la docilité aux impératifs économiques de l’entreprise un credo admissible.
L’éditeur du Vif n’est pas le seul à déposséder ainsi la rédaction de sa capacité à penser ses priorités et à définir ses champs d’action. En Belgique comme à l’étranger, trop d’entrepreneurs de presse choisissent, parfois sous le prétexte des difficultés économiques, d’appauvrir les contenus, de réduire les effectifs, de se priver de plumes critiques et d’esprits libres, de mettre au placard des talents fougueux, et de préférer des chefs et sous-chefs soumis.
Le Vif n’est pas le seul, mais il est l’unique hebdomadaire d’information générale largement diffusé en Communauté française. Ceux qui l’épuisent aujourd’hui de l’intérieur portent à cet égard une responsabilité devant l’ensemble de l’opinion.
A l’inquiétude pour l’avenir de ses journalistes chassés, mais aussi de ceux qui restent, s’ajoute la stupéfaction face à la brutalité sociale : convoquées un soir par un SMS sur leur portable, les quatre licenciées ont été renvoyées sur le champ de grand matin, avec interdiction formelle de repasser par la rédaction pour emporter des effets personnels. Deux heures sous surveillance leur ont été concédées, le samedi suivant, pour cette besogne. De quelle faute gravissime, de quel délit, ces quatre là étaient-elles donc coupables pour mériter un tel mépris ? Rien ne justifie une telle violence dans les relations sociales, qui en l’occurrence se double d’un réel mépris pour le droit du travail et contraste avec l’image de la paisible entreprise familiale qu’aime à se donner Roularta. La réaction de la Société des Journalistes du Vif – qui observait dès jeudi un arrêt de travail – comme le soutien inconditionnel de l’Association des Journalistes Professionnels et des syndicats, indiquent que la limite de l’acceptable a été franchie.
La crise financière, la chute des revenus publicitaires, la diversification technologique des médias et les investissements qu’elle réclame ne pourront jamais justifier à nos yeux que le journalisme soit réduit à sa seule valeur économique, que les journalistes ne soient plus les chiens de garde de la démocratie mais seulement des petits soldats zélés chargés de vendre des contenus formatés pour les impératifs commerciaux à court terme.
Nous avons besoin de rédactions expérimentées, en effectif suffisant, libres et indépendantes. Comme nous avons davantage besoin de matière grise, d’expertise, de culture et de réflexion journalistique étayée que de mise en scène spectaculaire de papiers vulgarisés à l’extrême pour plaire au plus grand nombre. Les comportements de certains managers et les plans d’économie concoctés au nord comme au sud du pays ne vont pas dans ce sens. Maintenons à nos médias leurs capacités intellectuelles : respectons les journalistes !
– Pascal Durand (Information et communication, ULg)
– Benoit Grevisse (Ecole de journalisme de Louvain, UCL)
– François Heinderyckx (Information et communication, ULB)
– Claude Javeau (professeur honoraire à l’ULB)
– Jean-Jacques Jespers (Ecole universitaire de journalisme de Bruxelles, ULB)
– Hugues le Paige (revue Politique)
– Martine Simonis (secrétaire générale de l’AJP)
– Marc Sinnaeve (Département de journalisme, IHECS)
C.Pt
14 février 2009 à 20 h 43 min
Cher Omer De.
Vous devez avoir dix trains de retard. Si Le Soir n’a pas publié in extenso la carte blanche que vous croyez bon de reproduire dans son intégralité, nous avons de notre c^toé consacré une page complète au sujet, dans laquelle nous faisons écho à la carte blanche et aux questions qu’elle pose.
Par ailleurs, Le Soir a publié, quelques jours plus tard, une carte blanche des trois journalistes du Vif licenciées.
Alors venir prétendre que Le Soir n’a rien publié, et vouloir démontrer – quoi d’ailleurs?
D’autant que, par ailleurs, Philippe Manche n’est l’auteur d’aucune biographie de Carla Bruni.
Bàv
Philippe Sadre
18 février 2009 à 0 h 46 min
J’ai été voir le vendredi, je ne pourrai donc pas juger de la critique du concert de jeudi.
Une petite correction néanmoins: Bloc Party était présent au Pukkelpop 2004, ce qui marquait probablement sa première prestation sur le sol belge.