Thiéfaine et son « best hier »

thiefaine.jpgC’est le 23 mars prochain que sortira l’anthologie de Hubert-Félix Thiéfaine, un best of saluant 30 ans de musique, intitulé « Séquelles » et pour l’occasion agrémenté d’un inédit (« Annihilation »). L’édition collector sera complétée par un livret pour lequel le Jurassien sollicite ses fans.

En fait, rien de bien compliqué… Si l’envie vous y pousse, en 200 mots maximum, vous rédigez en quoi le bonhomme vous a laissé des séquelles. Un concert, une chanson, un album à commenter ? Allez-y, postez votre texte sur son nouveau MySpace avant ce 18 février, et priez Sainte Lilith pour qu’il fasse partie de ceux qui trouveront grâce à ses yeux. Sinon, ben, vous aurez cogité et gribouillé für nada.

« Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir », c’était son premier album, c’était en 78. En janvier 2006, je me retrouvais face à Thiéfaine, intercepté dans les bureaux de Sony désormais Sony-BMG pour la sortie de « Scandale Mélancolique ». Petit florilège, comme on dit, à propos d’être créatif face à la page blanche…

Quand vous écrivez, est-ce parfois aussi amusant que ce qui en sort ?

Ça dépend des périodes. J’écris pas toujours, mais je prends des notes tout le temps. Aujourd’hui, avec les petits ordis portables, c’est plus facile d’écrire un peu partout alors qu’avant, je pouvais pas me relire parce que j’écrivais dans le train ou dans une voiture, parfois la nuit. Ou quand vous êtes dans des états un peu bizarres… Ou quand vous croyez écrire sur la nappe et que vous la déchirez, vous vous apercevez que c’est sur le bois de la table que vous avez écrit. Ou vous emmenez la table, heu, non, vous pouvez pas.

Bref, c’est difficile…

Quand je commence à avoir des musiques d’avance, il faut qu’il y ait une envie souterraine d’écrire. Donc j’ai des rendez-vous d’écriture… Encore que j’aime bien plus ou moins tenir un journal… Mais dès que je rentre en écriture, c’est dur parce que j’ai perdu le coup de patte. Il faut alors que je cherche les deux premiers morceaux d’un album, c’est très dur, ça me prend parfois trois mois, alors que parfois, en un mois, je peux en écrire six…

Ouais…

Mais une fois qu’on a réussi à retrouver cet amour des mots, on ne s’arrête plus. On me dit « Du calme, t’as trois mois pour faire un album », ou « Arrête d’écrire, on va entrer en studio, maintenant », mais je ne peux plus, il y a un tel plaisir, et les mots sortent tout seuls. Même si c’est la page blanche pendant un mois, il y a quand même un travail intérieur qui se fait, qui est inconscient.

Le déclic, c’est quoi alors, pour que la page se noircisse ?

Aaah, le déclic, c’est quand j’ai écrit 35 versions de la même chanson. Dès que je me dis qu’il faut passer à une autre, avant de revenir sur celle-là. C’est ça qui est bien avec le traitement de texte : on peut tout mettre de côté, on relit les deux ou trois premières versions, mais le fait d’en avoir essayé 32 autres permet tout d’un coup de partir en vrille. Enfin, pas en vrille, mais boosté à fond. Et c’est là qu’on prend vraiment du plaisir à écrire, parce que les phrases les plus lumineuses sortent toutes seules. Il n’y a plus cette recherche… C’est comme dans l’agriculture : il y a un moment où on laboure la terre, on sème, on attend que ça pousse, il ne se passe rien pendant un mois, et puis une fois que ça a poussé, on récolte.

Didier Stiers

www.myspace.com/thiefaine


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