Jay Reatard stakhanoviste punk

Le concert de ce samedi 14 mars au Recyclart ayant été annulé dans des circonstances relativement obscures, il fallait pousser une pointe, dimanche, à Anvers ou attaquer les pavés, lundi, jusque Roubaix pour découvrir en chair autant qu’en os le phénomène Jay Reatard.

Un buzz web nullement usurpé. Un rockeur chevelu de Memphis préférant de loin les Ramones à Elvis.
Dans la Cave aux poètes, minuscule salle aux très bas plafonds où ne pourraient jouer sans se tordre le cou quelques grands formats de la scène indé (on pense à l’échalas Angus Andrew des Liars) et où le crowdsurfing n’a pas à être banni puisque tout bonnement impraticable, les trois Bruxellois d’Elvis’ Ghettoblaster ouvrent le feu dans une chaleur moite. La voix de John John Bretzel a parfois bien du mal à couvrir le déluge et si Elvis n’égale pas sur scène ce qu’il donne sur disque, on adore les chansons de son dernier album « Love is a schizophrenic hungry monster ». On ne le répétera jamais assez l’un des tous meilleurs disques belges de 2008.
A l’entrée de la Cave, les maîtres des lieux recommandent les bouchons d’oreilles. Jay Lindsey (c’est ainsi qu’est né Reatard le 1er mai 1980) a prévenu qu’il jouerait fort. Très fort. Et il n’a pas menti. Flanqué d’un batteur au look de bûcheron et d’un bassiste fêlé coiffé comme Buzz Osborne des Melvins, le stakhanoviste du rock indé ricain (il a plus d’une vingtaine de disques à son actif enregistrés sous le nom des Reatards, Final Solutions, Nervous Patterns, Lost Sounds et autres Bad Times) balance ses petits hymnes punk braillards avec une rage jamais contenue.

Le bonhomme n’est pas franchement causant. Que ce soit avec le public ou ceux qui ont assuré sa première partie. Tout au plus hurle-t-il le titre de ses chansons avant de faire gueuler les enceintes. Le lascar a la tête dure et relègue aux oubliettes le côté plus pop de ses hautement recommandables Matador singles 08. La preuve pourtant qu’on peut encore sans honte se prendre pour un punk en chantant le matin dans son pommeau de douche.
Quarante minutes, les cheveux dans les yeux et le pied au plancher… On croit distinguer « Always Wanting more » craché comme de la bile dans une version instrumentale.
Alors que la température est encore en train de monter, Jay se taille sans rien dire. Se fendant un chemin au milieu d’une assistance pantoise, groggy, tout en laissant pendant une poignée de secondes ses deux sbires terminer le boulot. On ne le reverra pas. Tant pis. Reatard est peut-être bien ce qui est arrivé de mieux au rock ces dernières années. Comment ne pas adorer un mec qui prend son bain dans des vinyles ?

Julien Broquet

http://www.myspace.com/jayreatard 


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1 commentaire

  1. marc jacobs

    16 mars 2009 à 22 h 19 min

    julien,
    la prochaine fois, avant de parler de raisons obscures d’annulation, appelle moi pour avoir l’info!

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