Du talent, le vénéneux troisième album Infernal heights for a drama en témoigne, aMute en a à revendre à l’image des huit compositions troublantes et faussement calmes comme des chansons sous la neige.
aMute, la formation emmenée par le Montois Jérôme Deuson (28 ans au compteur), ne doit son succès, entre guillemets, qu’à son talent et sa débrouillardise. Et du talent, le vénéneux troisième album Infernal heights for a drama en témoigne, aMute en a à revendre à l’image des huit compositions troublantes et faussement calmes comme des chansons sous la neige.
Derrière cette apparente simplicité, et comme chez Mogwai, par exemple (« sans leur pathos » précise Jérôme), aMute revisite un thème ou une boucle en y ajoutant des couches et des strates toute en retenue mais non sans tension et violence sourde.
Lorsqu’on fait remarquer à Jérôme que la musique de aMute est tout sauf Belge, l’intéressé n’est même pas surpris par notre constatation. « C’est ce que tout le monde nous dit » sourit le jeune homme. « On nous imagine Canadiens, sans doute parce que nos deux premiers albums sont sortis sur le label Intr-Version ou qu’on nous assimile à la scène montréalaise dans la mouvance de Silver Mount Zion. »
L’album de la consécration ?
Avant cet entêtant et lancinant Infernal heights for a drama, Jérôme Heuson n’a pas ménagé son énergie et a emmené aMute en Allemagne, Ecosse, France, plusieurs fois au Canada et même à l’affiche du Sonar, le prestigieux festival à Barcelone. « C’était avec nos deux premiers disques, qui étaient beaucoup plus atmosphériques et c’est vrai que c’est rigolo de se dire que nous sommes plus connus à l’étranger que dans notre propre pays. »
Pour ce troisième album qui devrait être celui de la consécration ou en tout cas devrait permettre à aMute de jouer sur la scène du Pukkelpop, par exemple, le projet de Jérôme Deuson s’est étoffé. Aujourd’hui, aMute est un véritable groupe où, outre son leader qui chante derrière son laptop avec sa guitare en embuscade, Samuel Volan (basse), Thomas (guitare et claviers) et Stéphane Fédèle (batterie) dessinent une musique résolument organique, moderne et insidieuse.
Ah oui, Jérôme Heuson est également le fondateur de l’exigeant label Stilll (www.stilll.org) qui bénéficiera d’une soirée de gala lors du festival Domino à l’Ancienne Belgique le 11 avril où aMute sera bien évidemment à la fête. Mais pour l’heure, et pour 5 euros, le groupe présentera son nouvel album ce samedi 21 mars au Botanique.
Album Infernal heights for a drama (Stilll ; distr. PIAS). Infos wwwamute.net.
PHILIPPE MANCHE