Antony and The Johnsons étaient au Bozar lundi soir. Celui qui fut révélé chez nous via sa participation bouleversante dans Wild Side de Sébastien Lifshitz poursuit sa triomphale tournée européenne dans la foulée de The crying light, troisième album enchanteur.
Critique
En ce lundi de Pâques, la grande foule arpente gaillardement le trottoir du Palais des Beaux-Arts. Dans quelques minutes, la formation américaine Antony and The Johnsons transcendée par la voix d’ange de son leader Antony Hegarty sera sur la scène bruxelloise quelques semaines après avoir conquis la salle Reine Elisabeth à Anvers. Celui qui fut révélé chez nous via sa participation bouleversante dans Wild Side de Sébastien Lifshitz poursuit sa triomphale tournée européenne dans la foulée de The crying light, troisième album enchanteur.
Il est un peu plus de 20h20 lorsque le groupe se pose sous une salve d’applaudissements. Mais avant la star du jour, le public a eu droit à une performance de Johanna Constantine, vieille copine d’Antony avec qui il fonda, au début des années nonante le collectif Blacklips, groupe de drag-queen qui s’illustre aux joies du théâtre expérimental. C’est le mot, oui.
À droite de la scène, donc, quatre musiciens, sorte de quatuor de multi-instrumentistes (violon, violoncelle, clarinette, guitare sèche, saxophone…), brandissent archets et guitare tandis qu’un batteur et un bassiste se tiennent plus en retrait. Et à gauche, derrière son piano, dans une semi-obscurité, Antony Hegarty. Celui-ci est totalement habité par ses chansons, dodeline la tête ou regarde le plafond, quasi en lévitation tandis que ses longs doigts caressent les touches noires et blanches de son magnifique piano noir.
Les réécritures des morceaux par son groupe sont intéressantes. Le spectateur oscille entre quiétude et recueillement. Le temps semble suspendu dans la salle où l’on n’entend même pas un murmure à l’exception du bruit de flashs de spectateurs peu scrupuleux.
Si Antony est né en Angleterre, son univers musical reste typiquement américain voire new-yorkais. Pour preuve, les interventions très free du saxophoniste à la James Chance, quelques lignes de guitare chères à Arto Linsday où une batterie parfois sèche comme celle de Moe Tucker du Velvet Underground.
Et puis Antony ne manque pas d’humour, fait référence à Pâques en précisant qu’il est une sorcière ou non un chrétien, nous convainc que Jésus aurait dû être une femme, s’interrompt lorsqu’il se trompe dans un morceau et demande d’allumer la salle afin de voir son public ou s’inquiète qu’un spectateur soit tombé du balcon lorsqu’un bruit venant du fond déchire l’air. Antony explique aussi joliment la genèse de la chanson « Crying light », dédiée à la figure emblématique du théâtre butô, Kazuo Ohno.
Si on apprécie le naturel, le charme et le caractère spontané du chouchou de Lou Reed, ses longues interventions parlées desservent un chouïa l’intensité d’un concert qui tutoiera les étoiles en fin de partie avec cette version déchirante de « You are my sister » qu’Antony chantait en duo avec Boy George sur I am a bird now. Antony reviendra cet été en Europe pour huit concerts exceptionnels avec un orchestre symphonique mais rien ne semble prévu actuellement chez nous…
PHILIPPE MANCHE
http:\\www.antonyandthejohnsons.com
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Pagaille
15 avril 2009 à 18 h 44 min
Bonjour,
Voilà une “critique” bien convenue, je trouve.
J’avais beaucoup d’attente pour la première fois que j’allais écouter Antony sur scène, après avoir été comme beaucoup tout à fait conquis par son premier album…
Ma déception a été immense. Le gaillard, à mon sens, n’a soit pas envie de jouer, ou pire, cette tournée ne ‘fonctionne’ pas. A lire (souvent entre les lignes) les critiques de ses concerts passés, il semble que le même scénario se répète chaque soir : un Antony qui massacre sciemment ses chansons, qui se moque de lui-même,… mais surtout de son public.
Rien, absolument rien de l’émotion qui émane des ses albums studio.
Torturé pour certains, pâle caricature de lui-même pour d’autres, le résultat est le même : une pauvre et désolante “performance” qui n’arrive pas à la cheville de ses albums. Et cette madame qui officie en guise d’apéritif résume bien d’ailleurs bien la soirée.
Je soupçonne la critique, et une bonne partie du public d’ailleurs, d’applaudir par convention, par respect du maître, et je veux bien le comprendre. Mais lorsque c’est mauvais, et je pense en essayant de rester le plus objectif possible que c’est le cas, il faut pouvoir le dire, l’écrire, l’exprimer.
Pour ma part, je tout simplement sorti après une heure de ce mic-mac. Ecoeuré.
Antony, si une tournée ne marche pas, si la sauce ne prend pas, personne ne vous en voudra de vous être abstenu de tourner.
Ne le faites pas, par respect pour votre public et pour vous-même. Bashung par exemple est resté silencieux pendant de longues années, il en est pourtant sorti par la grande porte.
Pagaille
PS/ Un flash est un appareil émettant de la lumière… Mais pas de son 🙂
Pagaille
15 avril 2009 à 18 h 54 min
Voici d’ailleurs une critique du Morgen qui me paraît beaucoup plus terre-à-terre…
http://www.demorgen.be/dm/nl/1343/Recensies/article/detail/791945/2009/03/24/Antony-and-The-Johnsons-mist-magie-in-Antwerpse-Elisabethzaal.dhtml