Le festival Domino s’est tu mardi avec la pop expérimentale de Micachu et le groove irrésistible du Whitest Boy Alive (Erlend Oye). On attend déjà l’année prochaine en trépignant.
C’est la hype anglaise de l’indé. Elle s’appelle Mica mais c’était déjà pris. Alors elle y a ajouté un Chu comme le font souvent ses amis rappeurs. Mica Levi n’a rien d’un ersatz. Elle laisse ce boulot à Sliimy. Elle, elle fait dans l’original, le décalé, le déstructuré, l’étrange, le bizarre, le bordel savamment organisé. Elle mitonne une pop artisanale dissonante, fofolle et fébrile.
Mardi soir, accompagnée des Shapes, un batteur et une jolie claviériste chipoteuse, Micachu donne son premier concert belge sur les planches de l’AB. La protégée de Matthew Herbert y présente son premier album, Jewellery, armée d’une bonne humeur et d’un entrain tranchant franchement avec sa musique sèche et obsessive. La petite Anglaise s’excite sur sa mini guitare. Tout en rupture. Le son est cracra. Björk est fan. Et nous aussi.
Mais tout le monde ou presque, ce soir, a acheté son ticket pour The Whitest Boy Alive. Le projet berlinois faussement électro du Norvégien Erlend Oye. Clavier, guitare, basse, batterie… Old school, le grand binoclard de Kings of convenience et sa clique jouent tout sous nos yeux. Ils n’aiment pas le préenregistré réchauffé. Et c’est ce qui fait leur charme. Comme cette faculté à amener de petites vignettes pop a priori inoffensives sur le terrain brûlant des boîtes.
Alors que ses disques se prêtent à un mojito ou un cuba libre relax en terrasse, ses concerts nous emmènent sur la mauvaise pente. Celle des nuits blanches. Au Pukkelpop et à Dour, le garçon pâlot nous avait déjà mis sur le cul. Bluffé, les jambes fatiguées. Avec Rules, son deuxième album, entraînant, remuant, facile et malin, il nous met définitivement dans sa poche. Celle d’un Erlend Oye kangourou, grand gourou, sautillant naïvement tel Skippy aux quatre coins de la scène. Sa scène.
Chant pur, basses rondes, guitares cristallines… Les trois mousquetaires (eux aussi sont 4) ont un groove du méchant. Ils reprennent le Show Me Love de Robin S (à ne pas confondre avec celui de Robyn), un des hymnes dance les plus populaires d’Angleterre, et intègrent à leur set une relecture du « Around the world » cher à Daft Punk. Le tour du monde se doit d’être triomphal. Le Whitest Boy Alive mérite mieux qu’un succès posthume.
J.B.
Micachu : « Jewellery » (Rough Trade).
The Whitest Boy Alive : « Rules » (Bubbles Records).