The Names : le retour du fils de la vengeance

frontstage-names.jpgAprès un album et 25 ans de silence, The Names revient aux affaires. Le groupe bruxellois, né à l’époque où l’on parlait encore de new wave, de post punk et certainement pas de téléchargement (payant), étrennait hier ses nouvelles compos dans les caves de Tour & Taxis.

The Names, vous connaissez peut-être de nom (je sais, je sais : même à l’Almanach Vermot, ils me l’ont refusée). Mais si ce n’est pas le cas, apprenez qu’il s’agit du seul groupe belge à avoir été signé sur le mythique label Factory, celui des Joy Division, Cabaret Voltaire, A Certain Ratio, New Order et autres Happy Mondays. La collaboration débute trois ou quatre semaines après le décès de Ian Curtis, Nightshift aura l’heur de plaire aux gros magazines musicaux anglais du début des années 80… Ce jeudi soir au Festival du film fantastique de Bruxelles, leur post punk mâtiné de claviers et de mélancolie sur disque a pris des accents plus rock, nouvelle section rythmique aidant. En octobre, les Names s’embarqueront dans une mini-tournée italienne. Et début avril, Michel Sordinia, chanteur du groupe mais critique ciné dans une vie parallèle, racontait ceci…

Il y a quelques trous, dans la chronologie du groupe…

Il y a un gouffre ! On a commencé en 77, arrêté en 83, et puis il n’y a plus rien eu. Sauf un « faux » album des Names en 97, sorti sous le nom de Jazz. On avait trouvé malin de ne pas se reformer tels quels, de faire les choses un peu différemment. C’était une mauvaise idée, et en même temps pas tant que ça parce que j’étais complètement pris par mon boulot et mon rôle de jeune papa, ce qui fait qu’on aurait quand même arrêté. Du coup, la parenthèse a duré 25 ans, et on a reformé le groupe un peu avant la Factory Night (Ndlr : 15 décembre 2007, Plan K).

Une question d’envie ? Pas pour l’argent comme les Rolling Stones ?

Ouais ! (rires) Non… Non, l’envie était évidemment là. En 2005, avec deux amis, on a donné un petit concert chez moi à l’occasion d’une fête. On a joué d’anciens morceaux, des covers, et on a trouvé ça gai. Après, j’ai recommencé à composer avec une réelle envie. Et comme ma fille débutait au piano, j’avais un vrai piano à la maison pour travailler, ce qui était nouveau. En même temps, ce n’était pas si simple : Christophe (Ndlr : Den Tandt, claviers) est prof en germanique, Marc (Ndlr : Deprez, guitare) a des responsabilités au Ministère des affaires économiques, et tu sais que nous sommes dans des métiers où il y a toujours beaucoup à voir et à écrire.

Quel a été le déclic ?

Il y en a eu plusieurs. J’étais allé voir John Cale à l’AB, pour le concert le plus rock de tous ceux que j’ai vus de lui. Le pote qui était avec moi m’a dit : « Quand tu penses qu’il a 63 ans ! »… J’ai compris, vu aussi son public ultra mélangé, qu’il n’y avait plus du tout cette exclusive qui, pour ma génération était très grande, de dire qu’il y a un âge où on arrête. Et que quand on a arrêté, il y a un âge où on ne revient pas. Un autre déclic a été la proposition de Frédéric Coton de participer à la Factory Night. J’ai vu les autres le soir même et je leur ai dit que j’avais accepté. « Ah bon, et comment on va faire ? » J’ai dit : « On va faire ! » On a commencé à répéter, on a pris deux musiciens que Marc connaissait pour jouer avec eux dans un groupe de covers, et on s’est rendu compte qu’on travaillait vite et bien.

Dans quel état d’esprit a été conçu « Monsters next door », le nouvel album ?

A nos âges, quand on a envie de quelque chose, la détermination est évidemment très grande, la motivation est d’autant plus grande que nous avons moins de disponibilités, et le plaisir est décuplé. C’est ce que donne la maturité. A vingt ans, faire un groupe, c’était normal. A l’époque, nous avions envoyé un disque chez Fiction et nous en avons remis un à Rob Gretton quand Joy Division est venu jouer au Plan K : les deux ont accepté, et nous avons choisi Factory parce qu’il y avait Martin Hannett derrière, et leur philosophie politisée anti-commerciale qui nous plaisait. C’était un label d’artistes, quoi. Du coup, aujourd’hui, au lieu de simplement se reformer, on se reforme et on intéresse des gens. C’est un privilège. Maintenant, on reste raisonnables, même si le but est de jouer plus souvent. Et on va continuer à faire des disques.

Quand vous chantez « the days are gone », sur ce disque, ce n’est pas un peu de la nostalgie ?

Le texte est en partie constitué de titres des chansons des Passengers, la première version des Names. Il y a là un petit jeu de piste, entre des trucs qui n’ont jamais été publiés, sauf The plan de Richard Hell, qu’on jouait à l’époque. Pour le reste, ce n’est même pas une nostalgie, c’est un constat : voilà, c’était là, et ces onze titres qui n’ont jamais été enregistrés existent maintenant sur disque. C’est vrai que refaire de la musique est une manière de faire un pied de nez à l’âge, mais là où c’est hallucinant, c’est la scène. On joue une dizaine de morceaux de l’époque (Ndlr : au Bifff, on a notamment eu droit à Nightshift, Calcutta et The astronaut), avec une ferveur qu’on n’avait sans doute pas alors. Et là, d’un coup, c’est comme si on voyageait dans le temps.

Didier Stiers

– www.myspace.com/thenamesofficialwebsite

– « Monsters next door » (Str8line)

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