Benabar en zone libre au printemps de Bourges

Emily Loizeau (PHOTO AFP)Les salles sont pleines pour cette trente-troisième édition d’un festival qui accueillait, mercredi, Bénabar, Sammy Decoster et le rap français.

BOURGES

DE NOTRE ENVOYE SPECIAL

A l’heure où la plupart des promoteurs de concerts sentent, chez nous comme ailleurs, une baisse de fréquentation des salles, ce premier gros festival de l’année peut servir d’indicateur sur la saison à venir. Les organisateurs “ estivaliers “ peuvent donc se rassurer : le Printemps de Bourges affiche une mine réjouie dès son ouverture, mardi, par le concert de Ben Harper qui a attiré six mille personnes sur son seul nom, avant même la sortie, lundi prochain de son nouvel album. Et mercredi, tant Bénabar que l’affiche rap réunissant les poids lourds Kery James et Rohff ont fait de même. La capitale du Berry bénéficie d’une météo idyllique – en plus des vacances de Pâques – et c’est tout bénéfice pour sa programmation qui ne fait pas dans la facilité pour autant.

L’Auditorium de près de 500 places était également rempli pour une affiche éclectique réunissant des artistes talentueux mais aux ventes de disques modestes. A commencer par la découverte lilloise de l’année : Sammy Decoster. En trio, avec son bassiste et un batteur, le jeune cow-boy du nord nous a emmené dans le Nouveau-Mexique, sur le traces de son album Tucumcari, en compensant l’absence des arrangements raffinés du disque par une belle énergie brute aussi prenante en français qu’en anglais. Jusqu’au final par une reprise country d’Hank Snow.

Lui succédait sur scène le Burkinabé Victor Démé qui mériterait amplement une carrière à la Cesaria Evora. Cela fait trente ans qu’il chante – dans des clubs ivoiriens, aux maquis de Ouagadougou, à la radio – mais il n’a publié que l’an dernier son premier album. Sur scène, entouré d’un tout bon groupe – kora, guitares, percussions – le bluesman mandingue à la voix haut perchée nous restitue le meilleur d’une musique touchant aussi bien à la morna capverdienne qu’au boléro cubain ou au folk américain. Qu’attendent Couleur Café ou Esperanzah pour l’inviter ?

Pour clore cette triplette finalement pas si hétéroclite que ça, le lutin Mathieu Boogaerts a une fois de plus trouvé de belles idées de mise en scène pour ses chansons lunaires. Un peu comme Albin de la Simone dans le même genre. Ici, la scène est vide, à l’exception d’une batterie mobile sur roulette. Pas de câbles, pas de retours scène, pas d’instruments : Mathieu, son bassiste et son claviériste ont tout sur eux pour un concert à l’ère du wifi qui soigne les éclairages et même la mobilité grâce à des tennis sur roulettes. Avec ce concert très électrique malgré tout, Mathieu nous invite sans mal dans son monde original où ses mots doux ont tout autant d’importance.

Pendant ce temps-là, au chapiteau Phénix – la plus grande salle du festival – Bénabar assurait sans peine son statut de tête d’affiche. Après la tournée hivernale des salles de moyenne capacité, il attaque les grands espaces avec une scène faite pour sa passion : le jogging musical. Il saute, il fait des bonds, il galope, il chante et taquine son public “ provincial “. Un public qui déborde du chapiteau et en redemande. Rien n’est à jeter, il est vrai, dans une prestation parfaitement rôdée.

Au même moment se terminait la première soirée rap du festival. Kery James et Rohff ont fait le plein avec leur rap orthodoxe, pur et pas trop dur, devant une partie du public qui n’eut pas la tolérance d’accueillir le groupe d’ouverture, Zone libre, autrement que par des sifflets, des doigts levés et des jets en tout genre. Ce groupe, qui croise rock plutôt hard et rap, est pourtant imaginatif et créatif. Formé par le guitariste de Noir Désir, Serge Teyssot-Gay, une solide section rythmique, la rappeuse Casey et Hamé de La Rumeur, Zone libre fait fort et lourd, avec des riffs aussi assassins que les textes. Il ne reste plus qu’à espérer que les énergumènes qui n’ont rien compris n’iront pas beugler “ sale pute “ au concert d’Orelsan, samedi, que les organisateurs ont refusé d’annuler malgré les pressions du président du Conseil général qui s’en est servi pour un chantage aux subsides.

Et la soirée s’est terminée sur les scènes ouvertes comme celle où s’est produit, pour la première fois en France, Suarez qui, malgré un bon air-play radio du single “ On attend “, voit la sortie française de son album reportée à la rentrée. Ce qui n’empêche pas le groupe montois de travailler, avec Saule, sur le premier album de Stéphanie Crayencour. Ailleurs en ville, dans les cafés comme Les 3 P’tits Cochons, d’autres groupes belges servaient leur rock comme des flots de bière – sauf que la musique est gratuite – à savoir Pornorama, The Experimental Tropic Blues Band et Trifferfinger.

THIERRY COLJON

Bénabar sera à Couleur Café le 28/6 et à Spa le 20/7.

Sammy Decoster sera aux Nuits Botanique le 9/5 et Mathieu Boogaerts le 10/5.

Rohff sera à Couleur Café le 26/6.

Suarez sera à Spa le 18/7.


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1 commentaire

  1. zaza

    24 avril 2009 à 20 h 09 min

    Et les Hollywood Porn Stars, c’est du flan ? Quelle programmation mes enfants !

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