Hier soir dans un Cirque Royal décomplexé, les nuits botanique vous donnaient rendez-vous avec la chanson française populo-sarcastique : La Chanson du Dimanche et Anaïs. C’est un vrai élan festif qui s’est parsemé dans l’atmosphère, où tout semblait beau, coloré et jovial. Overdose de bonne humeur ? Équivalent à l’insupportable « Mon cœur, mon amour » d’Anaïs qui reste collé au système auditif à la moindre écoute ?
C’est la Chanson du Dimanche qui tout d’abord entre en scène, les deux énergumènes ressemblent à un mix entre un bourgeois-bohème et un hippie échappé de Woodstock. Leur trip, c’est la chanson populaire cocasse et humoristique, avec un soupçon de dénonciation. Le souci premier étant l’amusement. Le duo a déjà son public, très mélangé à l’image de la diversité des genres proposés. Ils passent du rock au zouk sans hésitation, reprennent du Souchon et du Francky Vincent en changeant les paroles et surtout font crier tout et n’importe quoi à la foule enjouée : « Vas-y Nico, c’est bon ! » ; « On nous Valérie Pécresse » ; « 8 200 200 ! ». Politique française, gardien de la paix, pouvoir d’achat, renseignements téléphoniques, Barack Obama … Tout y passe. Une sorte de revue de l’actualité et de la société actuelle en 1 heure chrono, tout ça avec le sourire. Le paradoxe entre les paroles souvent politiquement incorrectes et le contact entre les artistes et le public, qui ressemble plus à une représentation clownesque, avec des gamins qui écrasent les épaules de leurs parents pour réciter les paroles qu’ils connaissent par cœur…. Au fond peut-être, tout cela est une moquerie générale consciente, au fond surement c’est un peu comme si les Guignols de l’Info se transformaient en groupe de musique. Alors merci à vous, la Chanson du Dimanche, d’avoir ensoleillé ce triste mercredi.
Anaïs débarque 20 minutes plus tard, en compagnie de ses quatre acolytes. Le jeune public de la Chanson du Dimanche s’est quelque peu échappé. Ambiance pop-rock-folk gentillette, le ton est donné, les bras croisés et les pieds statiques prennent le pas. Un grand écran accompagne la chanteuse et son groupe, on y voit des animations qui illustrent ses paroles. Démarche originale mais à double tranchant, qui peut amplifier le côté « surdose de clichés et d’histoires de vie », à l’image des paroles du titre « le 1er amour », avec un gros cœur rouge qui éclate. Pas obligé de trop en faire pour être sarcastique.
Pourtant, car il faut un pourtant, ce petit bout de femme a un truc. A l’aise sur scène, elle improvise, écoute le public, ne joue pas dans la suffisance. L’impression que la où elle est la plus convaincante, c’est entre ses chansons … Car ce trop plein de je-ne-sais-quoi, c’est « beau mais c’est insupportable », ces chansons endormantes comme « elle me plaît » qui te met au bord de l’évanouissement d’ennui chronique.
Quelquefois, on dirait du Camille. Il faut le dire, l’instrument vocal d’Anaïs, c’est du solide. Capable de faire un solo de rap, de se transformer en chanteuse d’opérette kitsch ou encore de cultiver l’accent Irish dans « Pendant ce temps là en Ecosse ». Quand ses musiciens l’abandonnent et la laisse seule face à nous, c’est à ce moment là que l’artiste étale tous ses talents et sa personnalité authentique, dans un spectacle qui finalement ressemblait plus à un One-Woman-Show qu’à un simple concert.
Simon Even
http://www.myspace.com/lachansondudimanche
http://www.myspace.com/anaisinyourface
Anaïs, le 13.05 au Cirque Royal
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La Chanson du Dimanche, le 13.05 au Cirque Royal
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