Aux programme hier soir aux Nuits, deux formations prodigieuses : Ez3kiel et Bonobo, issues de deux labels massifs dans le monde de la musique électronique, Jarring Effects et Ninja Tunes. C’est une pluie lyrique et harmonique qui est tombée hier soir dans un Chapiteau qui l’instant d’une soirée a pu côtoyer les étoiles.
Un tour du monde en 60 minutes.
Dans une ambiance surchauffée et enfumée, l’humidité extérieure va rapidement se dissiper avec l’arrivée des Londoniens de Bonobo, produisants une musique machinale et humaine oscillant entre trip-hop, downtempo et electro-jazz. Bonobo, c’est à la base un producteur-bidouilleur qui confectionne sa musique avec des machines. Accompagné sur scène de musiciens et d’une chanteuse, le groupe nous transporte dès le départ dans un voyage initiatique, s’illustrant à travers un subtil mélange entre création électronique et world musique. Évasion garantie, le public est conquis, les yeux se ferment, les corps s’agitent. Une rythmique à la fois naturelle et technologique, qui nous transporte dans une jungle luxuriante, où les bruits environnants seraient des accords de jazz, de funk et de mélodies d’Orient.
Ez3kiel ensorcelle le Chapiteau.
Ez3kiel. Génie moderne qui crée sa musique à travers la diversité de l’Art. 22h30, la pluie continue de s’abattre sur les jardins du Botanique, les lumières du Chapiteau s’éteignent. Cinq extraterrestres débarquent sur une scène envahit d’instruments divers, batterie, clavier, basse, vibraphone, machines à samples etc. accompagnée d’un écran géant au fond, qui retranscrit l’identité graphique d’Ez3kiel en fonctionnant de manière complémentaire avec le son. Un véritable musée qui prend vie, chaque morceau est une œuvre d’art, avec des touches sombres, poétiques, enragées, douces. Au style inclassable, sans frontière, le groupe ne se fixe aucune limite, en éveillant romantisme, violence écorchée, naïveté et dureté. Sans un mot, les artistes déballent leurs créations d’un autre temps, les animations apparaissants à l’écran traduisent l’univers” Ez3kelien”, sorte de psychédélisme poétique mystique. Fascinant. Entre lyrisme, fragilité et finesse, le spectacle devant nos yeux ne ressemble pas à un simple concert, avec un mélange entre musique, peinture et cinéma. On se demande comment ces compositions majoritairement instrumentales peuvent autant accrocher et faire vibrer l’ossature. Leur attitude muette face au public ne choque pas, bien au contraire. La dimension mystique et magique est renforcée, comme si nous, spectateurs, nous étions discretement immiscés dans une bulle en apesanteur qui caresse les sens. Éloge poétique avec leur ” lac des signes” , le doux son du vibraphone parcours un chapiteau libéré, à l’écran une étrange figurine de chanteuse de bal a fait son apparition. Magique. Le temps s’est suspendu ce soir au Botanique, à l’issue d’une prestation subtile et féérique.
“Le lac des signes” – Ez3kiel (14.05.09, Nuits Botanique)
[youtube uq-kaXOR83I]
http://www.myspace.com/ez3kielmyspace
http://www.myspace.com/sibonobo
Simon Even