Mon conte en Suisse

Photo Bat For Lashes Alain DewezL’agencement façon salon lounge proposé cette année au Musée est une attention délicate quand s’y révèle « le secret le mieux gardé de Suisse ». Entendre et voir Sophie Hunger de près rend plus palpable encore la palette d’émotions véhiculées par « Monday’s Ghost », son dernier album en date.

Un secret, Sophie Hunger ? Nettement moins depuis qu’elle a accompagné Stephan Eicher en tournée, mais une artiste trop rare hors de chez elle quand même. Du coup, quand la chanteuse et ses musiciens s’installent en rond au milieu du public, entre les poufs, les chaises hautes et les fauteuils rouges, on savoure. Et elle de souligner avec une amusante spontanéité, dans un français pas élaboré (sic), que l’expérience est une première, que ça lui permet de voir enfin les visages de ceux avec lesquels elle joue… Vous ne verrez cela dit aucun cliché des sourires complices qui les ont plusieurs fois illuminés, ces visages : ce soir, c’était photographe non admis, comme Sophie l’a fait savoir à notre collègue dès l’entame de « Travelogue ». Mais où était-ce indiqué, ça ?

Après cette intro intimiste voix et guitare acoustique suit « Shape » et l’arrivée de quatre musiciens en question. Classieux, doués, précis… Ils vont se multiplier, nouant sous la voix de la Zurichoise, quelque part entre Suzanne Vega et Joni Mitchell, de délicats tapis sonores. Tantôt jazzy, tantôt plus folk, bluesy, parfois même presque rock. « Drainpipes » et autre « The Boat Is Full » installent leurs atmosphères prenantes. L’acoustique des lieux permet d’entendre jusqu’au dernier souffle de Michael Flury, le tromboniste.

Et puis, c’est Sophie Hunger elle-même qui s’assied au piano. Pour « Marketplace » d’abord, « Walzer Für Niemand » ensuite, accompagné à la guitare… Chaque titre s’impose par sa présence, y compris une reprise dont elle devient coutumière : quand elle entame « Le Vent Nous Portera », c’est un frisson qui parcourt le public, et des applaudissements nourris qui saluent sa version très personnelle, au moins autant chantée avec le cœur.

C’est donc avec une petite pointe de regret que je quitte le Musée. D’autant qu’après un peu plus d’une heure de concert, pas moins de six rappels vont venir clôturer cette première partie de soirée ! Tant pis, le devoir avant tout, et direction l’Orangerie, histoire de zyeuter le phénomène Bat For Lashes (notre photo). L’affiche annonçait un sold out : il faut être particulièrement filiforme pour arriver à se glisser dans la place.

Natasha Khan a son univers, c’est sûr. Entre le néo-hippie et le conte de fées vaguement inquiétant, à l’image de « What’s A Girl To Do » et son clip cyclo-animalier. Avouons-le : je m’attendais à quelques bougies ici et là. Seule une guirlande lumineuse emballe son clavier posé devant un lampadaire un peu ethnique. Sur scène, c’est vrai aussi, elle ne manque pas de sensualité, qu’elle chante « Siren Song » au piano ou revienne au milieu de son groupe essentiellement féminin pour « Sarah ». Quant au léger parfum de mystère supposé emballer musicalement son œuvre, il est distillé par ces bonnes vieilles ondes Martenot, plutôt que par ses quelques pas de danse rythmés au tambourin. Juste un peu too much…

Un seul rappel, c’est chiche, mais l’électropop et le tempo plus emballé de « Daniel » rappelle aux distraits, ou aux retardataires dans mon genre, que la formation britannique ne se complaît par forcément dans les ballades et les rêveries. Les lumières se rallument, la salle se vide. Certains ne manquent pas de s’arrêter au stand de merchandising. Entre les t-shirts en coton bio issu du commerce équitable, on découvre un cabas pour faire ses courses. Et pour 12 euros, le fan peut disposer d’une taie d’oreiller imprimée du logo du groupe et de quelques étoiles. Si, si…

Didier Stiers

www.batforlashes.com 

www.myspace.com/batforlashes

[youtube rH5ET0tPZHs]

http://www.myspace.com/sophiehunger 


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3 Comments

  1. benouwa

    16 mai 2009 à 21 h 39 min

    J’aurais vraiment aimer la voir ….
    Quel album 🙂

  2. zaza

    17 mai 2009 à 0 h 23 min

    J’étais, comme de coutume, invitée à ce concert de Mme Hunger : dommage que le vent ne l’ait pas portée jusqu’à la sortie, celle-là hahahahaha !

  3. michel

    17 mai 2009 à 7 h 38 min

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