La dernière Nuit, fraîche mais sans pluie, a répondu aux attentes. Dans l’Orangerie, l’affiche contemplait l’Amérique du Nord. Akron/Family, The Acorn et Great Lake Swimmers façonnaient ainsi la programmation la plus cohérente de cette édition 2009. Nul besoin de feu d’artifice pour clôturer le festival : hier soir, sans effet pyrotechnique, un groupe a allumé les esprits. Énorme.Au fond de la scène, un étrange drapeau américain veille sur les instruments. Les bandes rouges et blanches répondent aux conventions internationales. Les cinquante étoiles blanches, elles, ont fusionné en un tourbillon psychédélique infernal. Cet étendard est à l’image de la musique d’Akron/Family : une histoire condensée, sauvage et inspirée du rock américain. Les quatre New-Yorkais n’ont jamais attendu les modes pour se montrer inspirés. En ce sens, la soirée d’hier n’allait rien changer. D’abord, les trublions ne ressemblent à rien. Ni personne. Ils sont hors-cadre : de véritables héros du rock yankee ! Iconoclastes, cheveux longs ou rasés, bandanas, barbes naissantes ou poil dru, ces types s’inventent à l’ombre du dictionnaire du rock. Hippie punk moderne, Akron Family s’en va bouleverser son monde. Musique expérimentale, folk rural, pop psychotique, electro freak, afro-funk, ici, tout est bon pour titiller les sens. Le public ne s’y trompe pas et se laisse emporter dans la transe. Impeccables, les quatre musiciens font valdinguer les genres et signent des morceaux improbables, increvables. Des tubes en or (‘Everyone is Guilty’) qui fracassent les attentes en douceur (‘The Alps & Their Orange Evergreen’), avec fureur (‘MBF’) et attaquent la scène avec une créativité insoupçonnée à l’aune de la décennie. Akron/Family est un grand groupe. Pour nous, les Nuits Botaniques 2009 se sont passées ici, le samedi 16 mai. On s’en souviendra : c’était beau, frontal et moderne. C’était court aussi, trop court.
Do You Speak Martien ?
Après une telle tempête, difficile de se relever. Venus d’Ottawa, au Canada, les six musiciens de The Acorn proposent un rock tendu sur un fil émotionnel sensible. La formule repose sur deux batteries. Les gars affichent une bonne humeur communicative et mouillent le maillot. C’est bien fait mais pas mémorable. Ce qu’on retiendra surtout de ce concert, c’est cette question, posée par le chanteur : « Quelle langue parlez-vous en Belgique ? » Dans la foule compacte, les gens se regardent comme des grenouilles après la pluie. Silence. Incompréhension sur scène. En Belgique, la parole est donnée aux autres. Pourtant, le leader du groupe aura tout essayé : français, espagnol, allemand pour, finalement, reprendre en anglais. Bon concert mais, dans le style, on préférera quand même Death Cab for Cutie ou Band Of Horses.
L’apothéose de la soirée était entre les mains de Tonny Dekker et de ses Great Lake Swimmers. Après le feu d’artifice Akron/Family, la tâche était lourde pour les Canadiens. De sa voix de velours, Tonny Dekker allait pourtant réussir à étirer la Nuit, à l’amener sous les étoiles. Là où s’arrêtent souvent les jolies chansons du dernier album (‘Lost Channels’) de sa formation. Touchant, l’artiste évoque des anecdotes, explique l’origine architecturale d’un titre et entonne des hymnes de poche à fredonner à la lueur des bougies. ‘Palmistry’, ‘Everything is moving so fast’, ‘Pulling on a line’, ‘Still’ illuminent les derniers instants du festival. Dehors, la Nuit est tombée.
Nicolas Alsteen
http://www.myspace.com/akronfamily
http://www.myspace.com/theacorn
phil
17 mai 2009 à 16 h 40 min
Bien vu pour akron/family. Mais je ne partage pas votre avis quant à la réaction du public, très timide, sans doute bousculé par tant de créativité et d’énergie. Certes, Il n’était certainement pas présent pour ces joyeux allumés. Ah oui, au fait, le groupe est un trio.