Vive la Ferme, l’âne et la Jaguar

Il y a intérêt à avoir un bon GPS pour trouver la ferme des Mommens-Pynoo, à Zulte, près de Gand. A la frontière entre les Flandre-Occidentale et Orientale. Et surtout rester patient et laisser passer tracteurs et cyclistes sur la petite route à une voie qui vous emmène dans ce refuge rural.

Une fois qu’Els, dans une robe très estivale, vous ouvre la grille d’entrée, c’est le soleil qui s’invite au paradis. L’âne vous regarde garer à côté de la vieille Jaguar noire de Danny. Le boxer Joske et le zinneke Franske vous font la fête et on ne parle pas des 25 poules, 5 cygnes, 3 chats, 2 chevaux, 3 poneys, 5 oies, 2 poissons, des oiseaux (en cage ou non) et du cochon Mimi qui peuplent cette belle ferme en activité. Une arche de Noé d’autant plus rock’n’roll qu’elle batifole parmi autant d’objets hétéroclites trouvés au marché. Sans parler des voitures de Danny, son autre passion.

« Cela fait six ans qu’on vit ici, nous raconte Els après nous avoir servi à boire sur la terrasse ombragée. A Gand, on avait déjà un petit poney et des chats, mais on manquait de place. Quand Danny était petit, il avait des chiens, des chats, des poneys et même un singe. Là, maintenant, ça suffit car ça me prend une heure et demie, matin et soir, pour m’occuper des animaux. Quand on est en tournée, la sœur de Danny ou ma maman viennent s’installer ici. »

En discutant avec Els, nous voyons Danny vider sa bière et partir avec sa vieille 2 CV bringuebalante, un paquet sous le bras : « Il va à la poste déposer une chemise. Il est designer maintenant. Il dessine des chemises noires avant de passer aux pantalons en cuir. »

Et avec tout ça, le couple trouve encore le temps de faire de la musique, de l’enregistrer à la maison (avec, dans le coin, un vieux piano à queue Pleyel, excusez du peu !) et de partir en tournée. En Europe, comme aux défilés de mode de Milan ou Paris, comme à Rio de Janeiro ou Moscou.

Leur chanson française électro plaît davantage hors de nos frontières finalement : « Oui, c’est pour ça que notre sixième album s’intitule Disque d’or. On n’en a jamais eu. Donc, voilà. Maintenant on a un Disque d’or. Notre ami Karl Lagerfeld, cela fait un petit temps qu’on ne l’a pas vu. J’aime quand il me passe des vêtements. Il habite à New York et nous envoie de temps en temps des cartes postales. Il reste un fan de Vive la Fête. Comme Christophe que je regrette de n’avoir pas vu au Cirque royal. Mais on jouait ce soir-là. »

On vous a dit que ce nouvel album est le premier à paraître sur le propre label dont le nom est Firme de Disque ? Sur ce CD, on retrouve pour la première fois deux chansons signées – en français ! – par An Pierlé.

« Oui, c’est l’idée de Danny, après l’avoir entendue en France chanter du Rita Mitsouko. Moi, je n’étais pas chaude et je me demandais sérieusement ce qu’elle venait faire sur mes plates-bandes.

C’est toujours moi qui écris les textes. D’ailleurs, je ne comprends pas très bien ce qu’elle veut dire par “Baiser canon”. Mais elle est adorable et fait très bien à manger. »

Elle est comme ça, Els. Elle dit ce qu’elle pense. Danny aussi, ceci dit. Ce qui explique la chanson « Everybody hates me » qu’il chante lui-même (« everybody hates me because I’m a rocker, let’s get high tonight »). « En Flandre, les radios et les télés ont un peu peur de lui car il dit ce qu’il pense. S’il s’en fout, il le dit. »

Els est plus diplomatique, elle rayonne comme le soleil à côté du sombre Danny, toujours habillé en noir, planqué derrière ses lunettes forcément noires. Elle est le jour, il est la nuit : « C’est pour ça qu’on va déménager notre studio dans la grange car la nuit, il m’empêche de dormir. Moi, je dois m’occuper des animaux et de la ferme la journée. »

Els a malgré tout le temps de lire Apollinaire (et de le réciter dans « Petit colibri ») avant d’aborder des sujets moins joyeux que d’habitude : « Mon père est décédé il y a six mois pendant l’enregistrement. C’était superdur de continuer, mais Danny m’a beaucoup aidée. Travailler a servi de thérapie. Je n’avais pas la tête à faire la fête. C’est pour ça que le disque est très différent des précédents. »

Il est en tout cas plus varié, avec des titres très électro et d’autres relevant davantage du slow des années 60 (« Mira ») : « J’aime beaucoup les années 60, Serge Gainsbourg et Jacques Dutronc. Je suis même allée voir Johnny Halliday à Forest, pour la première fois. J’adore les clichés. »

Si Els aime les oiseaux parce qu’ils ne chantent jamais faux, Danny est aussi un sacré bricoleur. Il vient de construire une passerelle et de quoi installer deux fauteuils dans les arbres, histoire de fumer et boire à son aise, au-dessus de l’auge à Mimi. La vie à la ferme, « il n’y a qu’ça d’vrai » !

Vive la Fête sera en concert à Dour le 17 juillet et en tournée à la rentrée. Album Disque d’or (PiaS). www.vivelafete.be

Els Pynoo et Danny Mommens passent de leur ferme, à Zulte, aux dancefloors du monde entier.

Leur sixième album s’intitule « Disque d’or » pour être sûr d’en avoir un.

Leur succès n’a plus de frontières.

COLJON,THIERRY


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1 commentaire

  1. zaza

    8 juin 2009 à 13 h 06 min

    Un chien, un chat, deux canaris et une chèvre.

    (c) Snuls

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