Urbain et féminin

dans-ta-ruelle.jpgLa chose est suffisamment rare que pour être soulignée : il est non seulement possible de croiser quelques filles sur la scène rap ou urbaine made in Belgique, mais en plus, elles viennent de se faire compiler sur un album très recommandable. Issu de la série « Dans Ta Rue », et pour l’occasion intitulée « Dans Ta RuElle ».

D’accord, le livret est un peu chiche. Quelques mots de bio sur ces demoiselles n’auraient pas fait tache, d’autant que certaines sont moins connues que d’autres. L’intro est cela dit on ne peut plus claire : « Ce CD a pour but de montrer qu’il y a une réelle scène féminine urbaine, qui fait sa place dans un mouvement hip hop très masculin à la base. Nous soulignons que ce CD est une première en Belgique, en espérant en motiver d’autres (artistes, organisateurs ou producteurs) à agir. »

Fin 2007, à l’occasion du Battle MC organisé par la Zulu Nation, les filles du rap avaient déjà eu droit à un petit coup de projecteur. Histoire de découvrir, notamment, Mari’M et son travail entre énergie et mélancolie. « Séparer filles et garçons en deux clans est inutile, nous disait à l’époque la Namuroise issue du collectif 5000 Zoo, dans le sens où il n’y a pas de grande différence. Nous faisons à peu près la même chose. » La preuve par les deux titres qu’elle place sur la compile, « Du plomb dans le cœur » et « L’écho de nos voix » (en featuring avec Sismik, ancienne danseuse reconvertie au rap et à la poésie).

Ce ne serait donc pas exactement le fait d’évoluer dans un milieu réputé macho qui imposerait à nos rappeuses d’être plus bruyantes pour avoir le droit à la parole. « C’est comme ailleurs, dixit Mari’M, une fille qui se retrouve dans un monde où il y a beaucoup de garçons a un peu plus de mal à s’imposer. Mais je pense que c’est surtout dû au fait que nous ne sommes pas nombreuses. Plus nous serons, moins il y aura ce problème. Problème qui n’en est d’ailleurs pas vraiment un parce que je ne ressens pas de difficulté à être une fille. »

On ne s’étonnera donc pas d’entendre évoquer sur ce disque des thèmes familiers, peut-être juste traités avec une autre sensibilité. Parmi les adeptes de la déclaration d’intention au parfum hardcore ou du constat social pas rose, on retrouve Saï et son « Bienvenue dans mon monde » (« Entourée de poufs et de sales gamins, qui rêvent de se faire mon cul ou mon sac à main »). Idem pour Sismik avec « Cartes sur table », ou cet agressif « Trop bonne pour être vierge » de Nina. Plus loin, K Price brosse le portrait d’une prostituée (« Clair 2 lune ») et Léo y glisse sa touche latino (« Suenos »). De quoi équilibrer le contingent des romantiques aux accents parfois r’n’b ou afro, comme Rène K qui se demande si l’argent fait le bonheur et assure qu’elle chantera toujours l’espoir, comme Bob Marley (« Chacun peut y arriver »). « Parfois » (de Stefy Rika qu’on a déjà pu voir aux côtés d’Akro) et « J’ai pas voulu » (d’Ekila) oeuvrent sur le même ton. Au final : un panorama varié, et un disque impeccablement produit.

Didier Stiers

– « Dans Ta RuElle » (Same Same Productions)

– Mari’M se produira le 7 août à Ostende, dans le cadre de Theater aan Zee.


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1 commentaire

  1. sylvialamiss

    12 juin 2009 à 12 h 51 min

    Je vous encourage tous et toutes à faire le pas et acheter cette compil qui relève vraiment les talents de la scène urbaine ( féminine cette fois) belge.

    Dispo @ same same studio

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