Bienvenue en terre Groundation

groundation.jpgSi vous ne connaissez pas encore cette formation américaine aux allures de big band (neuf personnes sur scène), sachez, d’entrée de jeu, qu’il s’agit du meilleur groupe de reggae actuel et d’un des meilleurs groupes de scène, toutes catégories confondues. Groundation (alors qu’à l’exception des deux choristes jamaïcaines, le reste du groupe est blanc) s’inscrit dans une tradition de reggae bien roots des Bob Marley, Burning Spear, The Congos ou Israel Vibration.

Il suffit d’écouter un de leurs six albums – foncez sur le petit dernier Here I am, c’est d’une beauté ! – pour se laisser séduire par les vibrations chaudes, rondes, chaloupées et cuivrées du groupe formé en 1998 par Harrison Stafford (chant et guitare), Marcus Urani (claviers) et Ryan Newman (basse). Ce sont ces trois musiciens et étudiants en jazz rencontrés à l’université de Sonoma (Californie) qui constituent l’ossature ou le noyau dur, c’est selon, de Groundation.

La force de ces adeptes de la culture et de la philosophie rasta (Harrison vient d’ailleurs d’achever en Jamaïque un documentaire sur l’histoire du rastafarisme), c’est évidemment un répertoire en béton qui évolue d’album en album.

« L’évolution permanente est le moteur du groupe », raconte Harrison Stafford, rencontré avec Marcus Urani dans les loges du Melkweg d’Amsterdam, le 16 juin dernier, quelques heures avant le premier concert de la nouvelle tournée. « Je pense que Here I Am est notre meilleur disque. Tant au niveau de la production, du concept, des textes, des arrangements et du son. Nous savons qu’il est bon mais nous savons aussi que le prochain devra être supérieur. Notre album We Free Again (2004) était très important musicalement. C’est aussi avec ce disque que nous sommes venus pour la première fois en Europe et les gens l’ont aimé. De toute façon chaque disque reste important parce qu’il nous permet de continuer à grandir. »

Comme dans la musique de ses illustres aînés (Marley, en tête), on trouve chez celle de Groundation, le feu sacré. Une flamme habite un répertoire inspiré et original qui véhicule paix et aussi frustration. « Nous sommes évidemment frustrés face au système. Ce qui nous oblige à nous surpasser et à trouver sans cesse de nouveaux territoires. Derrière une musique plus douce, se cache un texte engagé. C’est clair qu’à ce niveau-là, nous ne nous interdisons rien et nous continuons à être critiques. Nous ne courons pas spécialement derrière un hit de 4 minutes calibré pour la radio. Ce qui n’empêche pas Groundation d’avoir aussi ses contradictions. Certains écoutent nos textes attentivement, d’autres sont plus sensibles à la musique et nous, nous continuons à répéter que le monde a besoin d’une meilleure énergie et de vibrations positives de la part des citoyens de ce monde. Nous aspirons à vivre en paix. »

Sur la scène de la petite salle du Melkweg (une espèce d’Orangerie du Botanique), terrain de jeu où Groundation excelle, et pour une première date, le groupe s’est montré une fois de plus excellent. Bien sûr, c’est un premier concert, mais les musiciens se connaissent tellement bien que la machine s’emballe vite. Et puis, comme le trio fondateur a une grammaire jazz, Groundation s’embarque dans des impros jazzy soufflantes qui emmènent ensuite les compositions originales (les nouveaux morceaux pètent le feu) dans d’autres directions.

Il y a du Radio Bemba Sound System et du Marley dans Groundation. D’ailleurs, en apothéose d’un concert en tout en crescendo, le groupe s’est fendu d’une reprise à tomber d’« Exodus », en y incluant s’il vous plaît le classique « You don’t love me (no no no) » laissant le public extatique. Vous voilà prévenus… Au festival de se réjouir de proposer un feu d’artifice final de premier choix !

En concert le dimanche 28 à 23 h 45, au Titan.

Album Here I Am (Naïve/Pias).

PHILIPPE MANCHE


commenter par facebook

1 commentaire

  1. claesfabrice@gmail.com

    26 juin 2009 à 14 h 15 min

    Groundation n’est pas un des meilleurs groupes de reggae au monde. C’est LE meilleur groupe de reggae au monde. Quelle énergie, quel punch, quelle générosité avec le public ! Clairement à recommander !

répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *