Le groupe britannique, en tournée en Angleterre, fait revivre la puissance de feu de la Britpop. Concentrés, déchaînés, Damon Albarn, Graham Coxon et les autres ont multiplié les hymnes vendredi soir à Manchester. Une leçon. Avec, en prime, un hommage décalé à Michaël Jackson.
Midlife. Tel est le mot de code de la tournée qu’effectue actuellement Blur en Grande-Bretagne. Une série de concerts que l’on n‘espérait plus: ce groupe culte de la Britpop au milieu des années 1990, grand rival d’Oasis, s’est reformé au début de l’année grâce à l’amitié retrouvée de ses deux figures de proue, l’homme-orchestre Damon Albarn et le guitariste torturé Graham Coxon.
Midlife, le milieu de la vie. Pas de nouvel album pour Blur cette année, seul un double “best of” rappelle les pages héroïques de sa carrière. Mais la presse britannique n’en juge pas moins que cette renaissance est la plus importante de l’année – qui n’en manque pas, des Eagles à Fleetwood Mac en passant par Aha… La surpuissance des prestations de Blur, qui tourne en Angleterre depuis le 21 juin, ne peut que donner raison à ses commentaires positifs.
Manchester Evening News Arena, vendredi soir. La salle, qui porte le nom du quotidien gratuit de cette ville phare du nord anglais, est comble. La double mise en bouche de grande qualité – Florence & the Machine, suivis des Klaxons – donne le ton avec des percussions surpuissantes et des boucles synthétiques obsédantes. Non, la Britpop n’est pas morte, il en reste bien quelque chose à entendre ces enfants d’une filiation britannique décidément passionnante.
Cela tape fort? Cela tombe bien, telle est aussi la volonté affichée aussi par les membres de Blur du haut de leur quarantaine. Damon Albarn multiplie les projets que l’on sait, de Gorillaz à Monkey en pass ant par un supergroupe avec le bassiste des Clash. Graham Coxon poursuit une carrière solo. Le bassiste Alex James est devenu auteur et présentateur télé. Le batteur Dave Rowntree milite pour la gauche politique à Londres. Mais là, ensemble, ils se retrouvent et la magie réopère. Avec une quantité impressionnante de chansons devenues des hymnes pour une génération. Scandées, martelées, exprimées comme si ntre survie en dépendait.
Le set débute avec “She’s so high”, l’un des premiers singles du groupe, suivi d’un “Girls & Boys” sautillant à souhait. Blur ira puiser deux heures durant la verve de ses retrouvailles dans l’énergie de ses débuts. Pour, à la vitesse d’une fusée, conquérir une foule devenant rapidement dans l’Arena une vague bougeant à l’unisson. “Beetlebum” et ses doubles guitares tranchées ouvre la voie, “Coffee & TV” prolonge avant que le gospelin “Tender” ne mette tout le monde d’accord.
C’est le moment que Damon Albarn, très appliqué et plein de fougue tout au long de la soirée, choisi pour un double message “not easy”. Oui, le groupe est “so sad” de la disparition de Michaël Jackson. Mais il dénonce en même temps les sources du mal, cette vie de star à la pression maximale et ces tabloïds qui déversent les rumeurs incendiaires sans se soucier des conséquences. Une introduction ancrée pour un tube ravageur, “In the country”. Cette chanson avait damné le pion à Oasis en pleine guerre Britpop. Elle conte surtout l’histoire d’un producteur de musique reclus dans un château dans la campagne où il se repose de ses excès passés à coup de Prozac. Là, elle fait décoller l’audience.
La frénésie blurienne est en vitesse de croisière avec “Chemical world”, “End of the century” et surtout un hallucinant “Parklife” en présence de Phil Daniel (le Jimmy de Quadrophenia est vocaliste sur le morceau). Pour atterrir une première fois avec “To the end” et le traditionnel “This is a low” qui clôture les morceaux de Blur.
Il reste encore deux rappels pour quelques instants de magie. Le premier fait l’effet d’une fusion nucléaire avec notamment les post-punk “Popscene” et “Song 2”. Le deuxième est plus apaisant pour pour une dernière promenade en compagnie de “For Tomorrow” et l’hymne final, décisif, majeur de cette globalisation trop souvent inhumaine: “The Universal”.
Un Blur soudé, mais appliqué, surtout. Peu démonstratif de l’amitié retrouvée: seul un échange guitare contre guitare d’Albarn et de Coxon en témoignante. Mais énergique à souhait avec courses à pieds, solos de guitare sur le dos et autre stage diving d’un Albarn heureux d’être là. Les voilà prêts, à coup sûr, pour un double triomphe londonien la semaine prochaine dans leur jardin de Hyde Park.
Non, la Britpop n’est pas morte. Elle rayonne encore sur l’esprit britannique actuel et Blur en est son émissaire. Tiens, et ce n’est pas un hasard: le groupe réapparaît en pleine période de crise comme pour s’inquiéter de l’effondrement du Blairisme comme il critiquait l’ère thatchérienne dans les années 1990. L’air du temps…
OLIVIER MOUTON, à Manchester
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ffran
27 juin 2009 à 18 h 26 min
“in the country” j’ai du mal à croire que quelqu’un qui connait bien Blur peut écrire un truc pareil
>”Country House”