Henry Rollins, le Terminator du hardcore, seul au micro

Photo Dominique DuchesnesA priori, on se demande ce que celui qui se présente comme un “punk rockeur tatoué” fabrique à l’affiche du festival alors qu’il est le seul artiste à se produire en “spoken word”. L’exercice convient pourtant à merveille à l’ex-figure de proue des séminaux Black Flag. Exercice qu’il affectionne depuis plus de vingt ans.
Le Marquee, qui abritait le “stand up” d’Henry Rollins était bien rempli malgré l’exigence de la performance. Très à l’aise et seul, on le répète, au micro, l’artiste de 48 ans raconte sa soirée le jour où Barack Obama est élu président. Un concert des Bad Brains, son groupe favori, à Washington D.C., avec Ian MacKaye, le chanteur de Fugazi. Une rencontre dans les loges avec le chanteur H.R. qui se balade avec un gilet pare-balles de 10 kilos et un concert de 45 minutes pendant lequel le dreadlocké ne chantera que deux minutes.

Retour chez les MacKaye et là, tout aussi balèze est-il, Rollins avoue avoir oublié de respirer à l’annonce de la victoire du black président et senti les larmes couler sur son visage. Rollins adore parlé et ses histoires, souvent truculentes, ne manquent pas de sel. Ainsi, il explique une histoire incroyable qui lui est arrivée lorsqu’il était en Australie.

A bord d’un avion en compagnie des White Stripes, des Stooges et des Beast of Bourbon, Rollins, comme il le racontera plus tard, bouquine le dernier best-seller d’un journaliste du Wall Street Journal: “Jihad”. Deux jours plus tard, il reçoit un e-mail de la sécurité nationale australienne qui lui demande de prendre contact avec lui. En fait, quelqu’un qui était à bord de l’avion et vu notre malabar se plonger dans “Jihad” l’a balancé comme suspect aux agents de la sécurité. Bien remonté, Rollins a envoyé un mail salé en envoyant balader le premier ministre australien. Le lendemain, l’affaire faisait la une de tous les journaux.

Fin et drôle, le chanteur du Rollins Band raconte ses fréquentes rencontres avec des agents de la sécurité dans les aéroports internationaux, Motif de ses fouilles? Un passeport avec des cachets en provenance du Pakistan, du Liban, de la Syrie ou de l’Iran. Supect, donc. Et Rollins d’expliquer un peu lubriquement comment un immense Black s’est fait un plaisir de le fouiller. Plus prosaïquement, on pourrait juste écrire que derrière ces expériences vécues et son intérêt pour la politique nationale et internationale, Henry Rollins dresse une carte postale juste, marrante, sévère et pertinente de son “formidable pays qu’on appelle l’Amérique“.

PHILIPPE MANCHE

 HENRY ROLLINS SPOKEN WORDS

 HENRY ROLLINS SPOKEN WORDS


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1 commentaire

  1. Hoegarden Rosé

    3 juillet 2009 à 16 h 54 min

    Sublime. Vivement l’interview

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