Nous avons découvert Béatrice au Printemps de Bourges, avant les Nuits Botanique de cette année. Son single « Comme des enfants » a cartonné en radio. Pendant que les télés s’en donnaient à cœur joie pour la filmer, belle comme un soleil.
Tout a commencé aux Francofolies de Montréal 2008. Un journaliste des Inrocks la voit en première partie de Benjamin Biolay et craque à tel point que Barclay, en France, la signe sur-le-champ. Au Québec, son premier CD sort en septembre dernier. « J’avais mis des chansons sur mon MySpace. C’est comme ça que le patron de ma firme, au Québec, m’a découverte », nous a raconté Béatrice.
La petite n’a alors que 18 ans mais a déjà bien vécu à en croire ses tatouages et les photos d’elle nue qui circule sur le Net : « Mes premières chansons datent de mars 2007. Je sortais d’une relation difficile et la chanson a été le seul moyen que j’ai trouvé pour extérioriser tout ça. Un peu par hasard. Certains ont un blog, moi j’écris des chansons. J’étudiais les arts graphiques. Je compte toujours faire carrière là-dedans en poursuivant mes études. Je tiens à aller à l’université. Je n’ai jamais vu la musique comme un métier. »
La mère de Béatrice, pianiste classique, la met devant un piano à l’âge de 4 ans, avant le Conservatoire de 9 à 14 ans : « C’était une corvée. Je n’ai jamais pensé que ça me servirait un jour. Ça a été lourd à porter durant toutes ces années. Maintenant, je le vis bien. »
Mais d’où vient alors cette voix d’oiseau blessé, ces tatouages, ces photos ? « Je ne fume pas, j’ai appris à chanter toute seule. En écoutant Joni Mitchell, Al Green, tout Motown… Je voulais chanter comme ces gens-là. Je me suis améliorée en live. Je n’ai pas vécu dans la rue, je n’ai pas pris de drogue. Les Inrocks ont romancé le truc. Mon adolescence n’était pas si difficile. Je viens d’un milieu très privilégié et mes parents m’ont mise dans les meilleures écoles. Le truc, c’est que je vivais très seule, très fermée sur moi. Et j’ai été avec des mecs qui étaient des salauds. J’ai du vécu, mais pas une adolescence si difficile. J’ai été avec des gens qui m’ont fait du mal, m’ont trahie, comme j’en parle dans mes chansons. Les photos, je les assume, mais je n’ai pas envie d’en parler. Les tatouages, j’aime le concept et la douleur ne me fait pas peur. Il n’y a pas de signification particulière. Je trouve ça très joli. Mes parents n’étaient pas d’accord. A 16 ans, quand j’ai commencé, ils ne le savaient pas, je les cachais. Je ne le regrette pas car ça m’a rendue heureuse mais je ne conseille pas de le faire si jeune. »
Julien Doré et Doris Day
On ne peut manquer de voir son cœur de pirate, sur le bras gauche : « Il date de mes 18 ans. Ma première chanson était en anglais, c’était “Her pirate’s heart”. Cœur de Pirate représente un projet, un thème qui risque de mourir un jour. Je pourrai alors retrouver mon nom. »
Sur la version française de son disque se trouve un duo avec Julien Doré (« Pour un infidèle ») alors que sur scène, elle reprend « Les bords de mer » : « Il s’est fait connaître au Québec via le blog de Perez Hilton qui avait posté le clip « Les limites » que j’ai trouvé génial. Du coup, j’ai commandé son disque en import. Je suis fan. Mon label l’a contacté et il a accepté. Il est cool. Je pensais qu’il allait détester ma chanson. Mon rêve ? Un duo avec Francis Cabrel que je chantais à l’âge de 4 ans. Je n’ai pas une culture très rock à la base. J’ai grandi avec le folk. Mes parents écoutaient Ferrat, Aznavour, Brel, Ferré… Ma mère est fan de Doris Day et mon père chantait Dean Martin à fond. Je suis aussi fan de Genesis. »
Avant de se faire connaître, Béatrice était claviériste du groupe Bonjour Brumaire, qu’elle a planté là : « J’ai une personnalité très forte. j’aime avoir le contrôle. Je ne suis rock’n’roll que dans l’attitude, et encore… Je ne sors pas. Je fais que dalle dans la vie, sinon travailler. Je suis très ennuyeuse et raisonnable. Je me concentre là-dessus sans penser au succès. Même si je crois parfois que je ne le mérite pas, je trouve que c’est génial ce qui m’arrive. »
Cœur de Pirate aux Ardentes
ce dimanche 12, tout comme Julien Doré.
Album (Barclay-Universal).
THIERRY COLJON