Sliimy ne laisse pas indifférent. Il a, ce printemps, bénéficié d’un buzz né de sa reprise de « Womanizer » de Britney Spears (qui le remercie en le conviant à son concert parisien !), d’un album disco-pop bien ficelé avec un tube comme « Wake up », mais surtout d’une personnalité hors du commun.
Si, physiquement et musicalement, on pense à Mika, de le voir tout timide sur ses premiers plateaux télé, on pense plutôt à Prince… qu’il n’a jamais vu sur scène : « Toutes ces comparaisons me flattent plus qu’autre chose, nous a-t-il raconté. Même si moi je parle davantage d’une grande famille dans laquelle j’inclurais Elton John, Boy George, Freddie Mercury, Lily Allen, Kate Nash, Sia… »
Sliimy, 20 ans, d’origine maroco-algérienne, est un de ces nouveaux enfants de la génération MySpace même si tout n’est pas aussi simple, le plus important étant sa rencontre, lors d’un concours local, avec Feed, musicien avec qui il a fait tout son album, Paint your face : « A 17 ans, j’étais encore au lycée et j’alimentais mon MySpace avec des vidéos, des dessins, de la musique… C’était une façon de sortir de mon monde. J’étais très refermé sur moi. Le bouche à oreille a commencé à bien fonctionner puis, en juin 2008, j’ai eu l’opportunité, avec Feed, de donner des concerts à Paris, dans de petits bars. Quelqu’un de Warner nous a entendus et nous a proposé plus tard un contrat. »
Sliimy (pseudo qu’il s’est trouvé en ajoutant un i à Slimy, mince, son surnom d’ado) n’est pas né de la dernière pluie (il a chanté dans des chorales) même si Warner a flairé l’utilisation marketing de ce nouveau produit très coloré : « Warner n’a fait que mettre en avant ce qui existait déjà. C’est tout moi, en fait. Tout est bricolé avec deux sous. Ça me fait rire quand on dit que je suis un produit marketing. Dès qu’un artiste propose quelque chose de graphique, de travaillé, ça devient péjoratif. C’est pareil pour Lady Gaga. Mais tout vient de nous, comme Bowie qui a toujours bien géré son image. Il suffit de visiter ma page MySpace pour se rendre compte que tout vient de moi. J’ai passé mon bac littéraire option art plastique et photo. Il faut surtout que ce soit sincère. Les clips sont petit budget. J’aime ce que fait Feist par exemple. »
Une enfance volée
L’intérêt de Sliimy est également ailleurs : dans ses textes qui parlent de lui : de sa mère qui s’est suicidée quand il avait 7 ans (« Mum ») ou de sa différence sexuelle qu’il a mis du temps à assumer (« Magic game »). Sliimy chante sa génération (« Our generation »), celle d’ados nourris à l’ordinateur et au GSM : « Je ne tiens pas à devenir un porte-parole, mais simplement à dédramatiser les choses dures de la vie. J’ai voulu recréer cette enfance que je n’ai pas eue, car j’ai vécu des choses pas faciles. Il fallait que je me libère de mes noirs démons. J’ai lâché les chevaux. » Et sur scène, où nous l’avons vu au Printemps de Bourges, une fois passé la surprise d’entendre les boucles du disque, on ne peut qu’être impressionné par sa voix soul sur les titres joués en duo acoustique, avec Feed : « J’adore le côté synthé et visuel des années 80. Mais j’aime beaucoup aussi James Brown et le son Motown. Sans doute que j’y arriverai. Je laisse faire le temps. Ma vie m’inspire. Je ne me force pas. Je sais ce que je vaux. J’ai aussi un côté sérieux et réservé. »
Sliimy sera ce vendredi 10 aux Ardentes.
Album Paint your face (Warner).
THIERRY COLJON