Sfinks : le tour du monde en trois jours

Un coin de campagne anversoise où l’on résiste à la grosse industrie musicale ? Essayez le Sfinks, à Boechout, près d’Anvers !

Il fut un temps où les rendez-vous estivaux consacrés au folk et aux musiques du monde passaient pour de drôles d’endroits. Rétros, hippies, passéistes, les adjectifs n’ont jamais manqué pour les qualifier. Avec les années, c’est pourtant à eux qu’est revenu le dernier mot.

Couleur Café et Esperanzah font chaque saison le plein tandis qu’à Hotton, le LaSemo vient de vivre sa deuxième édition de « festival durable » en rassemblant 12.000 personnes en trois jours… Et ce, pendant les Ardentes ! Côté voisins du nord, Dranouter est devenu un rendez-vous incontournable dans ce coin de Flandre Occidentale (CoCoRosie, Travis, Orishas, Joshua et autres Konono Nº1 y jouent cette année). Quant au Sfinks, il a dépassé le cap de la trentaine et s’affiche aujourd’hui encore comme le plus spécifique dans le genre « world ».

Là-bas, pas de stars, c’est la règle adoptée depuis un bail et toujours de rigueur. Pas de stars, ou alors un strict minimum de noms susceptibles de rassembler la toute grande foule. Comme Khaled en 2008, Alpha Blondy en 2007 ou Salif Keita en 2006. Le Sfinks a en fait d’autres atouts, et non des moindres.

« Geen Sfinks zonder kidz »

Primo, c’est un de ces festivals qui a su trouver l’équilibre entre la taille et l’envie de conserver un visage humain. Une constante depuis les premiers pas (très folk) en 1976. Organisé dans la verdure sur le Molenveld à Boechout, agrémenté d’un camping proche, de son habituel marché et d’une restauration orientée cuisines du monde, les animations y sont de mise et il se veut convivial au point de participer à un programme d’accueil des personnes à mobilité réduite. Quant aux parents qui connaissent les lieux, ils sont du genre à revenir : « Geen Sfinks zonder kidz » proclament d’ailleurs les organisateurs.

Les « kidz », justement… Les moins de 14 ans entrent gratuitement. Les gosses démunis de gsm (!) se voient dotés d’un bracelet renseignant le numéro de celui de leurs accompagnants. Et puis, on leur propose un programme adapté, fait de contes, d’ateliers et d’une scène spécifique. Cette année, le samedi et le dimanche en début d’après-midi, ils pourront notamment s’extasier face aux freezes et autres coupoles de Team Shmetta, un crew de breakdance issu du nord du pays. Et pas n’importe quel crew ! Ces types-là sont des habitués du genre : on les retrouve chaque année lors des présélections « Benelux » pour le Battle Of The Year, la compétition de danse hip-hop organisée en Allemagne. Entre parenthèses, en mai dernier, ils ont décroché le « best show » et gagné la finale de ces mêmes présélections ; on verra en octobre ce dont ils sont capables au niveau international.

Le festival anversois a été réintitulé « Sfinks Mixed, Global Music Festival ». D’où une affiche qui met aussi l’accent sur le cirque et, on vient de le voir, la danse. Mais la musique reste évidemment l’autre point fort de la manifestation. Max Romeo (samedi), Natacha Atlas (dimanche) et Oumou Sangaré (dimanche) en seront, ce week-end. Le premier vit une nouvelle carrière depuis le début des années 2000. A 65 ans, Romeo devrait livrer un concert en forme de best of. Natacha Atlas, elle, connaît le Sfinks pour s’y être déjà produite en compagnie des Londoniens de Transglobal Underground. Nettement moins de titres dansants à son programme cette fois : la chanteuse s’est récemment plongée dans les classiques de la musique arabe des fifties et des sixties. Avec l’ensemble Mazeeka, c’est donc à sa version de Fairouz et d’Oum Kalthoum que nous aurons droit. Quant à Oumou Sangaré, la chanteuse malienne ancienne protégée d’Ali Farka Touré, elle n’est plus une inconnue non plus. Diva tendance engagée, celle qu’on surnomme « le rossignol wassoulou » débarque cette année avec un album tout neuf, Seya.

Ajoutez à ces trois noms quelques dj’s pour faire groover les chapiteaux ainsi qu’une foule de découvertes, et vous tiendrez une partie du succès de la recette concoctée par le Sfinks. Une recette qui a en tout cas permis au festival de conserver ses couleurs. L’an dernier, les organisateurs annonçaient ainsi 30.000 visiteurs en 3 jours, soit 2.000 de plus qu’en 2007. Notez, le prix doit y être pour quelque chose aussi : le ticket d’entrée combiné samedi/dimanche revient à 55 euros. Ça fait un monde de différence…

Sfinks, du 24 au 26 juillet, Molenveld, Oude Steenweg, 2530 Boechout.

Infos pratiques et programme complet : 03/455.69.44 et www.sfinks.be

DIDIER STIERS


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