Flandre, terre de folk

A presque 35 ans, Dranouter compte parmi les plus anciens festivals du pays. On y cultive la tradition, mais dans un mélange de découvertes et de noms confirmés.

Il est un coin perdu de Flandre, pas loin de la France, où l’on cultive encore à juste titre le souvenir douloureux de la Grande Guerre. C’est dans ce même coin de terroir, entre les murs d’un club de la région, que naît le festival de Dranouter. Nous sommes en 1975 ; près de 300 personnes viennent applaudir les huit groupes invités…

Trois décennies plus tard, ce rendez-vous de « folkeux » a pris une ampleur conséquente et s’est ouvert à d’autres genres. On y a ainsi vu défiler des Arno, Patti Smith, Lou Reed, 16 Horsepower et Robert Plant, des Suzanne Vega et des Massilia Sound System. L’appellation a été subtilement revue : il est aujourd’hui question de « New tradition ». Si les tambourins et bagpipes font toujours danser, on ne manque pas de solliciter le savoir-faire des DJ et autres pointures pratiquant l’ouverture musicale. Mariee Sioux, Konono Nº1, Moriarty, les Veils, Orishas, Travis et Cocorosie sont ainsi annoncés cette année, dans un mélange de découvertes, de noms confirmés et d’animations déambulatoires.

Dranouter a aussi toujours fait office de vitrine pour la scène flamande. Certains groupes y ont même vécu une véritable révélation. En 1996 par exemple, ce fut aux trois filles de Laïs de connaître la consécration. Et de susciter l’admiration d’Emmylou Harris. Cela dit, la popularité de la musique folk au nord du pays ne date pas d’hier. « C’est une scène sur laquelle il se passe énormément de choses, commente Jorunn Bauweraerts, l’une des voix des mêmes Laïs. Embrun, le groupe dans lequel joue mon frère Harald, a toujours un agenda chargé. Mais en même temps, c’est un univers à part, qui n’a pas beaucoup de connexions avec d’autres genres musicaux. Les groupes comme le nôtre qui ont eu des opportunités, ou qui les ont saisies, ne sont pas nombreux. C’est bien de cultiver ses racines, mais pouvoir en faire autre chose que juste perpétuer un style est positif aussi. » À Dranouter, les cinq garçons d’Embrun feront danser le public amateur de bal folk depuis la scène du Palace, le vendredi à 18 heures.

Selah, Soetkin & co

Scène flamande ? Les noms s’alignent, sur cette affiche 2009. Comme les K’s Choice, l’inoxydable Rudy Trouvé, les prometteurs Madensuyu, Soetkin Collier (Urban Trad), Sioen, Novastar, l’incontournable et omniprésent Bony King Of Nowhere, Venus In Flames et d’autres encore… On s’en voudrait de ne pas mentionner Selah Sue. Sanne Putseys dans le civil. Avec sa voix de soul woman, elle a été l’une des révélations du récent festival de Dour ; la jeune Louvaniste y a retourné un Dance Hall plein comme un œuf, et pas que de fans. À Dranouter, elle montera une fois de plus toute seule sur les planches, avec sa guitare acoustique et un sens étonnant du raggamuffin (vendredi, 22 h 30). Il y a quelques mois, les comparaisons avec Duffy et autre Amy Winehouse n’ont pas manqué de fleurir. Lorsqu’on le lui rappelle, elle fait la moue : « Les seuls points communs, c’est que nous sommes toutes les trois des filles et que nous travaillons seules. Ma voix est peut-être aussi intense que celle d’Amy Winehouse. Pour le reste… Je n’ai pas leurs disques, je les trouve plus poppy et plus orientées vers quelque chose de commercial. Et puis, c’est un peu dommage qu’on fasse ces comparaisons, ce qui est moins souvent le cas du côté des garçons… »

Une chose est sûre, dans ce bout de Belgique : les festivaliers ne comparent pas, ils viennent juste éprouver leur sens de la fête.

Quand ? Les vendredi 7, samedi 8 et dimanche 9 août.

Où ? A 8951 Dranouter. Accès en train et bus via la gare d’Ypres. En voiture : à partir de Courtrai, emprunter la A19 en direction d’Ypres, sortie 4 (Zonnebeke), suivre les directions Heuvelland, Dikkebus (N375) puis Dranouter.

Combien ? Le prix des tickets reste identique à celui de 2008 : de 45 euros (un jour, en prévente) à 100 euros (tout le week-end, à la caisse).

Plus d’infos ? Au 057.44.69.33 et sur le site www.folkdranouter.be.

DIDIER STIERS


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