Il y a 40 ans, avec Woodstock, New York montrait au monde ce que beaucoup considère être comme l’archétype d’un festival de rock. Depuis, plus rien ou presque pour la région. Et tandis que les Lollapalooza et autres Coachella et Bonnarroo fleurissaient à travers les USA, l’Empire State, lui, ne collectionnait lui que les ratés.
Bonnaroo N.E, Field Day, Vineland, Creamfields, autant d’évènement musicaux qui sonnent aux oreilles des promoteurs comme une liste de soldats mort au combat.
Il s’agissait donc pour les organisateurs d’All Points West, le festival de 3 jours regroupant pas moins de 60 groupes de l’autre coté de la Hudson, de briser la malédiction. L’année dernière, pour son baptême du feu, le festival organisé sur Liberty State Park, un bout de vert offrant des vues imprenable sur Manhattan et la statue de la Liberté avait été un demi-succès: malgré les 75 000 personnes qui avaient répondu présentes, les comptes du festival finissaient dans le rouge.
Sa deuxième édition avait lieu le premier weekend d’aout et offrait au public Jay-Z, The Yeah Yeah Yeah’s et Vampire Weekend pour les têtes d’affiche du vendredi, suivit par Tool, My Bloody Valentine, Gogol Bordello et Neko Case le samedi ; et enfin Coldplay, Echo and the Bunnymen et MGMT en clôture le dimanche. Rajoutez à cela Ra Ra Riot, The National, Mogwai, Black Keys, MSTRKRFT, Crystle Castles, The Ting Tings, The Cool Kids, Akron/Family, Q-Tip, Fleet Foxes, Arctic Monkeys et autres Lykki Li et vous devriez avoir de quoi conjurer le sort.
Malheureusement, les dieux de la météo n’étaient pas de la partie, et excepté la journée du samedi, c’est sous une pluie diluvienne que se déroula la majeure partie du festival. Le Liberty State Park fut rapidement transformé en un énorme champ de boue exhumant des odeurs bien étranges. Une sorte de remake des Ardentes 2008 comme me le feront remarquer les Cool Kids lors de notre séance portrait.
Les Ardentes 2008 oui, mais avec Chris Martin en plus : « Bienvenue à All Points Wet » lança le leader d’un Coldplay taquin au public en ouverture d’un concert de haut vol. Et si le temps était maussade, il en fut tout autre en ce qui concerne les performances musicales, les artistes et un public enthousiaste à souhait. « J’avais peur de me faire électrocuter en montant sur scène, mais maintenant c’est juste fun» lâcha Ezra Koenig , le chanteur de Vampire Weekend alors que son groupe se produisait sous un déluge digne de Glastonbury.
« Fun » cela le fut effectivement, le public n’hésitant pas a se lancer dans des marres de boue alors que Karen-O, la front girl la plus charismatique depuis Gwen Stefani s’en donnait a cœur joie sur scène.
Jay-Z qui faisait quand a lui l’honneur à All Points West de sa première à un festival américain, a montré aux organisateurs qu’ils ne s’étaient pas trompés en venant le chercher pour palier au désistement de dernière minute des Beastie Boys. Accompagné de sa production au grand complet, Jay rendit hommage à MCA et à son groupe absent de la fête pour les raisons malheureuses que l ‘on connait en ouvrant son set avec une féroce reprise de No Sleep ‘Til Brooklyn. « Si vous ne deviez prendre qu’une chose de ce concert, retenez ceci : nous ne pleurons pas la mort ; nous célébrons la vie » lança Jay en ouverture du festival. Un peu comme un clin d’œil a tous les autres festivals qui s’étaient cassé les dents sur l’impitoyable New York avant qu’All Points West ne s’y essaye.
Jay-Z fut entendu pour le reste du weekend et samedi, Gogol Bordello, Arctic Monkeys ainsi que Crystal Castles mirent le feu aux 3 scènes avant que Tool ne fasse descendre l’enfer sur le Liberty State Park devant 30.000 personnes en transe. La bande à Maynard délivra un set intense, jouant sa partition psychédélique de métal progressif à la perfection, bien aidée par des effets visuels rempli de lasers, grimlins et autres créatures bizarres en tout genre. Plus controversé, la performance de My Bloody Valentine divisera la foule.
Entre ceux qui finirent en extase et ceux qui brandirent leur troisième doigt en l’air, le groupe anglais et son « bruit » ne laissa certainement personne indifférent.
En parlant de groupe anglais, il revenait a Coldplay de clôturer All Points West avec un set autant massif – ils ont bien vendu 50 millions d’albums dans le monde après tout – qu’intime. Commençant par « Life in Technicolor », « Violet Hill » et l’énorme « Clocks », Coldplay se rapprocha ensuite du public, connectant personnellement avec chacune des personnes présentes dans la foule. « En tant que 4 Britanniques ayant grandit dans la boue et la pluie » s’amusa t-il « nous tenions a vous saluez d’être venu dans ce que ne peut être que réellement décrit comme étant un Jacuzzi de boue ». Ils rendirent également hommage aux B-Boys en reprenant « Fight For Your Rights (To Party) » mais également a Michael Jackson avec une surprenante version acoustique de «Billie Jean » accompagnées de falsettos Jackson-esque œuvre de Chris Martin.
Ils clôturèrent All Points West deuxième du nom avec une sombre et intense interprétation de leur classique «The Scientist ». Chris Martin promit ensuite à la foule qu’il devrait se passer un long moment avant qu’ils n’entendent reparler de Coldplay.
Ahmed Klink