Mixer du rock, du funk et de la club music, ça a certes déjà été fait. Mais jamais avec l’humour des six Gantois de Disko Drunkards.
Supergroupe flamand, Disko Drunkards réunit François De Meyer (Soapstarter), Ben Brunin (Vive La Fête), Stéphane Misseghers (batteur de dEUS) et Tim Vanhamel (Millionaire), ainsi que Mo & Benoelie alias The Glimmers, deux DJ qui font les beaux jours ou plutôt les belles nuits des boîtes du nord du pays.
Tout a démarré comme un projet entre camarades de jeu, autour d’un « remix » du tube d’Olivia Newton John Physical. Le groupe est désormais sur les scènes des festivals qui comptent. On l’a vu cet été au Pukkelpop, aux 10 Days, à Dour ou encore aux Ardentes. Sous peu, il ira même se produire à Venise… Alors, une « droom team » juste pour rire ou un groupe durable, que ces Disko Drunkards ? En tout cas, leur mélange de funk, de disco et de rock est une menace directe pour les hanches !
« Mo et Benoelie voulaient remixer “Physical” avec une nouvelle basse et une nouvelle batterie, raconte Ben Brunin (NDLR : une demande soumise au départ par une marque de vêtements suédoise). Ce que Stéphane et moi sommes allés faire avec eux. On avait besoin de quelqu’un pour chanter, et j’ai appelé Tim Vanhamel. Le lendemain, c’était dans la boîte. » Pendant que les Glimmers enregistrent les nombreuses réactions emballées suscitées par ce premier titre, c’est tout un album qui est mis en chantier. Un an plus tard, l’album en question a des allures de collector : il s’obtient aux concerts, plutôt que d’être vendu en magasin, voire même comme encart, ce fut le cas récemment, dans un magazine spécialisé… Aujourd’hui, la galette compte 20.000 heureux acquéreurs.
Les Disko Drunkards n’ont donc pas de firme de disques à proprement parler. Le projet n’aurait-il rien de séducteur ? « Avec des noms comme Tim Vanhamel, The Glimmers et Stéphane qui joue dans dEUS, ça pourrait les intéresser, admet Ben, mais notre musique est “difficile”, pour une firme de disques. Heureusement, comme Mo et Benoelie vont partout de par leur boulot de DJ, ils peuvent en même temps faire de la promo. Et si quelqu’un est intéressé, ajoute-t-il en riant, il peut toujours m’appeler. Mais pour l’instant, on fait tout nous-mêmes. »
Mo et François De Meyer expliquent avoir travaillé sur l’élaboration de vrais morceaux. Au sein d’une équipe faite de complémentarités. « L’un est plus doué pour le choix des musiques, un autre est plus à l’aise en studio, un troisième est plus un instrumentiste… Nous vivons ça, comme une bande de potes qui s’amusent, mais en même temps, comme on connaît chacun le talent des autres, on s’est dit que ça valait peut-être le coup de faire quelque chose en dehors de nos activités habituelles. »
À propos du son de cette bande-là, un chroniqueur a écrit qu’il se situait au carrefour de Liquid Liquid et de Black Sabbath. Sur une route parcourue par les uns et les autres avec leur bagage propre. Dans une ville, Gand, trop petite que pour avoir l’impression de vendre son âme au diable quand on est rockeur et qu’on va bosser avec des convertis à la club music. « Comme ça a été enregistré à la maison, ça s’est fait sans stress, dit Ben. En studio, tout coûte cher, il faut se dépêcher et on ne rigole plus. Ici, on a vraiment essayé plein de choses. Après, Mo et Benoelie ont jeté tout ce qui était trop sérieux. Comme avec la batterie par exemple : ils ont constitué des fichiers, découpé les beats, etc. Au début, je me demandais vraiment ce qu’on faisait là ! »
L’album commis par les lascars s’avère plutôt brut de décoffrage. « Naïf et un peu bricolé », dixit Mo. Normal, c’est pour laisser parler les grooves. François De Meyer : « Le concept est basé sur les vieux enregistrements des années 70. Quand il n’y avait pas les productions ProTools et 10.000 plugins, ce que d’ailleurs quasi tout le monde utilise aujourd’hui. » Laissez parler votre corps !
www.myspace.com/diskodrunkards
DIDIER STIERS