Un pied dans le désert, l’autre dans les étoiles… Taillé sur mesure pour être joué en stade, “The resistance” voit Muse titiller l’électronique, la science, la religion et la géostratégie. Gonflé!
Adeptes de la grandiloquence musicale, les trois Brittons enfoncent le clou avec un cinquième album qui rappelle les beaux jours des disques concepts. Après tout, certains s’inspirent bien des années 80… Matthew Bellamy s’est, lui, beaucoup amusé. À le concocter, et à en parler.
Écrire ce nouvel album a-t-il été amusant ? Ou difficile ?
Étrangement, ça été très fun. Et d’une certaine manière plus facile que par le passé. Pour ce disque-ci, nous avons travaillé sans producteur, ce qui veut dire que nous ne devions faire plaisir qu’à nous. Le fait de disposer de notre propre studio nous a aussi offert la liberté et le temps d’explorer des idées inhabituelles, des choses qu’on ne fait pas généralement pas parce que ça prend trop de temps. Dans ce genre de contexte, certains groupes se sentiraient perdus. Cela nous a plutôt poussés à aller de l’avant, à ne pas douter. Bien sûr, nous avons discuté, peut-être même plus qu’auparavant, mais nous avons vite abouti à des solutions. En tout cas, je me souviens d’avoir plus ri en travaillant sur cet album-ci qu’en bossant sur les autres. Et nous avons fait ici certaines choses qui nous ont semblé très amusantes.
Genre ce triptyque symphonique ?
Je me souviens avoir vu le making of d’un film, “The shining”, dans lequel l’équipe expliquait à quel point elle s’était amusée. Je me demandais comment c’était possible, pour un film si effrayant. Peut-être que quand on travaille au quotidien sur quelque chose d’aussi imposant, on ne peut pas rester sérieux. Et que ce n’est qu’au bout du processus qu’on réalise le poids de ce qu’on a fait. Sur “Eurasia”, il y a ce petit truc qui sonne comme Queen. “There can be only one…” Chaque fois que je l’entends, je trouve ça très drôle, seventies au possible. Tout le disque ne provoque évidemment pas le même genre de réaction, ce sont juste des petits éléments.
Jusqu’où aimez-vous ce son des seventies ? Queen ? Le prog rock ?
Ce n’est pas que nous soyons de grands fans. Mais il y a des mécanismes qui sont mis en œuvre dans le travail de composition, et nous essayons de comprendre comment ils nous impliquent. Avec “Eurasia”, nous avons réalisé que nous essayions de donner notre version d’une chanson prog rock des seventies. Enfin, pas prog, mais dans le genre de Queen, mixé avec du Lawrence d’Arabie. C’est en fait combiner deux idées et les pousser à l’extrême. Au final, c’est le seul morceau de ce genre sur l’album. “Undisclosed desire” sonne plus comme une sorte de disco des eighties, électronique… Quand nous produisons un titre, nous choisissons la méthode la plus appropriée, celle qui va nous permettre de maximiser le potentiel et le sens du morceau.
Il y a souvent des allusions scientifiques ou religieuses dans vos titres et vos textes…
Pour moi, les textes sont toujours secondaires. Étant gamin, quand j’écoutais les groupes que j’aimais, j’étais toujours plus touché par l’atmosphère générale de la musique, l’expression, le son de la voix. Les textes n’avaient pas une telle importance. Aujourd’hui, pour moi, le challenge de l’écriture, c’est de faire en sorte que les mots aient quelque chose de commun avec l’atmosphère musicale. J’ai écrit “United States of Eurasia” après avoir lu “The grand chessboard” (NDLR : sous-titré “American primacy and its geostrategic imperatives”, de Zbigniew Brzezinski, conseiller à la sécurité nationale sous Carter). Je ne peux pas dire que j’ai écrit la musique à cause du livre, mais les textes sont certainement influencés par cette lecture.
Didier Stiers, à Amsterdam
“The resistance” (Warner)
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steph
16 septembre 2009 à 23 h 06 min
Merci !!!
steph
18 septembre 2009 à 15 h 18 min
@ pilou qui m’avait fait remarqué que le Mad de la semaine dernière avait consacré une page entière au nouvel album de Muse :
J’ai donc demandé a une amie de me passer le Mad de la semaine derniere et, ô surprise, l’article en question est exactement le même que celui qui a été ajouté un peu plus tard sur ce site. Au fond de la page, il est écrit noir sur blanc “suite de l’interview sur frontstage”… j’attend donc la suite avec impatience !!!
ds
18 septembre 2009 à 16 h 55 min
La suite… suit: sous le texte (mais juste au-dessus du clip), tu peux accéder à trois petites séquences “son”.
pilou
19 septembre 2009 à 9 h 31 min
des lecteurs-internautes à ce point choyés, c’est remarquable… Bravo “le Soir”