Paul Banks s’éclipse d’Interpol

Le chanteur d’Interpol change momentanément de nom. Julian Plenti est né. Brillamment.

entretien

On s’attendait à rencontrer quelqu’un de froid et de distant, à l’image de la présence scénique du chanteur d’Interpol. C’est tout le contraire qui s’est produit lors d’une discussion plutôt chaleureuse de l’ex d’Helena Christensen, Paul Banks… qui s’appelle désormais Julian Plenti, le temps d’un premier album : Julian Plenti is… skyscraper. Un disque envoûtant et séduisant sorti un peu inaperçu cet été (3 étoiles dans le MAD) qui va nous accompagner encore cet automne. Bien qu’un peu cassé par le décalage horaire, Julian gardait la langue bien pendue.

En préparant cet entretien, j’ai été surpris de constater que vous êtes un vrai dingue de hip-hop. C’est plutôt surprenant, non ?

J’en parle depuis longtemps pourtant. Sans doute personne n’y fait-il attention, mais c’est vrai : c’est ce que j’écoute le plus. Laisse-moi te montrer ce que j’ai dans mon I-Pod… à l’exception de quelques merdes qu’écoutait la nièce de mon ex-compagne. Ça me fait plaisir de vous faire partager cela parce qu’on ne me demande jamais ce que j’écoute comme musique. On commence par Air, que j’adore. Antipop Consortium, immense. Beck également. Brian Eno, que je viens d’ajouter parce que quelqu’un m’a dit que mon disque lui rappelait Eno. Personnellement, je ne connaissais que son nom, pas son travail. Aujourd’hui, j’adore. Je comprends aussi pourquoi c’est une des grandes influences de John Frusciante. Ensuite, Deltron, excellent. Quelques Dr Dre, Cool Kids, Fleet Foxes, GZA, Kid Cuddy, Metallica, Miles Davis, plusieurs NAS, Notorious BIG, ODB…

Vous êtes tombé dans le hip-hop avant le rock ?

À l’âge de douze ans, j’habitais en Espagne et j’ai découvert NWA, qui m’a rendu fou. À la même époque, je découvre les Beastie Boys et 2 Live Crew. C’est seulement quelques années plus tard, que j’écoute les Pixies, Nirvana, Jane’s Addiction, Temple of the dog. J’avais des goûts assez stricts. Pour moi, écouter le Wu-Tang Clan ou Jane’s Addiction procure la même énergie. Neil Young et le Crazy Horse, c’est aussi puissant que du Metallica.

Pourquoi finalement n’avoir jamais enregistré de disques de hip-hop ?

Je n’ai jamais voulu, j’aime trop les mélodies et je pense que tu nais hip-hop. Par contre, je m’intéresse énormément à la production. J’aimerais emprunter, par exemple, quelques éléments de RZA et les utiliser dans le rock.

Votre album s’intitule « Julian Plenti est… gratte-ciel ». C’est une métaphore ?

Je peux t’expliquer mais je n’ai pas envie d’en dire trop. Tu as raison : c’est une métaphore, mais c’est aussi quelque chose qui a à voir avec le hip-hop et sa culture.

Skyscraper, c’est mon alter ego. Comme Ghost Face Killah est Iron Man ou Method Man est Maximilien.

Ce disque est étonnamment optimiste. Par opposition à la musique, plus sombre, d’Interpol…

J’en suis le premier surpris. J’ai eu envie d’expérimenter pas mal de choses, pour m’approcher de mon « mur du son » à moi.

J’y ai mis des cuivres. À mes yeux, ce disque s’apparente à une expérience sonique. C’est ce qui est cool, quand tu travailles seul. Tu as une idée et tu l’explores autant que tu veux.

À propos de travailler seul, pourquoi avoir fait passer la consigne aux journalistes de ne pas évoquer Interpol lors des entretiens ?

J’ai insisté là dessus parce que je veux être considéré comme un nouvel artiste et non comme quelqu’un qui évolue dans un groupe. Si tu aimes ce disque, peut-être n’aimes-tu pas Interpol. Et le contraire peut être vrai aussi.

PHILIPPE MANCHE


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2 Comments

  1. plisken

    27 septembre 2009 à 23 h 20 min

    “l’ex d’Helena Christensen”? Qui vous a dit qu’ils sont séparés?

  2. zaza

    28 septembre 2009 à 14 h 34 min

    C’est lequel des trois bonshommes sur la photo Paul Banks ?

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